Une salle de cours dans une école primaire de Yoto Ouest, Togo | Photo : Dr

« Si vous voulez détruire un pays, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en vies humaines. Il suffit de détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption » (Proverbe chinois)

A son avènement au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé, « l’homme jeune pour un Togo moderne », s’était engagé à faire de l’éducation sa priorité. « Les meilleures conditions seront créées pour l’éducation des jeunes avec les équipements appropriés en cinq ans », avait-il promis.

Seize (16) ans après, la formation de base la grande majorité des enfants, l’élite togolaise de demain, se déroule sous des paillotes, sans murs ni électricité, surtout à l’intérieur du pays et dans les périphéries de Lomé qui restent particulièrement frappés par le manque d’infrastuctures scolaires. On bricole avec les moyens de bord. Des apatams et hangars de fortune tiennent lieu de salles de classe, même pour des collégiens et lycéens dans la plupart des localités. Dans certains cas, les enfants n’ont ni table ni chaise et sont obligés de suivre les cours assis sur des poutres construites avec des bouts de bois. C’est le trait caractéristique de l’école togolaise. Pour des localités mieux loties qui disposent des bâtiments scolaires, ces infrastructures sont pour la plupart des dons des ONG. Quant à l’Etat, il a démissionné.

Avec des salles de classes faites d’abris de fortune, version Faure Gnassingbé, les accidents sont légion. En 2015, un apatam abritant deux salles de classes s’était effondré à l’EPP Dagbessito à Sanguéra, à 16 kilomètres de Lomé, faisant 18 blessés dont l’institutrice. « Informé de la situation, le ministre des Enseignements primaire et secondaire s’est rendu immédiatement au chevet des blessés au Centre médico-social de Zanguéra où ils ont été référés (…) Le ministre s’est ensuite rendu à l’EPP Dagbessito où s’est produit le sinistre pour constater les dégâts. Les dispositions sont en cours avec l’appui de l’UNICEF et du PAM pour l’installation d’abris provisoires dès demain 27 janvier 2015 en attendant le démarrage immédiat des travaux de construction sur ce site », avait indiqué à l’époque Florent Maganawé, ministre des Enseignements primaire et secondaire.

Il a fallu qu’un accident se produise pour les pauvres enfants bénéficient d’un nouveau bâtiment.

Le 31 mai 2021 dernier, un nouveau drame s’est produit au lycée de Sessaro Mazada dans la préfecture de Sotouboua. Le bilan en terme humain est lourd : au moins deux morts et une trentaine de blessés dont des cas graves. L’apatam qui servait de salles de classe pour le lycée s’était écroulé suite à une forte pluie. Dans la foulée, Faure Gnassingbé a ordonné la rénovation complète de toute l’école avec la construction de quatre nouveaux bâtiments flambant neufs.

On ne sortira jamais des sentiers battus s’il faut toujours attendre des drames avant de s’empresser de construire des bâtiments pour mettre les élèves dans de bonnes conditions d’études. « Ces élèves sont morts parce qu’ils ont la malchance de naître dans un pays où l’école n’est plus républicaine, et les dirigeants sont incapables de construrire de véritablesbâtiments et de sécuriser les enfants des pauvres puisque leurs propres enfants ont déserté ces écoles », s’est indigné un compatriote.

«Si vous voulez détruire un pays, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en vies humaines. Il suffit de détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera très facile de les vaincre», dit un proverbe chinois.

On est dans le cas au Togo. Tout est mis en œuvre pour maintenir le peuple dans l’ignornce : classes à ciel ouvert, effectifs pléthoriques, ouvrages didactiques du moyen âge, enseignants en nombre insuffisant qui peinent à accomplir convenablement sa mission faute de moyens et de motivation, etc.

Pendant que l’éducation, l’un des secteurs les plus vitaux, est à l’abandon, le régime ne se gêne guère de mobiliser 700 milliards FCFA pour moderniser l’armée. Pendant ce temps, certains se permettent de détourner 500 milliards de FCFA en toute impunité dans la commande des produits pétroliers.

De toute la richesse que produit le Togo presque rien n’est consacré au secteur de l’éducation.

Médard Amétépé

Source : Liberté / libertetogo.info