Reçu délivré à un passager en provenance de la côte d’ivoire | Photo : Liberté

Jusqu’à la semaine dernière, plus précisément la date du 6 juin 2021, au moins le Togo continue d’appliquer ses propres tarifs, en violation des prescriptions de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

C’est dans ce mois qu’un rapport des Etats-Unis ont placé le Togo parmi les pays les plus sûrs en matière de destination liée aux mesures anti-covid. Les autorités et des médias s’en sont donné à cœur joie pour louer le « leadership » de Faure Gnassingbé. Mais l’envers du décor n’est pas si glorieux.

A la date du 6 mai 2021, nous avons interrogé des passagers en provenance d’autres pays de l’UEMOA. Et contrairement à ce à quoi ils ont été confrontés dans leur pays, les tarifs appliqués par le Togo demeurent prohibitifs, en totale contradiction des mesures édictées par l’Union. Le site ouestaf.com avait déjà dénoncé cette pratique mettant en cause le Benin, le Niger et le Togo. Mais apparemment, le Niger s’est vite conformé. Il ne reste que les deux voisins qui continuent d’en faire à leur guise.

Le Togo pratique un double déni des recommandations

Selon la pratique imposée par les autorités togolaises, aucun test fait à l’étranger, même au sein d’autres pays de l’espace UEMOA n’est valable à leurs yeux ; les passagers sont obligés de débourser, non plus la somme prescrite par l’Union, mais bien 40.000 FCFA pour se faire encore tester avant de fouler le sol du Togo.

Voici la description que fait un citoyen désabusé de la procédure: « Pour voyager en avion au départ de Lomé, vous faites un test PCR à 40.000 FCFA pour le classique et si vous voulez express, vous payez 55.000 FCFA à l’Institut national d’hygiène. Si vous allez à Abidjan par exemple, le test du Togo est accepté et vous êtes autorisé à entrer sur le territoire ivoirien avec un test PCR de moins de 5 jours sans problème. Lorsque vous quittez Abidjan pour Lomé, vous faites un nouveau PCR à 25.000 FCFA à Abidjan et vous prenez l’avion pour Lomé, lorsque votre PCR initial de Lomé a plus de 5 jours. Normal. Le comble est que, à votre retour à Lomé avec un PCR fait à Abidjan, le Togo rejette ce PCR quel que soit son ancienneté. Arrivé donc à Lomé, quoique muni d’un PCR fait à Abidjan, on vous impose un autre PCR au Togo avant que vous mettez les pieds dans le pays. Le test PCR fait à Abidjan n’est pas reconnu au Togo. Scandaleux non »?

Depuis la 22ème session de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA le 25 mars 2021 par visioconférence, la conférence, satisfaite du rapport de la commission de l’UEMOA, a pris des recommandations pour faciliter la circulation transfrontalière des personnes et des biens.

Ainsi, il a été décidé de fixer à cinq jours, à compter de la date de prélèvement de l’échantillon, la durée de validité des tests de dépistage à l’entrée et au départ des aéroports.

En plus, « la conférence décide de la reconnaissance mutuelle des résultats des tests Covid réalisés par les structures nationales habilitées. Elle fixe à 25.000 FCFA, le coût du test de dépistage de la covid-19 pour les voyageurs utilisant le transport aérien à compter de mai 2021 ».

Mais aujourd’hui, près de 45 jours après l’entrée en vigueur de la recommandation, le Togo continue d’appliquer des tarifs qui frisent l’escroquerie couplée à un déni des recommandations de l’UEMOA. Il suffit de comptabiliser le nombre de passagers quittant et arrivant à l’aéroport de Lomé pour se rendre compte de la manne que rapporte une telle pratique à la togolaise. A double titre, les autorités togolaises balaient d’un revers de la main les textes de l’UEMOA.

Des reçus illustratifs proviennent de passagers venant du Mali et n’ayant pas reçu de papier physique, et de la Côte d’Ivoire à qui un reçu de l’opérateur de téléphonie mobile Moov lui a été tendu à l’aéroport de Lomé. Des situations qui étalent une rapacité des autorités et qu’on tente de cacher.

Le Togo « talonné » par le Benin

Le site d’informations ouestaf.com renseigne que la décision de l’Uemoa n’est pas encore appliquée au Bénin. « Les voyageurs, au départ et à l’arrivée à l’aéroport de Cotonou continuent de payer 50.000 FCFA pour le test. Pire, le coût du test dit « VIP » (formule express, sans file d’attente avec des résultats disponibles dans les 6 ou 12 heures) s’élève à 75.000 FCFA ! A la faveur d’une rencontre avec la presse le 18 mai 2021, le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin a laissé entendre que chaque pays membre de l’Uemoa, est en train de prendre ses dispositions pour mettre en œuvre la décision. « Le Bénin n’est pas en marge de cela » mais «le fera en temps opportun». Selon le ministre, l’application de la décision de l’Uemoa implique la mise en place de « systèmes antifraude » », affirme le site.

Si le Benin ne s’y est pas encore conformé, c’est le cas du Togo qui se positionne comme le chantre de la bonne gouvernance en matière de lutte contre la Covid qui interpelle.

Godson K.

Source : Liberté / libertetogo.info