Photo : Fraternité

Lundi, le gouvernement a procédé à une nouvelle hausse des prix du carburant à la pompe. Une énième qui n’est pas sans poser des questions, surtout que le consommateur togolais semble gagné par un fatalisme qui se traduit par son inaction par rapport aux décisions souvent injustifiées des autorités.

Le Togo, comme certains aiment à le dire, est un pays atypique. C’est un pays où le gouvernement se préoccupe peu de la misère ambiante dans laquelle vit sa population. Cette indifférence tranche avec les discours pompeux. Elle semble trouver un terreau fertile en la population qui ne demande pas des comptes et faillit à son devoir de contrôle de l’action publique.

Les Togolais attendent visiblement trop des leaders politiques. Il n’y a pas ce sursaut qui puisse leur permettre de prendre leurs destinées en main en se passant des politiques quand il s’agit de défendre leurs droits. Or le politique est souvent guidé par ses intérêts. Et sur le terrain social, beaucoup de leaders politiques manquent à l’appel et laissent ceux qui les suivent (souvent des couches moins aisées) dans le désarroi. Ils subissent de plein fouet les décisions impopulaires des autorités, comme la hausse du carburant à la pompe.

Depuis lundi, aucune réaction spontanée du consommateur togolais. Le plus surprenant vient des conducteurs de taxi et des taxi-motos. Et pourtant, ils murmurent, poussent des jurons dans leurs coins à l’endroit des autorités. Cela peut resembler à une résignation face au régime cinquantenaire trop enclin à appuyer sur la gâchette. Mais à trop attendre des leaders politiques nuit au citoyen. Toutefois, certains faits donnent raison au consommateur résigné face à la dure épreuve qu’il endure.

En février 2017, augmentation de 10 %. Une deuxième en l’espace d’un mois ! Le litre de super est passé de 476 à 524 FCFA, celui de gasoil de 478 à 526 FCFA tandis que le pétrole lampant est passé de 425 à 468 FCFA. A l’annonce de cette augmentation, le gouvernement n’avait pas donné d’explication. Ce qui a suscité le courroux des conducteurs de taxi et de taxi-motos et entraîné des manifestations. Les émeutes ont dégénéré et un manifestant a laissé sa vie à la suite de la descente musclée des forces de l’ordre qui n’ont pas hésité à tirer.

Dans la soirée de la manifestation et dans un communiqué lu à la Télévision nationale par l’ancien Directeur Kouessan Yovodevi, le gouvernement a présenté ses excuses à la famille éplorée. « Le gouvernement déplore et condamne les manifestations de rues de ce jour, qui ont fait un mort et un blessé par arme à feu parmi les manifestants, ainsi que plusieurs blessés dans les rangs des forces de sécurité », avait lu Kouessan Yovodevi. Mais pour Emmanuel Sogadji, président de la Ligue des consommateurs du Togo (LCT), qui avait apporté son soutien aux manifestants, « rien ne motive cette nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe en ce moment ».

Après celle de 2018, le gouvernement est revenu avec une nouvelle structure des prix des produits pétroliers. Le super sans plomb est passé à 564 FCFA, le pétrole lampant à 505 FCFA, tandis que le gasoil et le mélange 2 temps passent respectivement à 567 FCFA et 661 FCFA. Et comme toujours, aucune explication des autorités par rapport à cette hausse. Aussi inquiétant que cela puisse paraître, le consommateur togolais s’est muré dans un mutisme. Lomé paraît un long fleuve tranquille. C’est comme si de rien n’était.

Cependant, les rues de Lomé seront mouvementées les jours prochains. La Ligue des consommateurs du Togo projette manifester le 26 mars prochain devant les locaux du ministère du Commerce à Lomé pour dénoncer cette nouvelle hausse des prix.

Source : L’Alternative