Une station de service de T-Oi
Une station de service de T-Oil | Photo : @lome

On assiste depuis quelque temps à une privatisation à la hussarde des sociétés d’Etat avec des résultats peu probants. La situation de Togocom avec ses prestations peu satisfaisantes est une illustration. Mais trois ans plus tôt, on a connu un phénomène inverse. La nationalisation de Shell-Togo sous la dénomination Togo Oil Company (T-Oil) début 2017 par une cession totale de l’actif du groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell au profit de l’Etat, est un grand défi successoral pour une gestion prospère et efficiente par les Togolais eux-mêmes. En trois ans, malgré le peu d’enthousiasme suscité par cette reprise au départ, les résultats sont encourageants et révèlent une société en pleine croissance. Des sources bien introduites avancent des chiffres intéressants. A titre d’exemple : la baisse des charges fixes pour 1,650 milliards de FCFA d’économie soit en moyenne -17% par an, l’accroissement du résultat net de 1,576 milliards de FCFA soit +130% par an en moyenne suivi d’une nette amélioration de la trésorerie à plus de 985 millions de FCFA passant de -1,928 milliards de FCFA à -943 millions FCFA. Il est important de préciser que cette performance financière s’est réalisée dans un marché qui évolue en dent de scie soit une croissance moyenne de 2% sur les trois ans avec un pic de 7% en 2018.La part de T-Oil est maintenue en moyenne à 20,77%.

En trois ans, les résultats au profit de l’Etat togolais sont bien parlants et montrent qu’il y a bien des compétences internes à même de mieux faire que les investisseurs étrangers.

La clé de voute d’un tel succès, sans doute, se retrouve dans l’audace, la compétence, le patriotisme et le bon sens de la gouvernance dont fait preuve le Conseil d’Administration constitué des Togolais. Il s’agit d’un challenge bien assumé par les Togolais en succédant royalement au géant pétrolier anglo-néerlandais Shell. Sous le prisme des résultats, les Togolais peuvent être fiers du travail accompli à la tête de T-Oil. Cela doit également décider l’Etat togolais à reconsidérer sa position dans la privatisation des patrimoines du pays. Il importe que le génie togolais soit davantage valorisé étant attendu que le développement économique et social du pays passera aussi par des interventions nationalistes et patriotiques à l’image de T-Oil. La croissance du Togo ne peut être réalisée qu’avec une forte implication des Togolais. L’option T-Oil après analyse des situations, incline à donner les bonnes orientations soit en ouvrant vers le secteur privé togolais soit en responsabilisant l’Etat en tant qu’acteur économique.

C’est également en application de l’esprit de responsabilité des sociétés d’Etat que T-Oil a fortement contribué au fond de riposte contre la Covid-19 à hauteur de 500 millions FCFA montrant ainsi sa solidarité naturelle face à cette pandémie.

Il est certes, évident que la nouvelle gouvernance ne peut prendre en compte toutes les compétences internes et cela peut susciter diverses réactions de part et d’autre. Il est aussi une évidence que des manquements sont enregistrés dans la gestion malgré la belle embellie. Il importe en définitive que le Conseil d’Administration veille davantage au grain pour continuer de déjouer tous les pronostics pessimistes.

Kokou Agbemebio

Source : Le Correcteur