Changerons-nous jamais de musique
Dans cet opéra, fou drolatique ?
Quand le fraudeur, toujours hors-la-loi
Dont le monde entier connaît la mauvaise foi
Nous joue une pièce supposée nouvelle
Mais bien dans le genre de son papa
Qui laisse le peuple écrasé, baba
Face à cette composition pêle-mêle
Dénommée élection-farine-riz
Ou scrutin- à-renfort-de billets
Où les électeurs sont bien nourris
ET à ceux qui disent non, mille regrets
Ils seront par tout moyen contraints
Qu’ils se vouent aux démons ou aux saints
Enlèvements, tueries, torture
Ou encore exil les obligent bien
À dire au clan Gnassingbé : amen
Ainsi se poursuit l’aventure

Dans le bain des années soixante-trois
Le régime parfois est aux abois
Et se demande sur quel pied il danse
Pour nous l’espoir alors est immense
Le clan hésite, observe un instant
Cachant la tête, puis la ressortant
Recourt de nouveau à sa machine
Ruse, riz, billets de banque et farine
Lorsque le dispositif échoue
Il sort promptement l’arme dont il joue
Dès le début de la tragédie :
La terreur dans toute l’ignominie
Dont un être dit humain est capable
Un être qui, à voir de près, ressemble
Aux fauves dans une grotte préhistorique
En quoi a-t-elle donc changé, la musique ?
Et, en quoi doit-on changer de danse ?
Elle ne sera pas de réjouissance
On ne l’appellera pas Kamu
Quand la confusion s’installe partout
On ne l’appellera pas Lawa
Car elle n’exprime pas du tout la joie
Et elle ne ressemble pas à Akpè
Pour quiconque au Togo s’y connaît
De cette danse les pas ne sont pas
Ceux de Bankonsiek, Abal, Simpa
Ni à Kondona, ni Tumewoe
Comme déjà vous tous vous le voyez
C’est une danse macabre et diabolique
Sur un air lugubre et chaotique
Aux gesticulations incertaines
Aux grimaces forcées françafricaines
Aux mimiques communautaires bien payées
Pirouettes et voltiges intéressées
Vifs sauts, soubresauts et cabrioles
Cette danse n’a rien de celles de chez nous
Mais ressemble à celle que dansent les loups
Tout prend des allures colorées folles

Les loups n’accordent pas de chance aux moutons
Ceux-ci n’ont qu’á fuir, saisis de frissons
Musique de facture européenne
Qu’on interprète comme bien onusienne
Autour d’un homme qui rêve d’être empereur
Montagne d’ossements et fleuve de sang
Font partie de la géographie
De cette bien bizarre démocratie
L’homme fait régner partout la terreur
Usant de tout pour défendre son clan
Mais, jusqu’à quand ? Réveillez-vous donc !
Chers Compatriotes, changeons de ton.

Sénouvo Agbota Zinsou
Munich, Allemagne
[25 février 2020]

Sénouvo Agbota Zinsou