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Alors que les Togolais, au regard de la gouvernance très approximative vieille des décennies précédentes, sans objectifs et bilans convaincants, cherchent à aller vers d’autres horizons, il est temps d’explorer d’engager un débat de fond sur ce secteur d’activité : l’agriculture paysanne togolaise face aux nouvelles concurrences et pratiques marchandes agricoles. Dans quelles conditions politiques et sociétales des mutations souveraines de l’agriculture togolaise pourraient-elles augurer de meilleurs horizons ? La transition à venir pourrait faire figurer la question de l’agriculture togolaise au rang de ses priorités immédiatement exécutables. La condition n’est autre qu’une réforme agraire, une vraie !

Parmi ces priorités, repeupler la campagne, renouveler les pratiques agricoles, reconstituer les terres dégradées et aller vers la souveraineté alimentaire. Pour cerner des aspects socio-politiques de cette situation, le propos ira a dans le sens d’une analyse de situations géographiques dans un premier temps afin de pouvoir dégager des perspectives d’avenir, aller vers une agriculture de transition, pour le renouvellement d’une agriculture paysanne raisonnée dans un deuxième temps.

Au cœur de la problématique agricole (choix de cultures, productivité, modes de diffusion/commercialisation/exportation), se trouve la problématique sociétale rurale, elle privilégie l’accès à la terre par le paysan et une meilleure colonisation des terres disponibles, vers une agriculture vraiment nourricière. Il est un fait : la raréfaction du foncier et les trafics qui lui sont liés, engendrant conflits et réformes sans que la pression foncière fût traitée au profit des paysans.

Des solutions ont été imaginées mais cette agriculture n’assure guère aux Togolais la sécurité alimentaire souhaitable. En effet, on a imaginé par exemple le Projet de « Renforcement des capacités productives et commerciales de la filière soja » qui ne fait pas vraiment histoire, sans que ses initiateurs daignent en faire le bilan. On a pensé qu’ « …il est possible d’apporter des solutions à la précarité agricole du Togo par des approches préconisées par bon nombre d’agronomes. Globalement, les spécialistes proposent comme remède la valorisation des terres incultes, l’exploitation de la diversité climatique, la maîtrise de l’eau, une utilisation rationnelle et optimale des intrants agricoles, en clair, une révolution agricole qui contourne et risque d’oublier l’urgence sociale et environnementale. Le désenclavement des zones à fort potentiel agricole, la pratique de l’agroforesterie par la plantation d’espèces pérennes pour le maintien à long terme de la fertilité des sols, l’intensification de la recherche agricole et son expérimentation, la facilitation de l’accès des groupements agricoles, la mécanisation, l’utilisation d’engrais, la réforme agro-foncière permettant une juste répartition des superficies cultivables sont également recommandés, sans oublier la professionnalisation, la syndicalisation du secteur agricole afin de protéger les droits des producteurs et le rôle politique de l’Etat dans ce domaine en termes d’orientations et de réglementations… » (cf Entreprises, territoires et développement – L’agriculture togolaise face à ses problèmes – Entreprise Territoires et Développement (etd-ong.org).

1/ Des outils pour faire la carte d’identité de l’agriculture togolaise

Quels outils crédibles sont disponibles pour partir des faits et des chiffres alors que le pays, malgré l’effort de produire des données, ne semble pas avoir réalisé des enquêtes de qualité sur les agricultures et les sociétés rurales du Togo, pays de pluralité que la décentralisation mettra par ailleurs et salutairement en évidence.

L’agriculture, c’est avant tout un ensemble des sociétés, des terroirs, des productions végétales et animales qui varient dans le temps et dans l’espace en fonction des structures agraires (techniques, foncières, choix de cultures, circuits de conservation et de distribution).

Le lecteur pourra se saisir de références bibliographiques, en grande partie extraites de « L’agriculture togolaise face à des mutations environnementales multiples – Nécessité d’un ensemble d’innovations techniques et organisationnelles » de Kokou Koumagli DJAGNI ITRA – CRASH (Anié – Togo):

-W.H.L. Allsopp, Rapport au gouvernement du Togo sur le développement et l’organisation de l’industrie des pêches www.fao.org-ORSTOM (actuel Institut Recherche Développement, IRD) Pays de l’Afrique de l’ouest – Rapport du Togo www.fao.org-FAO, Banque Mondiale. 2002. Stratégie de croissance du secteur agricole et rural – Rapport final ,www.fao.org

-Massan d’Almeida, Le rôle des femmes dans la dégradation et la gestion de l’environnement au Togo (newsletter AWID.org)/ Les Pénélopes, www.awid.org-Kanda N’naSary, Protection des connaissances, innovations et pratiques traditionnelles au Togo, notamment dans le domaine de l’agriculture, des forêts et de la médecine-ANTHAUME B., 1970. La palmeraie au Togo, approche géographique. Lomé, ORSTOM

-BRAUD M., 1982. L’intérêt du concept d’exploitation agricole pour la recherche et le développement. in L’exploitation agricole en Afrique noire. GERDAT. France, p. 91-108.

-BRAUD M., Tourte R., 1984. Compte rendu de mission au Togo. Pour un projet fédérateur systèmes de production – systèmes agraires. GERDAT (IRCT – DSA), 16 p.

– COUSINIE P., 1993. Dynamique des systèmes de production en zone cotonnière du Togo de 1985 à Mémoire de DEA d’économie. ENSAM, Montpellier, France, 113 p.

-COUSINIE P., DJAGNI K., 1992. Rapport annuel 1991 / 1992. Section d’agro-économie. IRCT Station d’Anié-Mono, Ministère du Développement Rural, Togo. 64 p.

-DESA, 1993. Recueil de données socio-économiques sur le secteur rural, 1990 et 1991. Togo, 30 p.

-DJAGNI K., 1995. Insertion des exploitations agricoles dans les systèmes de marché dans la zone cotonnière du Togo. Mémoire ESAT 1. CNEARC. Montpellier, France, 83 p.

–DJAGNI K., KOUSSA D., 1996. Rapport annuel. Section d’Agro-économie. Campagne 1995-1996. IRCT, Togo. 38 p.

-DOUTI P.Y., 1989. Bilan des acquis de la Recherche dans le domaine de la fertilisation des sols au Togo de 1974 à 1988. Document n° 1 : Analyse des données. Ministère du Développement Rural. Lomé, Togo, 132 p.

ELLIS F., 1988. Peasant economics. Farm households and agrarian development. Cambridge University Press, 257 p.

…..sans oublier les travaux du Pr. Emmanuel Gu-Konou qui traite des problématiques majeures de cette agriculture à l’échelle des terroirs du Togo (échelle fine) comme à l’échelle de l’Afrique tropicale en générale (grandes régions agricoles), et même à l’échelle des collectivités rurales pour observer les mutations et la modernité de l’agriculture en pays sous-développé. Il nous livre entre autres :

Le développement rural : que recouvrent les mots ? inhttp://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_2/memoires/15875.pdf

Tradition et modernité. La « Modernisation » agricole face à la mutation rurale en Afrique Noire, l’exemple du Togo (article) in L’Information Géographique Année 2003 67-1 pp. 116-123.

De cette littérature vient le tableau peu reluisant de l’agriculture togolaise. 2- Ces agricultures représentent plus du 1/3 du PIB, 70 à 80 de la population, 40% des recettes d’exportations alors que les populations à plus de 50% sont sous alimentées. L’agriculture togolaise affiche un certain nombre de traits caractéristiques qui la rapprochent des autres agricultures ouest-africaines et plus largement de celles de l’Afrique subsaharienne (cf L’insécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, le rôle des incertitudes -Bibliohèque du développement) de K. Nubukpo et en particulier la préface d’Idress Faroukh).

La taille des exploitations agricoles du Togo est de 3,96 hectares en moyenne. C’est une agriculture en difficulté en ces temps incertains de covid, 41% des entreprises agricoles du Togo ont vu leurs ventes chuter de 75% de 2019 à 2020 et peinent à se relever. C’est le moment de s’interroger sur la pauvreté des sols (en particulier sur les terres du manioc et des céréales, sur les engrais douteux sur des sols détruits (documentés ici par des cartes de la qualité des sols) par des labours profonds inadaptés; les difficultés d’accès des paysans spoliés à des engrais de qualité sans oublier le recul des pratiques de fumures pour faire engrais biologique alors que le labour faiblement et mal mécanisé, reste encore manuel et artisanal, pesant ainsi lourdement sur la population active, notamment féminine en zone rurale. D’une région administrative à l’autre, cette agriculture présente des inégalités de toutes sortes, constitutives d’un ensemble contrasté.

2/ Une évolution aux antipodes de la modernité et de la sécurité alimentaire

Cette agriculture souffre de faibles rendements, d’un faible encadrement technique, politique et financier, de l’exode rural et du sous-équipement, du délabrement des réseaux routiers d’accès aux producteurs et aux marchés locaux, enfin de la spéculation.

Ce qui est en jeu c’est doublement la retouche nécessaire pour améliorer la productivité de l’agriculture togolaise là où de nombreuses difficultés la menacent dont on retiendra l’érosion des sols, leur appauvrissement sous l’effet ajouté des engrais inappropriés d’une part, la démocratisation de l’agriculture pour revoir par la loi, les réformes… l’accès à la terre pour les paysans producteurs.

Il s’agit en général des productions et des terroirs ruraux du Togo considérés dans les agricultures ouest-africaines, leurs performances et surtout leurs difficultés.. Cependant les exportations ont cru ces dernières années avant covid, elles ont pu peser positivement dans le commerce extérieur togolais.

Ici sera abordée la problématique suivante : aucune transformation politique et des pratiques économiques de production de bien par les Togolais au Togo actuel qui escamoterait la question agricole n’auraient de sens. Une des raisons de cela est que nous sommes toujours dans une logique qui voudrait que le Togo soit et reste un pays à vocation agricole. Il y a des mutations techniques et sociétales objectives mais l’agriculture togolaise repose encore beaucoup sur des techniques ancestrales, extensives alors que les populations, les besoins et les façons de se nourrir évoluent et/ou devraient évoluer en profondeur, appelant une production en quantité et en qualité plus importante. Y a-t-il dans les pays et sociétés de la ruralité au Togo, place pour innover alors que pèse considérablement des traditions anciennes, permanentes, dans des pays à forte densité et forte croissance démographique sans qu’il y ait eu véritablement de révolution agricole ou de réforme agraire innovantes ? Des orientations sont à mettre en concurrence y compris la politique communautaire dans l’espace UEMOA que compte promouvoir Kako Nubukpo, commissaire ouest-africain en charge de l’agriculture.

Au Togo, il y a un contrat comme le dibi-mabidi ou le « dumadu » qui doit nous renvoyer aux formes contractuelles à passer en revue, celles en vigueur au Togo et les expériences apparentées en Afrique de l’Ouest. (Cf Cairn-Info – Cahier du Tiers-monde – Jean-Philippe Colin et François Ruf , Une économie de plantation en devenir L’essor des contrats de planter-partager comme innovation institutionnelle dans les rapports entre autochtones et étrangers en Côte d’Ivoire (cf https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2011-3-page-169.htm)

D’autres modalités d’accès à la terre en zone forestière sont apparues et se sont développées avec la raréfaction foncière : location, métayage comme rapport foncier et non comme simple rapport de travail (avec par exemple une dynamique forte pour la culture du manioc) (Colin, 2008) et, depuis peu, contrats de « Planter-Partager ».

Ces derniers contrats, en plein essor, sont pratiqués sous des appellations diverses : domientchê ou yomientchê (selon les villages) en pays agni, ditchê souvent employé par les Baoulé, troukatlan en dioula, ô douè ayé gblé en Guéré, plahapô en pays bakwé, nounin bônounin ou sa version française « fais pour toi, fais pour moi » en pays krou, « travail partagé» ou « travailler-partager » en pays bété, ou encore plus génériquement « planter-partager » (P&P). Par un tel arrangement, un exploitant accède à un droit d’usage de long terme, voire à un droit de propriété du sol, en réalisant une plantation pérenne et en conservant une partie de cette dernière, le reste étant rétrocédé au propriétaire foncier. Ce type d’arrangement institutionnel est connu en Afrique de l’Ouest : au Togo, avec le dibi-ma-dibi (Antheaume, 1982 ; E. Gu-Konou, 1986), au Ghana, avec le contrat d’abusa-tenant (Köbben, 1956 ; Hill, 1963 ; Amanor, Diderutuah, 2001 ; Ruf, 2010)

Le Togo peut prétendre figurer parmi les meilleurs élèves de l’agriculture africaine. Malgré la taille réduite du pays et une SAU (Surface Agricole Utile) modeste, cette performance possible repose sur plusieurs atouts : la variété des sols et les géo-systèmes tropicaux d’un territoire étiré en latitude et sa grande variété bioclimatique qui pourraient soutenir des choix de cultures.

Pour aller dans ce sens, on signale des initiatives encore mal connues, peu soutenues par les pouvoirs publics allant du fermage à l’aviculture moderne, l’émergence de coopératives informelles de femmes agricultrices paysannes nombreuses dans la région maritime qu’il faudra redécouvrir et mettre en réseau pour de plus positives performances ; des ingénieuries payantes comme celle initiée par le Pr. Kossi Koumaglo Honoré (cf Effets de six huiles essentielles sur les œufs et les larves de callosobruchus maculatus F. (coleoptera : bruchidae) Guillaume K. KETOH, Isabelle A. GLITHO, Yaovi NUTO, Honoré K. KOUMAGLO in http://greenstone.lecames.org/collect/revu/index/assoc/HASH0171.dir/A-000-00-016-020.pdf) qui projette d’extraire de la citronnelle des huiles essentielles à des fins thérapeutiques., développer des espèces végétales enfin connues des savants et du grand public aux vertus insoupçonnées et qui pourraient alimenter une filière industrielle d’exportation comme le noni, le curcuma et le moringa et surtout . On parle même du potentiel de travail, d’amour du terroir et des traditions ancestrales qui pourraient fonder une bio-agriculture surtout dans les systèmes agraines de complant.

Paradoxe : on constate la chute de la productivité agricole au Togo comme l’indiquent les données suivantes alors que certains marchés urbains, de Lomé en particulier proposent à la ménagère un spectre large de produits agricoles, sans doute chers, visibles en tout cas.

Abordant la question de l’agriculture en Afrique subsaharienne, par le biais de l’insécurité alimentaire, K. Nubukpo souhaite que s’impose l’hypothèse de l’impact et de la gestion des incertitudes exogènes (marchés céréaliers internationaux, choix des céréales,..) et l’analyse de la réalité socio-économique dans le contexte de la libéralisation des cours céréaliers depuis les années 1980 suite aux PAS (Plan d’Ajustement Structurels du FMI). La réflexion que je propose n’est pas du champ de la sécurité alimentaire amis elle rejoint les thèmes récurrents à l’observation des hommes et sociétés agricoles au Togo comme en Afrique subsaharienne. A ces deux échelles, on est confronté aux aléas climatiques perpétuels et cycliques, aux conflits internes avec malnutrition, famines et épidémie. Je regarde davantage les incertitudes endogènes qui appellent la responsabilité politique des acteurs politiques de gouvernement du Togo. En effet à ce jour, 72% de Togolais sont pauvres, 57% très pauvres, disposant de 100 à 150€/an en moyenne, 25% des enfants de moins de 5ans malnutris, dans une situation d’insécurité alimentaire et d’une agriculture défaillante : 1,4 millions d’ha sur 3,6 millions seulement sont emblavés pour une agriculture qui pèse pour moins de 40% du PIB. Peu d’exploitations bénéficient d’appui technique ( 25% seulement, 89% des labours se faisant encore à la main, moins de 1% des exploitations disposant d’un tracteur, les cultures vivrières reçoivent peu de semences améliorées (3%) et seulement 16% des exploitations reçoivent des engrais (de quelle qualité ???) alors que les terres cultivables font face à une forte pression foncière.

3/ Les facteurs explicatifs des situations actuelles

a) Une agriculture innovante mais loin d’être autosuffisante, du fait de multiples facteurs comme :

les lacunes du système agricole togolais vu la croissance des produits alimentaires importés, illustrant ainsi un aspect de l’insécurité alimentaire et de l’indigence d’une agriculture à réformer.
les performances de cette agriculture très moyennes, soumises à toutes sortes d’aléas comme les dérèglements climatiques, des aléas sanitaires (covid, paludisme…etc), l’usure des sols par des pratiques nouvelles. La productivité, toute filière confondue, pêche artisanale et activité agro-pastorale aussi, est en baisse voire en forte baisse, en témoignent les indicateurs des années 2010 à 2013 qui affaiblissent les capacités de l’autosuffisance et celles des exportations (maïs, manioc et autres tubercules). Comme toujours innovante par certains côtés, de ombreux aléas fragilisent les terres et les sociétés de l’agriculture togolaise, allant des déficits de l’encadrement technique à l’usure des sols et la chute de la productivité.

b) Les insuffisances de l’encadrement du monde paysan

Pour la relance de l’agriculture au Togo, l’encadrement de l’état n’a pas toujours donné de bons résultats (cf Ayéchoro Akibodé , Bilan et perspectives d’une opération d’encadrement paysan dans la région de la Kara (Togo) – A study of peasant support in the Kara valley, Togo) in Persée – Bulletin de l’Association de Géographes Français Année 1989 66-3 pp. 245-257)

Les expériences d’encadrement des communautés en pays Kabyè datée des années 1980 ne permettent pas de conclure d’une validation de cette stratégie initié et financée par le FED (Fond Européen de Développement). La question foncière du fait de la complexité du droit coutumier et des difficultés de déterminer droit de propriété et droit d’usage, l’appropriation des leviers de l’expérience et la productivité assez peu améliorée amènent à espérer une amélioration sur d’autres bases. La stratégie du « dibi_madi » mérite qu’on la réintroduise dans le débat, à la faveur des études faites par Pr. Emmanuel Gu-Konou qui, selon Padabô Kadouza établit que « Cette agriculture de subsistance se faisait dans le cadre d’un mode de production traditionnel avec des moyens techniques limités pour l’essentiel à la houe, au coupe-coupe et au feu (culture itinérante sur brûlis). “Cette faiblesse du capital technique a conféré à la solidarité du groupe social une place fondamentale dans la logique de l’organisation paysanne ; les pratiques communautaires découlant de cette solidarité, bien qu’informelles, étaient devenues pour l’individu, le seul moyen efficace de surmonter, au cours du procès de production, les difficultés liées à la faiblesse du niveau technique” (Gu-Konu, 1978). Ces moyens techniques à faible productivité n’ont pu permettre que des exploitations de petite taille. En effet, les exploitations de moins d’un hectare représentaient 33 % du nombre total des exploitations dans la circonscription administrative de Kloto, et si l’on considère les exploitations de moins de deux hectares, la proportion monte alors à 66,5 % (Gu-Konu, 1983).»

L’amélioration juridique de ce cadre du métayage, parce qu’il ne pourrait y être complètement assimilé, peut être un tremplin vers la résolution de la question capitale de la terre au profit des paysans pour une autre agriculture paysanne respectueuse de l’homme, de la terre, de l’environnement. La population active reste à très grande majorité rurale mais ruralité et agriculture ne sont pas identiques.

c) Les agricultures périurbaines en expansion, l’impasse d’une fausse piste

Une des innovations à prendre en considération est l’extension des aires de production en cultures maraichères périurbaines immédiates des agglomérations urbaines ou dans un lointain proche des villes, là où se conjugue la pression foncière due à l’urbanisation galopante, au développement de périmètres industriels, à l’appropriation individuelle des terres pour la résidence et en même temps, presse une importante utilisation de parcelles disponibles pour l’investissement, la production agricole légumières spéculatives pour un marché urbain dynamique comme opportunité d’une nouvelle agriculture nourricière.

Elle est très intensive et spéculative, souvent sur de petites parcelles en FVI (Faire Valoir Indirect), parfois dévoreuse d’espace et consommatrice d’engrais dangereux de la filière mondialiste capitalistique Monsento consommés sans contrôle. (cf La Dynamique centrifuge du maraîchage périurbain de Lomé (Togo) en réponse à la pression foncière. Dynamique centrifuge du maraîchage périurbain de Lomé (Togo) en réponse à la pression foncière, d’après une étude de Madjouma Kanda, Hèou Maléki Badjana, Fousseni Folega, Sêmihinva Akpavi, Kpérkouma Wala, Jacques Imbernon.

« Le dibi-madibi : un mode de faire-valoir original dans le sud-ouest du Togo The dibi-madibi: an original mode of tenure in Southwestern Togo » (cf Belgeo – http://journals.openedition.org/belgeo/6510) et Koffi Akpagana . On consultera des contributions importantes du Laboratoire de Botanique et Écologie végétale, Faculté des Sciences, Université de Lomé, …Togo et du CIRAD-Département Environnement et Sociétés, UMR TETIS, TA C-91/F, Campus International de Bazillarguet, Montpellier, France, qui ont fait divers constats.

Dans les terroirs ruraux, des acticités autres qu’agricoles se sont développées, liées aux services de l’état, au commerce des biens de consommation journalière. Cette dernière étude nous fournit données et graphiques très instructive. S’agirait-il d’une mutation irréversible au point de devoir compenser cette érosion de la société rurale par une agriculture intensive qui a fait son apparition au Togo ? Oui, on est en marche vers des activités agricoles nouvelles, vers une nouvelle ruralité.

d) Une menace majeure : la dégradation avancée des terres

La dégradation avancée des sols au Togo. (cf carte suivante) est un fait à prendre au sérieux.

Source : L’Alternative / presse-alternative