test covid-19
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Après 3 mois de gestion de la pandémie, le gouvernement a décidé que les tests de coronavirus seront désormais payants au Togo. Une décision motivée par l’ouverture prochaine des frontières. Au-delà de l’argument du coût servi entre autre par le gouvernement togolais cette décision fait peur à plus d’un titre et suscite des interrogations quant à son efficacité.

Dans les prochains jours, tout candidat au test de la Covid-19 devrait débourser environ 65.000 FCFA. « Tout est gratuit jusqu’à maintenant pour identifier le maximum de cas, les confiner et les traiter. Avec l’ouverture prochaine des frontières, il y aura beaucoup de demandes. Les tests devront être facturés», a indiqué Wembo Halatoko, la directrice générale de l’Institut national d’hygiène (INH) citée par le site republicoftogo.

De qui parle-t-on ?

C’est la première interrogation qui revient avec insistance. En effet, aucun détail n’a été donné sur les personnes qui devraient payer leurs tests. Ce qui peut prêter à confusion. A titre d’exemple, au Bénin voisin, où les tests sont également payants, seuls les voyageurs sont concernés. Et pour cause, contrairement à de nombreux pays de la région, l’espace aérien du Bénin est resté ouvert depuis le début de la pandémie. Pour empêcher la propagation du virus, un centre de tri et de dépistage de la Covid-19 a été mis en place à l’aéroport international de Cotonou afin de favoriser la détection précoce et le contrôle du virus. Chaque passager (Béninois ou étranger), est obligatoirement soumis au test et doit payer une somme de 100.000 Fcfa correspondant aux 4 tests diagnostiques rapides (Tdr) et réaction de polymérisation en chaîne (Pcr, en anglais Polymerase Chain Reaction) pour les frais de dépistage.

Comme susmentionné, au Togo, aucune précision n’a été donnée sur le sujet. Et déjà, les informations sont inquiétantes. En effet, il y a quelques jours, une vingtaine de personnes, toutes employées d’une entreprise dans la zone franche ont été testés positives à la Covid-19. Selon des sources concordantes, l’entreprise aurait payé un forfait de 25 000 FCFA par employé pour les tests.

Une pratique qui a eu lieu avant la décision du 12 Juillet dernier.

Une décision dangereuse…

Cette décision est, à plusieurs égards, dangereuse. Et pour cause, elle pourrait décourager les citoyens volontaires mais aussi les entreprises qui doivent supporter les charges liées au test en cas de contamination sur le lieu du travail à l’heure où justement les tests de masse sont encouragés. Et ce pour deux raisons principales : pour savoir qui vit avec le virus et qui l’a déjà eu.

En effet, le fait de disposer de ces informations pourrait aider les services de santé à prendre des mesures plus tôt. Cette disposition a déjà fait ses preuves.

Il nous souvient que le payement des tests dans le cas des maladies infectieuses a montré ces limites. C’est le cas du Vih. la cherté des tests de dépistages a beaucoup contribué à la progression de la pandémie du Sida dans le monde, surtout sur le continent africain. Mais depuis que ces tests sont devenus gratuits et libéralisés, le taux de prévalence a été sensiblement réduit dans plusieurs régions du monde. Doublé à la gratuité des antirétroviraux, la baisse du taux de prévalence a été de 39% en 2019 selon l’Onusida.

Cette décision est encore plus surprenante dans un pays où au moins de 53% à 69% de la population vit sous le seuil de pauvreté avec moins de 1000 FCFA par jour.

Et si on récupérait les milliards détournés pour la cause Covid ?

Pourtant, dans le même pays, les détournements massifs des derniers publics sont devenus monnaie-courante. Selon Global Financial Intégrity (GFI), chaque année environ 1 000 milliards de Fcfa quittent le Togo pour les paradis fiscaux. Ces ressources alimentent des comptes offshores de ceux qui ont décidé d’installer une situation d’inamovibilité du pouvoir à la tête du pays. Les instruments de lutte contre la corruption, notamment la Cour des comptes, l’inspection générale des finances, la Haute autorité pour la prévention et la lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Hapulcia) et la justice sont réduits au silence. Autant de mannes financières qui auraient pu être d’une grande utilité dans cette crise sanitaire. Au lieu de déclarer la guerre aux grands criminels de la République, on préfère éroder encore plus les poches déjà trouées des citoyens.

En rappel, à la date du 13 juillet 2020, un total de 35457 tests de laboratoire ont été effectués sur toute l’étendue du territoire national, soit 4,60 tests pour habitants, pour 720 cas confirmés, 513 guéris, 192 actifs et 15 décès.

Source : Fraternité