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Ils sont nombreux –certainement des milliers-, ces fonctionnaires d’Etat à être admis à la retraite sans avoir eu droit à leurs indemnités de départ à la retraite. Certains sont partis il y a plus de 20 ans. Faure Gnassingbé est-il conscient de la situation de précarité dans laquelle vivent ces derniers? De par son statut social et sa situation financière, peu probable qu’il veuille se mettre ne serait-ce qu’une fois à leur place. Faure Gnassingbé fait partie de la caste des privilégiés : né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Ne serait-ce pas la raison pour laquelle malgré sa promesse d’apurer ces arriérés, rien n’est fait à ce jour ? Mais sait-il seulement que, ce faisant, il encourage les fonctionnaires en poste à user de tous les moyens pour voler et détourner avant d’être admis eux aussi à la retraite ?

Un mort n’a jamais réclamé de droits. Les uns après les autres, des fonctionnaires d’Etat ayant servi la nation avec honnêteté et probité passent de vie à trépas. Certains sont encore de ce monde. L’un des principes avec lesquels ils avaient servi le Togo et dont l’un était : « On ne touche pas à aux fonds publics ; ils sont sacrés ».

Dans les statuts de la fonction publique, il était consacré l’octroi d’indemnités de départ à la retraite aux fonctionnaires qui, après de bons et loyaux services rendus à la nation, arrivent en fin de mission et devraient jouir de leur repos mérité. Afin de les accompagner pour le restant de leur vie sur terre, l’Etat togolais avait prévu une indemnité de départ à la retraite qui pouvait équivaloir à une année de salaire, selon des calculs. Et cette somme leur était versée aussitôt admis à la retraite. Certains l’avaient perçue avant de toucher leur premier mois de pension.

Mais il fut un moment où, plus précisément en 1997, pour des raisons de dette de la Caisse de retraite du Togo (CRT), cette indemnité était gelée. Non pas abrogée. La preuve, Faure Gnassingbé lui-même, dans son adresse à la Nation la veille de la fête d’indépendance du Togo, le 27 avril 2019, est revenu sur la question. « Nous restons attachés à la recherche de l’amélioration des conditions de vie des citoyens. J’ai instruit, dans ce sens, le gouvernement de prendre en compte – dans le cadre du prochain budget – les préoccupations visant à améliorer le pouvoir d’achat, à travers la revalorisation – dès janvier 2020 – de la valeur indiciaire. Dans la même dynamique, le gouvernement intensifiera les consultations et engagera les études actuarielles nécessaires pour la reprise – toujours dès janvier 2020 – de l’allocation de départ à la retraite, d’une façon soutenable et compatible avec la poursuite des efforts d’assainissement de nos finances publiques. De plus, les dispositions sont d’ores et déjà prises pour la construction de deux locaux qui seront mis à la disposition des associations pour servir de maisons des retraités », avait-il déclaré.

Après la loi de finances, gestion 2020, le gouvernement en est désormais au budget programme 2021-2023. Et, au moment où les populations tirent le diable par la queue financièrement parlant, l’Assemblée nationale togolaise donne son quitus à une loi de programmation militaire qui coutera, de 2021 à 2025, plus de 722 milliards FCFA de dépenses en armements –souvent vétustes- et en recrutements.

Nulle part, il n’est inscrit une initiative des députés à l’endroit des personnes du 3ème âge. Aucune proposition de loi allant dans le sens de la régularisation de leur situation de précarité, surtout ceux qui, depuis 1997, (d’autres depuis 2000) sont restés sans avoir touché à leur indemnité de départ à la retraite.

Dans ce sens, nous avons rencontré un fonctionnaire retraité qui, outré, nous assure que s’il lui était donné d’avoir le chef de l’Etat en face de lui, il le préviendrait en les termes suivants : « Sachez ceci, Monsieur le Président, tant que vous ferez semblant d’ignorer la situation des retraités ayant droit aux indemnités de départ à la retraite, retenez que le vol et les détournements de deniers publics auront toujours cours au Togo. En nous négligeant, vous donnez un signal à ceux qui sont actuellement en fonction de faire en sorte de se constituer leur indemnité de départ, étant donné qu’ils n’en auront pas quand viendra leur heure de quitter la fonction publique ». Sans commentaire.

Ce fonctionnaire d’Etat est d’autant plus remonté que durant sa carrière, il avait eu à gérer un portefeuille d’une cinquantaine de milliards FCFA de l’Etat togolais, mais les inspections n’ont jamais rien trouvé à lui reprocher. Mais admis depuis plus de 20 ans à la retraite, il attend, il espère qu’enfin, Faure Gnassingbé veuille reconnaître qu’au Togo, il y a encore des fonctionnaires honnêtes, malgré tout.

Godson K.

Source : Liberté N°3327 du Lundi 15 Février 2021