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Cette année 2021, Faure Gnassingbé n’a pas osé prononcer un discours à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance. Mais dans les années passées, notamment en 2019, il a prononcé un discours dont les mots résonnent toujours dans l’inconscient des Togolais, ceux du 3ème âge. Deux ans après la promesse à eux faite, les retraités n’ont pas encore été satisfaits.

Avril 2019. Dans une allocution empreinte de flatterie, Faure Gnassingbé se pose en homme providentiel pour les retraités et leur promet monts et merveilles. « Nous restons attachés à la recherche de l’amélioration des conditions de vie des citoyens. J’ai instruit, dans ce sens, le gouvernement de prendre en compte – dans le cadre du prochain budget – les préoccupations visant à améliorer le pouvoir d’achat, à travers la revalorisation – dès janvier 2020 – de la valeur indiciaire. Dans la même dynamique, le gouvernement intensifiera les consultations et engagera les études actuarielles nécessaires pour la reprise – toujours dès janvier 2020 – de l’allocation de départ à la retraite, d’une façon soutenable et compatible avec la poursuite des efforts d’assainissement de nos finances publiques. De plus, les dispositions sont d’ores et déjà prises pour la construction de deux locaux qui seront mis à la disposition des associations pour servir de maisons des retraités », avait-il récité.

En cette année 2021, cela fait donc deux ans que ce discours a été prononcé et ses promesses faites aux fonctionnaires et aux personnes du 3ème âge. Mais pour rester fidèle à ses principes selon lesquelles la parole d’honneur n’existerait pas, Faure Gnassingbé n’a rien fait pour l’effectivité de ces mesures annoncées, surtout les indemnités de départ à la retraite. S’il avait bougé le petit doigt, quelque chose aurait été accompli parce qu’on suppose qu’il évoquait une situation dont il maîtrise les tenants et les aboutissants.

En janvier 2021, soit un an après la date d’entrée en vigueur de ces promesses mirobolantes, les retraités ont décidé de sortir du silence pour interpeller le chef de l’Etat. En effet, en faisant cette annonce, Faure Gnassingbé ne faisait que répondre « favorablement » aux doléances des fonctionnaires admis à la retraite. «Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore gain de cause, comme on le pensait. Le 1er mai 2018, nous avons déposé un cahier de doléances. Le 1er mai 2019, nous l’avons encore déposé. Nous avons aussi touché le Premier ministre Klassou, mais pas de gain de cause », s’est plaint Mme Doglan-Adédjé Massan Lonlonu, Secrétaire Générale du Syndicat national des retraités du secteur public du Togo (SYNARESEP-Togo) en marge d’une assemblée général. Le syndicat avait annoncé sa décision de saisir le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé, « une femme qui saura comprendre les pleurs des retraités». C’est sans compter avec l’insensibilité du gouvernement devant les cris et les misères que vivent les Togolais.

Pourtant, cette annonce du chef de l’Etat de remettre en place le paiement des indemnités de départ à la retraite a été accueillie avec enthousiasme et soulagement par les retraités. « Quand nous avons suivi le discours du chef de l’Etat, déclarait un responsable syndical, nous avons eu l’impression d’avoir été enfin entendus. C’est l’une des doléances que nous avons portées devant l’autorité depuis plusieurs années. Cette annonce nous a réjouis ». Pour un autre retraité, c’est une question de justice et de respect des engagements internationaux pris par le Togo. « C’est simplement une injustice qui va être corrigée, si le gouvernement se décide à verser les indemnités de départ à la retraite. Nous y avons droit. Les textes internationaux ratifiés par le Togo le recommandent », déclarait-il.

Au fil du temps, l’enthousiasme a fait place à l’amertume et à l’exaspération d’avoir été roulés dans la farine par une autorité dont la responsabilité oblige à ne pas faire de fausses promesses. « Nous attendons que le gouvernement mette en œuvre la reprise de l’allocation de départ à la retraite depuis deux ans. Malheureusement, ça tarde toujours. C’est difficile de croire que c’est le chef de l’Etat lui-même qui a fait cette promesse. Nous avons l’impression d’avoir été bernés, et ce n’est pas une bonne chose », a conclu notre interlocuteur qui, à l’instar de ses congénères, vit des jours difficiles.

Des conditions de vie injustes

Si les retraités ont continué de pousser des cris de détresse, c’est parce qu’ils vivent des difficultés au quotidien et se disent considérés comme des épaves. « Au Togo, nous, retraités, sommes laissés pour compte. Nous sommes traités comme un mort qu’on s’en va enterrer. Quand tu es admis à la retraite au Togo, c’est comme si tu ne vivais plus. L’Etat n’a plus de compte à te rendre et même quand tu cries, on ne t’écoute pas », s’est indignée la SG du SYNARESEP. Et d’énumérer quelques difficultés : « Le retraité togolais est face à plusieurs problèmes. Quand on a créé l’INAM, ce qu’on nous prélève aujourd’hui, c’est la même chose qu’on nous prélevait avant notre retraite. Mais ceux qui sont en fonction gagne plus que nous et nous avons plus de maux qu’eux parce qu’ils sont encore vigoureux. Nous n’avons pas notre marché à part. Quand le bol de maïs est à 1000 FCFA, c’est pour nous tous. Il faut que le panier de la ménagère soit révisé pour le retraité parce que quand l’Etat procède à des augmentations de salaire à ceux qui sont en fonction, on ne tient pas compte des retraités… Certains perçoivent 7.000 FCFA comme pension de retraite ».

Depuis la promesse de Faure Gnassingbé en avril 2019, le silence est entretenu par le gouvernement. Ce silence a été rompu en décembre de la même année par Christian Trimua, ministre des Droits de l’homme, qui a réitéré la promesse du chef de l’Etat. De la poudre aux yeux puisque deux ans après le discours de Faure Gnassingbé, les retraités togolais crient toujours leurs misères.

G.A.

Source : Liberté

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