atcha dedji affoh dans une ecole
Le ministre de l’enseignement primaire et secondaire Atcha Dédji Affoh (en complet bleu) en visite dans une école | Photo : DR

Le 15 juin dernier, les établissements scolaires ont rouvert après quasiment trois mois de fermeture pour cause de pandémie de la Covid-19. Si les règles sanitaires particulières ont été édictées avant la reprise des classes, faute de moyens, certains établissements n’ont pu mettre en place certains dispositifs essentiels pour prévenir l’infection.

Ces derniers jours, plusieurs cas de contamination au coronavirus ont ainsi été recensés dans diverses écoles. Officiellement les autorités en charge de la riposte contre la maladie n’ont reconnu qu’une vingtaine de cas confirmés dans essentiellement dans les écoles à Dapaong, Mango et Lomé. Selon le Médecin Colonel Djibril Mohaman, Coordonnateur de la Coordination nationale de la gestion de riposte à la Covid-19, 4 élèves sont des voyageurs. Le cas qui vient de Lomé, a contracté le virus est un cas contact dont les parents ont été testés positifs. « C’était un cas contact. Donc on a fait le prélèvement avant qu’il ne vienne à l’école », a-t-il souligné. A cet instant, la question se pose de savoir comment peut-on laisser un élève à risque reprendre les cours comme si de rien n’était ?

Depuis, la panique s’est installée dans certaines écoles. Enseignants et élèves sont sur le qui-vive. Et ils ont de quoi l’être. Selon une source médicale citée par le confrère, social-infos.com, à la date du 29 juin 2020, ils sont au total, 16 élèves testés positifs au nouveau coronavirus. Un chiffre qui interpelle alors que les élèves entament seulement la troisième semaine de cours. En effet, les chiffres de la contamination dans les écoles pourraient augmenter rapidement sachant que le taux de transmission de la maladie est de 2 à 5,7 personnes pour chaque malade du Covid-19 selon différentes études.

Les conséquences du laxisme des autorités…

Avant la réouverture des classes, les autorités ont pris soin, en amont, d’éditer quelques mesures sanitaires spécifiques. Il s’agit notamment de la limitation du nombre d’élèves par classe, du port obligatoire de masque de protection, de l’installation des dispositifs de lavage des mains etc.

Mais l’application de certaines des mesures nécessite des moyens financiers. Ce dont ne disposent pas toutes les écoles sur l’étendue du territoire nationale. En effet, le gouvernement a clairement indiqué que l’installation du dispositif de lavage des mains est à la charge des responsables des établissements scolaires sachant très bien les conditions dans lesquelles ils accueillent les élèves. Ce qui est contraire à ce qui se fait en la matière dans les pays où les écoles ont rouvert avec un protocole sanitaire strict à la charge de l’Etat et des écoles ayant les moyens conséquents.

Cette fuite de responsabilité à livrer les établissements scolaires à eux-mêmes. Selon nos informations, dans certaines écoles, les associations des parents d’élèves et les bonnes volontés ont dû mettre la main à la poche pour leur offrir le système de lave-mains. Dans d’autres, il a été demandé aux élèves de cotiser pour payer le dispositif de lavage de main. Loin des yeux des autorités en charge de l’éducation, d’autres établissements font avec les moyens de bords.

Aujourd’hui, les conséquences de ce laisser-aller dans la gestion des établissements scolaires sont là. « Je ne suis pas contre la réouverture des écoles. Les élèves ne doivent pas être les victimes collatérales des mesures sanitaires. Mais il faut faire les choses correctement. Les contaminations parmi les élèves, c’est d’abord l’illustration du fait que les autorités ne sont pas strictes. C’est tout simplement du laxisme », a pesté un parent d’élève. Une légèreté que nous avions déjà relevé dans l’une de nos précédentes parutions comme un danger auquel court l’Etat togolais. Aujourd’hui, les faits nous donnent amplement raison avec la série inquiétante de contaminations officiellement annoncées.

Autre preuve de l’impréparation de cette rentrée, les tests des élèves transfrontaliers. Il a fallu attendre la veille de la reprise des cours pour que le coordonnateur national de la coordination de gestion de la riposte au Covid-19, propose un dépistage systématique pour tous les élèves résidant hors des frontières avant la reprise partielle des classes. Cette tâche délicate a été confiée aux préfets et aux comités locaux de gestion de la riposte au Covid-19. Alors que la gestion de la crise par les comités locaux est décriée par plusieurs observateurs justement pour leur laxisme.

Des écoles fermées de nouveau ?

Réclamée par une partie des parents d’élèves et des enseignants, la réouverture des écoles avait, suscité nombre de questionnements auprès de toute une frange du secteur. Ces interrogations dont certaines portent sur le test des enseignants et des élèves n’ont pas trouvé de réponse avant la reprise des cours. Certains observateurs qui avaient parlé « d’une rentrée trop précipitée et insuffisamment préparée » semble avoir raison.

Aujourd’hui, peu à peu, les établissements scolaires se transforment en de nouveaux clusters de la maladie. Comme ce fut le cas dans d’autres pays où une situation similaire s’est présentée, l’on se demande si les autorités vont fermer les écoles concernées et testés tous les contacts. Pour l’instant, aucune annonce n’a été faite à ce sujet.

Certes, il nous revient aussitôt la première contamination enregistrée dans les écoles, l’autorité a pris des décisions pour éviter au maximum le contact entre les élèves. Mais trop tard, est-on en droit de s’exclamer. L’on aurait pu le faire en amont pour éviter la situation actuelle plus qu’inquiétante.

Source : Fraternité