Le « chef Togbui  » Apeto Hon VI

Agbassa Afi est désormais mère orpheline depuis le décès de sa fille unique suite à des violences conjugales subies de la part de son mari. Mais non seulement dame Agbassa est privée de son enfant, mais en plus le chef Togbui Apeto Hon VI lui a extorqué des biens en nature et en espèces d’une valeur de près de 175.000 FCFA suite à une plainte de la famille du père biologique de la défunte.

Lorsque nous avons appris la justice inique rendue par le chef canton de la ville de Kpalimé, nous avons sollicité sa part de vérité. Nous l’avons appelé à maintes reprises, mais il n’a pas décroché. Nous lui avons laissé un message. Mais depuis le 23 avril 2022, bien qu’il ait pris connaissance du message, Togbui Apeto ne nous est jamais revenu. De guerre lasse, nous avons exploité les informations que nous avons recueillies. De quoi s’agit-il ?

D’abord une femme et sa fille abandonnées par un mari invisible

Mariée il y a une quarantaine d’années, dame Agbassa mit une fille unique au monde, répondant au nom de Emefa Amessuwo. Mais déjà l’enfant avait un peu plus de trois mois quand l’homme les a quittés, à la recherche d’un mieux-être. Il revint 5 ans plus tard et repartit de nouveau. Et depuis, plus aucune nouvelle de lui, bien que ses parents soient dans la même ville de Kpalimé. Après avoir abandonné l’école, Emefa apprit le métier de couture et décida de se marier. Les cérémonies furent organisées à cet effet. Une des tantes d’Emefa assista au mariage.

Des violences corporelles exercées par le mari d’Emefa qui occasionnèrent son décès

Il y a près de sept ans, elle mit un enfant au monde, mais qui décéda tôt. Peu de temps après, l’homme interdit à Emefa de rendre visite à sa mère parce que celle-ci lui aménagea un conteneur à sa fille pour lui permettre de faire le commerce de pagne. Une situation qui déplairait au mari de la fille.

Amessuwo Emefa, décédée 10 jours après par suite de violences conjugales

Et un jour, pour une affaire de crédit cash power, l’homme serait entré dans une colère noire et aurait passé à tabac Emefa. Tant et si mal que la fille fut transportée chez sa mère par un des apprentis du mari violent aux environs de trois heures du matin. Une dizaine de jours plus tard, la femme s’écroula et décéda, après avoir reçu un appel du jeune frère de son mari.

La famille du père d’Emefa s’accoquina avec le mari violent et voulut programmer les funérailles sur le 2 avril 2022, alors que la mère avait déjà tout programmé sur le 8 avril. Celle-ci voulut toutefois faire passer le corps par la maison familiale du père d’Emefa le jour des cérémonies avant de conduire sa fille à sa dernière demeure. Sauf que la famille du côté paternel d’Emefa enferma le corps à double tour dans la chambre où elle était déposée pour un temps avant de rejoindre le lieu des cérémonies.

Révoltée par la tournure que prenaient les événements, la mère fit appel aux jeunes de son quartier. Ceux-ci se rendirent dans la maison où était confisqué le corps et forcèrent la porte.

Lorsque le chef du quartier fut informé, il décida que la famille paternelle de la défunte achète un nouveau cercueil différent de celui offert par le mari violent et de celui de la veuve. Les heures passèrent sans que la famille ne s’exécute. De guerre lasse, la veuve mit sa fille dans le cercueil à elle et on procéda à l’enterrement. Ceci fut le crime commis par dame Agbassa Afi.

Et le chef TogbuiApetoHon VI entra en scène

La famille paternelle, décidée à se venger de l’affront à elle faite par la mère orpheline, fit convoquer cette dernière par le chef canton de Kpalime, Togbui Apeto Hon VI. Selon les informations recueillies, lors de la rencontre, la dame a été soumise à un interrogatoire. De quel droit elle et sa famille ont-ils disposé pour procéder à l’enlèvement du corps de leur fille ? Qui sont ceux qui ont procédé à l’enlèvement ? La démarche entreprise était-elle la bonne ? Telles sont entre autres les questions qui lui ont été posées.

Le chef canton a demandé à identifier ceux qui ont transporté le corps afin qu’ils subissent la rigueur de la coutume. Mais vu qu’il lui est impossible de trouver les auteurs, les amendes ont été imputées à la veuve. Ainsi : 8 bouteilles de rhum Saint James, une bouteille de Schnaps, le tout converti en espèces pour une valeur de 48.000 FCFA ; la famille paternelle a également pris une bouteille de Schnaps et de Gin, deux litres d’alcool, un coq et une poule, une bouteille d’huile de palme, du vin de palme, 5 litres de boisson à base de maïs et deux bols de maïs.

Pour le chef canton et les autres chefs et notables, un bouc, un bélier, un coq et une poule, 2 bouteilles de Schnaps, 2 litres d’alcool, du vin de palme, de l’huile de palme, en plus d’un montant de 17.735 FCFA. Et lorsqu’on évalue toute la condamnation abusive de la mère ayant perdu sa fille unique, le total des amendes s’élève à 173.970 FCFA.

Mais la justice à sens unique érigée en mode par le chef canton est telle qu’à aucun moment, le chef canton et ses notables n’ont daigné donner la parole à la veuve afin qu’elle soit écoutée. Selon des recoupements, le chef canton n’est pas à sa première turpitude. Et pour nombre de ceux qui ont été convoqués par lui, tout a l’air comme si sa survie au quotidien dépendait des amendes qu’il fait infliger à ses administrés. L’énormité des amendes fait jaser dans la ville au point que certains estiment que « le chef Togbui Apetor est devenu un bourreau » des populations de par ses amendes in justifiées.

Les chefs cantons ne sont-ils pas payés ?

Les chefs cantons sont-ils payés? Que dit la coutume lorsqu’il est question de condamner des citoyens: agir sans écouter toutes les parties, ou bien faire preuve d’impartialité ? Le côté triste de l’affaire est qu’à aucun moment, l’auteur des violences ayant entrainé le décès de la jeune femme n’a jamais été évoqué par le chef canton. Comme si celui-ci donnait l’absolution à ceux qui portent la main sur la femme en général. A moins que la violence conjugale ne soit consacrée par le chef canton. Que disent le ministre Payadowa Boukpessi de l’Administration territoriale et le Procureur général près la Cour d’appel de Lomé sur de pareils comportements de la part d’un chef canton?

Godson K.

Source : Liberté / libertetogo.info