Ayayi Togoata Apedo-Amah
Ayayi Togoata Apedo-Amah | Photo : DR

Après les sanctions prises par les chefs d’État de la CEDEAO contre le peuple malien, l’opinion publique ouest-africaine s’est très largement révoltée contre l’étranglement des frères maliens par un syndicat de dictateurs qui ne nous représente pas, faute de légitimité. Or la légitimité dont il s’agit est celle vouée à la défense des intérêts des Africains par des Africains pour des Africains. Elle est une lutte pour l’indépendance et le développement. Elle n’est pas, cette légitimité, une politique de dépendance au service de nos asservisseurs, dont la France, contre nous-mêmes. Ce n’est pas la gestion du sous-développement qui fait du surplace.

Tous les peuples d’Afrique ont dénoncé le crime contre le peuple malien. Sur d’autres continents, les dirigeants auraient déjà changé de politique ou démissionné. Bien sûr, en Afrique, les dirigeants politiques ne connaissent pas le mot démission. Le pouvoir est considéré comme une propriété privée voire un butin par certains.

Le cas malien confirme l’existence d’une opinion publique et d’un espace public dans des pays naguère muselés par la pensée unique des dictatures iniques. Le peuple est une force, le seul détenteur de la souveraineté. Il ne s’agit pas de crier à la souveraineté nationale lorsque des dictateurs voleurs d’élections sont pris la main dans le sac.

Le crime contre le peuple malien doit servir de leçon à toutes les sociétés civiles et tous les partis politiques de nos pays pour qu’ils s’entendent et s’unissent autour de l’essentiel lorsque l’essentiel n’est pas acquis. Qu’est-ce que l’essentiel ? La libération nationale et la rupture avec le pacte colonial. L’essentiel n’est pas l’organisation d’élections démocratiques par des politiciens qui pissent sur la démocratie, des députés à l’Assemblée nationale et des ministres cravatés et costumés. A quoi sert tout cela si nos pays ne possèdent pas de monnaies solides ( pas les cedis et nairas bidon que refusent les ressortissants des pays qui frappent ces monnaies pour quémander des francs CFA, des dollars ou des euros) et des économies qui transforment sur place nos matières premières pour passer à l’ère industrielle ?

Les gouvernements fantoches au pouvoir ne sont que des tristes marionnettes au service des puissances étrangères comme l’a si bien illustré la CEDEAO des dictateurs au Mali.

De telles institutions sont indispensables, mais il faut les arracher des pattes des dirigeants fantoches pour créer une CEDEAO des peuples au service des peuples. Si nous prenons l’économie togolaise, en soixante-deux ans de pseudo-indépendance, ce pays ne fabrique même pas une épingle ! Ces règnes politiques au cours desquels rien ne se créée, à part plus de misère, font le lit de la dépendance et de la domination étrangère.

Ayayi Togoata Apedo-Amah