Depuis lundi, le professeur Ihou Wateba est gardé par le Service de renseignement et d’investigation (SRI) de la Gendarmerie. Cette détention qui s’apparente à une cabale est consécutive à une affaire de note. Un baron du RPT/UNIR soupçonnerait le Vice-doyen de la Faculté des Science de la Santé (FSS) de l’Université de Lomé de défavoriser son enfant dans l’attribution des notes. Professeur David Dosseh a également été convoqué au SRI hier. Il doit y retourner aujourd’hui, accompagné de son fils, étudiant à la FSS.

Professeur Majesté Wateba Ihou | Archives

Le monde universitaire est sous le choc. Depuis mardi, le professeur agrégé Ihou Wateba, Vice-doyen de la Faculté des Sciences de la Santé (FSS), est gardé à la Gendarmerie nationale par le Service de renseignement et d’investigation (SRI) dans une affaire qui scandalise. Selon les informations données par ses proches, on reproche au professeur de défavoriser un étudiant dans l’attribution des notes. « Je voudrais que le parent d’élève qui estime que son enfant a été défavorisé se prononce », a déclaré une sœur du professeur dans un entretien en marge d’une rencontre des professeurs d’université.

Cette situation a occasionné le blocage des activités au sein de ladite faculté. En soutien à leur collègue, les autres enseignants ont décidé de suspendre toutes les activités en lien avec les évaluations du semestre Harmattan, mais également d’observer un arrêt dans la dispensation des cours. Cette décision, selon les informations, restera en vigueur jusqu’à la libération du professeur Ihou Wateba. Car pour les universitaires, cette arrestation est inacceptable et humiliante pour leur corps de métier. Ils dénoncent également une « intrusion dans les affaires de l’Université ».

Certaines sources affirment que suite à la plainte d’un parent d’élève, baron du RPT/UNIR, l’Université de Lomé aurait commandité un audit qui aurait révélé que Prof Ihou Wateba ne défavorisait aucun étudiant dans l’attribution des notes.

Le professeur est aujourd’hui entre les mains de la Gendarmerie, mais tout porte à croire que son calvaire a commencé depuis plusieurs mois. Depuis le mois d’octobre 2017, il est constamment sous la menace du SRI. Coups de fil incessants avec des menaces et mise sur écoute. « Depuis octobre 2017, il nous dit à la maison qu’à chaque fois, le SRI l’appelle pour lui poser des questions et qu’il a remarqué que son téléphone était mis sur écoute. Nous lui avons demandé pourquoi et il a répondu qu’il ne savait pas. En novembre, il nous a fait savoir qu’on lui a dit qu’il favorisait certains étudiants dans les notes qu’il donnait. Le samedi passé (samedi 03 mars 2018, Ndlr) nous étions à l’enterrement d’un parent à Tchékpo. On sentait qu’il ne suivait pas la messe. Il était trop calme. Après la messe, on s’est séparé. Il est rentré dans une église des Assemblées de Dieu et il priait à genou. C’est lundi soir que nous avons appris que notre frère était détenu au SRI. Nous y sommes rendus et y avons passé la nuit. Jusqu’aujourd’hui, on ne sait pas de quoi on accuse notre frère », a révélé la sœur du professeur.

Une affaire académique qui se règle au SRI, cela ne se passe qu’au Togo. En réalité, c’est toute une machine de représailles qui aurait été mise en place pour nuire au Vice-doyen de la Faculté des Sciences de la Santé. Ce qui inquiète sa famille et ses collègues enseignants d’université. « Nous savons qu’il y a quelqu’un qui tire les ficelles. Nous avons rencontré certaines autorités qui nous ont dit que c’est plus sérieux qu’on pense. Je voudrais que le parent d’élève qui estime que son enfant a été défavorisé se prononce. Le parent en question veut politiser cette affaire pour qu’on envoie mon frère en prison. On lui prête des intentions. C’est ce qu’on veut faire au professeur », s’inquiète la famille.

En attendant, les choses s’organisent pour mettre la pression et obtenir la libération du professeur. Certaines associations d’étudiants appellent déjà leurs camarades à s’associer au sit-in qui aura lieu aujourd’hui devant la Faculté des Sciences de la Santé, en soutien aux enseignants.

Cette affaire n’est pas isolée et le pourvoir donne l’impression d’avoir ouvert un front contre certains universitaires togolais. Alors que les professeurs d’université réclament la libération de leur collègue, un autre a été convoqué par le SRI. Il s’agit de prof David Dosseh, professeur d’Université, ancien responsable de la Direction de Coopération de l’Université de Lomé, et Coordinateur des Universités Sociales du Togo et du Front Citoyen Togo Debout. Il a passé une bonne partie de la journée d’hier au SRI avant de repartir libre. Selon les indiscrétions, il s’est présenté dans la matinée, mais il lui a été demandé de revenir dans l’après-midi. De retour au SRI, il lui a été demandé de repasser ce vendredi, accompagné de son fils, étudiant à la FSS de l’Université de Lomé.

G.A.

Source : Liberté