Quand nous avons appris les premières atrocités commises par les sauvages en treillis au Togo sur des citoyens au début du couvre-feu et que nous nous sommes indignés, des individus, qui veulent qu’on les prenne pour des gens sincères, sont montés au créneau, nous demandant de ne pas tout politiser au Togo, qu’ailleurs dans d’autres pays africains des citoyens ont été également violentés pour n’avoir pas respecté le couvre-feu. Le raisonnement de charognard: ailleurs on déguste de la charogne, donc je dois aussi en faire.

Les sauvages en treillis ont été ainsi encouragés, puisque carte blanche leur a été donnée de brimer comme cela se fait ailleurs. Ils ont augmenté le niveau de violence et ont failli crever l’oeil à un jeune homme qu’ils ont blessé au visage. Les mêmes lugubres individus, qui veulent qu’on les prenne pour des gens de bonne foi, sont partis gribouiller nuitamment un communiqué avec leurs maîtres pour venir nous montrer que les autorités togolaises puniront les bavures. La manœuvre est simple : que nous fermions nos gueules sur les brimades.

Voilà maintenant qu’après avoir roué de coups une vieille sexagénaire, ces miliciens assassinent un jeune homme à qui ils auraient explosé les testicules. Et les tueurs vont encore trouver au sein de ce peuple des gens pour les défendre.

Notre grand problème est que nous sommes devenus, Togolais, un peuple bourré de trop de traîtres, de larbins, de lâches, de délateurs, de cupides. Il est impossible, dans notre pays, de se battre, d’une même voix, pour une cause, aussi noble qu’elle soit. Il y aura toujours, quelque part, l’arrogante voix d’un traître, d’un roublard, d’un cupide qui défendra ses maîtres, les bourreaux.

Dans aucun pays de ce vaste monde, les citoyens ne se taisent sur les violences commises sur leurs frères et sœurs. Mais le dire au Togo revient à devenir quelqu’un qui politise tout, qui fait la politique politicienne, qui agit sous l’émotion, qui n’analyse pas…

La roublardise, dans notre Togo, donne des leçons de morale à l’honnêteté. La lâcheté ordonne le silence au courage. La traîtrise éclipse la loyauté. Les délateurs sont érigés en éclaireurs que tout le monde finit par applaudir, et les traîtres n’ont plus aucune sanction à craindre, puisqu’ils finissent par être sanctifiés et adulés.

Des millions de jeunes et d’adultes, élites et masses populaires, hommes et femmes, qui marchent les têtes baissées sur leur panse, traîtres et cupides jusqu’à la moelle épinière, mais…

David Kpelly

David Kpelly