L’energumène Gogoligo (gauche) | Photo : DR

Au pays des aveugles, le Borgne est roi. Cet adage contemporain siet parfaitement au Togo de Faure Gnassingbé où, par zèle et militantisme aveugle, tout cartouchard peut tout se permettre. Il restera ainsi en mémoire le cas Gogoligo qui dans une vidéo publiée au lendemain de la publication des résultats par la CENI, donnant vainqueur Faure Gnassingbé. Elément visuel dans lequel cet artiste arriviste mué dans la peau d’un militant s’est royalement donné des airs d’irrespect en s’attaquant ouvertement, toute honte bue, à l’Archevêque Émérite de Lomé, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro.

La dérive de trop

On le connaît déjà par ses égarements faits d’écarts de langages et de comportements, de calomnies et de délations envers ses détracteurs. Des agissements qui sont moins bruissants et attirent moins d’attention, dans un ring de congénères en mal de sensations, de popularité et surtout, d’estime. Mais cette fois-ci, il a franchi le rubicond. Par des mimes et insinuations délirantes, le Sieur N’tsuley Komi Emmanuel alias Gogoligo, dans une vidéo d’une minute trente-cinq secondes, s’en prend verbalement à Mgr Kpodzro. Ceci, pour avoir servi de parrain au candidat Agbeyome Kodjo, principal challenger au président sortant lors du scrutin de samedi. Quelle bassesse !

Comme cela ne suffisait pas, ce dernier, au devant d’une procession de militants de Unir déchaînés, s’est rendu, toujours lundi, au quartier Amadahome, plus précisément en face de la résidence du Prélat pour célébrer, en pompe, au sons et rythme de fanfare, la réélection de Faure. Le comble ! Pire, au-delà de la provocation, cette résidence comprend une infirmerie, donc des malades internés qui avaient besoin de repos mais dont la quiétude a été sérieusement mise à rudes épreuves par l’insolent concert d’un revanchard à deux balles. Malheureusement encore, les regards curieux ont intercepté, dans la masse, le véhicule de commandement du Maire de Golfe 5, Kossi Agbenyegan Aboka, certainement au cœur de la machination. Ce que ne dément fort heureusement pas son cabinet. «Est-ce interdit qu’une caravane passe devant la maison du prélat qui plus est une ruelle de la Commune Golfe 5?», se demande, sans égards, sur une plateforme de discussions WhatsApp, un de ses Conseillers. Et de poursuivre d’un raisonnement ubuesque, semblable à celle d’un véritable clochard : « C’est normal pour un Maire de sillonner son territoire pour plusieurs raisons. Gogoligo est un citoyen togolais comme toi et moi. Il peut emprunter n’importe quelle voie de la capitale pour ses besoins». C’est donc clair que c’est une machination bien orchestrée dont a été victime le doyen des Évêques du Togo qui culmine, cette année, ses 90 ans. Une dérive de trop qui mérite qu’on s’y attarde, même si cela n’est pas de la tradition de notre Rédaction de s’intéresser à des scènes si viles et puériles.

Pour qui se prend-on ?

L’attitude adoptée par le natif de Agome Kpodzi (Kpalime), convient-il de le dire, n’est, en d’autres termes, que celle de ces esprits hooligantistes qui croient que les liasses de CFA suffisent pour se dire Dieu. Oh lala ! Voilà l’autre visage de la douleur des togolais qui sont obligés du supporter les zèles révoltants de cette clique qui n’a rien fait de plus méritant que d’être opportuniste au rendez-vous du vice et de la déshumanisation. Leur trophée, c’est un semblant de succès qui leur monte aveuglement à la tête. Normal ! Comme Patrice Talon le dit si bien, ceux qui font le zele, la delation et autres n’ont tres souvent aucun contenu. Du haut de son éphémère gloire, ce dernier ne nourrit aucun respect à son semblable. Mieux encore, preuves à l’appui, il se transforme en véritable gourou contre les habitants de son quartier qu’il torture, aussi bien physiquement par le truchement de ses gros bras, que psychologiquement par ses agissements au nom de Faure Gnassingbé.

Pourtant, ce dernier pour qui Gogoligo ne jure que ces dernières années pour narguer les togolais n’a daigné égratigner, dans ses propos, lors des campagnes, Mgr Kpodzro, pendant qu’il avait toutes les raisons de se laisser aller lorsque le Prélat s’en était pris à lui, et en des termes très peu courtois. Il en est de même pour les collaborateurs directs du Chef de l’Etat, notamment ses ministres qui n’ont, en aucun moment, évoqué le nom du Prélat dans leurs speechs. Non parce qu’ils ne pouvaient pas le faire, mais en vertu du respect à l’autorité qu’incarne Mgr Kpodzro. Qui est donc Gogoligo pour oser manquer de respect à ce point au patriarche de l’église catholique au Togo? Aucune raison ne saurait le dédouaner si ce n’est l’inconscience et la petitesse d’esprit. Mais alors…

A qui la faute ?

Sans ambages, au pouvoir cinquantenaire qui excelle dans la promotion de la médiocrité. Lequel dont les pontes ont maladroitement hissé à une place qu’il ne mérite guerre, au milieu d’un parterre de talents laissés pour compte, un humoriste provocateur. Et c’est sans nul doute le fruit à payer en voulant faire d’un type de ce genre, la caisse à résonance d’un parti qui a, pourtant, des têtes bien faites et pensantes. Aujourd’hui, il est d’une urgence au Parti Unir, par le biais de son comité de Sages que préside Charles Kondi Agba de vite rappeler à l’ordre, cet individu qui prend de plus en plus la posture d’une pourriture. Pourquoi pas le Chef de l’Etat qui, sans nul doute, ne serait pas content de la prestation piteuse de son poulain. Sans oublier une autorité communale comme Aboka qui cautionne une telle singerie qui ne dit pas son nom. Mais en attendant, que Sieur Gogoligo, s’il a encore une personnalité, médite si profondément sur une citation de l’ancien Président béninois Hubert Maga qui dit: «Il n’existe que des intouchables de l’instant, des timoniers du temps, des maîtres du moment. Le temps est le maître de tous les maîtres. Il faut rire de tout. Mais devant les grandes décisions de la vie réfléchissez à hier et pensez à demain. Parce que la nature dans sa comptabilité est incorruptible et aucune facture ne restera impayée. La nature est juste».

Certes, Gogoligo est libre de son choix politique. De même qu’embêter qui il veut, si bon lui semble, puisqu’il a démontré à plusieurs reprises que l’humilité l’a quitté bien longtemps. Mais de grâce, embêter par des railleries un vieillard du rang de Kpodzro, qui plus est un Homme de Dieu et autorité morale, pour un jeune qu’il est, fait partie des œuvres que la nature comptabilise précieusement.

Source : Fraternité N°349 du 25 février 2020 (fraternitenews.info)