Ihou Wateba Covid Togo
M.I. Wateba | Photo : DR

Depuis dimanche dernier, le Togo connait un second couvre-feu, 6 mois après le premier. Selon les autorités, cette mesure préventive vise à éviter une flambée de nouvelles contaminations après les fêtes de fin d’année. Une décision qui contraste avec les mesures prises par les pays voisins. Le Ghana, le Benin et le Burkina Faso par exemple n’ont pas opté pour des mesures aussi extrêmes.

Depuis le 20 décembre 2020 et ce jusqu’au 03 janvier 2021, le Grand Lomé qui regroupe les préfectures d’Agoè-Nyivé et du Golfe est à nouveau sous-couvre-feu. Le couvre-feu est effectif de 22h à 5 heures sauf les 24, 25, 31 décembre et le 1er Janvier 2021 où il est repoussé à 23 heures. Depuis le début de la pandémie, c’est la deuxième fois que la capitale se voit imposer un couvre-feu.

Cette décision était dans les tuyaux depuis plusieurs jours. Selon les autorités, « il s’agit d’éviter une flambée de cas de Covid-19 après les fêtes de fin d’année », indique une source bien introduite auprès du Ministère de la Santé. A en croire la Coordination, depuis quelques temps, plus de 90% des nouvelles contaminations sont enregistrées dans le Grand Lomé.

Le Togo en fait-il trop ?

Selon le gouvernement, cette décision a été prise suivant une recommandation du Conseil Scientifique, l’organe composé d’experts qui conseille le gouvernement depuis le début de la pandémie. Donc, cet organe aurait recommandé cette mesure suivant les propositions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En effet, depuis novembre, l’Oms avait appelé les pays africains à la vigilance à l’approche des fêtes de fin d’année. Cet appel est intervenu alors que 20 pays ont connu une augmentation du nombre de cas. « Alors que nous nous approchons de la période de l’année lors de laquelle les gens se déplacent pour passer les fêtes ensemble, le risque de transmission de la COVID-19 est plus élevé », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « De nouveaux foyers de cas peuvent émerger dans des endroits qui n’ont pas été touchés jusqu’à présent, du fait des déplacements ou des rassemblements pour les festivités. Nous pouvons toutefois atténuer les risques en portant un masque, en limitant le nombre de personnes lors de réunions, en maintenant une distance physique avec les autres et en conservant une bonne hygiène des mains. Nous pouvons faire la fête, mais faisons-le en toute sécurité », a ajouté Dr Moeti.

L’Oms a, par ailleurs, appelé les États membres à mener des évaluations et à identifier les zones à haut risque. En s’appuyant sur cette analyse, les gouvernements locaux peuvent « adopter un processus décisionnel flexible », a indiqué l’OMS.

Un appel à la vigilance qui a semblé encourager les autorités togolaises à adopter de nouvelles mesures drastiques en fin d’année, notamment le couvre-feu. Pourtant, cette mesure n’est pas très bien appliquée dans le pays. En effet, lors du dernier couvre-feu imposé dans le cadre de la lutte contre le coronavirus entre avril et juin 2020, les Forces de sécurité ont commis plusieurs exactions. D’ailleurs, les victimes continuent de panser leurs plaies.

Plus paradoxal, dans les pays voisins du Togo où on compte plus de cas, une telle mesure n’est pas envisagée.

Que font nos voisins ?

Dans sa 20ème mise à jour sur la gestion de la pandémie de coronavirus au Ghana, le dimanche 20 décembre 2020, date à laquelle le pays comptait près de 950 cas actifs de covid-19, le Président Nana Akufo-Addo a reconnu que les réunions de famille, les fêtes et de nombreux rassemblements sociaux et religieux sont certains d’avoir lieu, mais il a noté que pour « accueillir ou assister à de tels événements, il est préférable de les tenir en toute sécurité à l’extérieur ou dans des salles très bien ventilées, plutôt que dans des espaces clos et climatisés ». «Même lorsqu’ils sont organisés à l’extérieur, il doit y avoir un espacement adéquat pour maintenir la distance sociale. Les organisateurs de tels événements, publics ou privés, doivent garantir la présence de seaux, de savon et de désinfectants, et doivent insister pour que les clients les utilisent aussi souvent que possible », a-t-il conseillé .

Cependant, « les pubs des plages restent fermés jusqu’à nouvel ordre. Toutes nos frontières terrestres et maritimes restent fermées au trafic humain », a souligné le Président Ghanéen.

Décidé à ne pas confiner sa population depuis le début de la pandémie, les autorités béninoises restent-elles sur leur position. Malgré cette décision, le pays compte aujourd’hui mois de cas actif que le Togo soit 62 cas actifs pour un total de 3167 cas confirmés à la date du 17 décembre 2020.

Au Burkina Faso, après un premier couvre-feu au début de la pandémie, les autorités ne semblent plus opter pour cette mesure. Et ce malgré 1425 personnes sous traitement. Du 9 mars au 19 décembre 2020, le Burkina Faso enregistre 5160 (76 décès) cas de Covid-19. Le 19 décembre dernier, plus de 200 nouveaux cas ont été répertoriés mais le pays n’envisage pas un second couvre-feu.

Au regard de ce qui précède, l’on se demande si les autorités togolaises n’en font pas trop ? En effet, avec ses 316 cas, le Togo semble plus alarmé que certains de ses voisins où la situation est encore délicate. Ceci au point que certains observateurs s’interrogent sur la pertinence de certaines décisions du gouvernement togolais. Certains pensent fortement « à une politisation de la situation ».

Est-il que pour les craintes d’exactions, la Cndh et d’autres Osc disent assurer le monitoring avec la coordination du ministère chargé des Droits de l’homme..

Source : Fraternité No.384 du 23 décembre 2020