Faure Essozinma Gnassingbé | Photo : RoT

Il n’y a pas de hasard dans la gestion publique décente et distributive d’une satisfaction partagée. Il faut s’y préparer; il faut se lever tôt pour y arriver. Le seul fait d’avoir eu un père président –et quel président?-, ne prépare en rien à exercer le pouvoir au Togo. Particulièrement pas dans un pays discrètement et solidement forgé au seul poignet de la compétence politique de ses fondateurs.

Si les rejetons de Sylvanus Olympio lui-même n’ont fait que se découvrir inaptes et naufragés dans l’espace politique togolais, ce n’est certainement pas un Faure Gnassingbé qui, lui, ratait ses cours et ses formations, qui viendrait chausser les ambitions d’un pays, de tout temps présomptueux sur son devenir, après être passé des Allemands aux Anglo-Français.

Complètement à terre, le Togo ressemble aujourd’hui à une « amertume grandissante », rien de moins qu’un baril de poudre qui n’attend qu’une aventureuse étincelle. Curieusement, c’est le régime de Faure Gnassingbé qui alimente assidûment cette flammèche, allant d’excès en excès, d’une illusion à l’autre, seulement pour avoir accumulé un arsenal de guerre contre son peuple, et craint comme un patenté fauteur de troubles par les pays voisins ouest-africains.

En tout état de cause, l’imposture gouvernant le Togo n’échappe à personne ; la prouesse d’être la Corée du nord d’Afrique reste difficile à cacher.

Ailleurs, on aurait interprété les moyens de sécurité monstrueusement ridicules mis en œuvre par le régime Faure Gnassingbé contre les Togolais comme : « trop de dictature au Togo, c’est comme pas encore assez ! ». Cette violence va toujours en s’agrandissant. En dehors de la violence physique, celle des armes et des renseignements, la cruauté caractéristique du régime togolais reste un traumatisme destructeur pour le commun des citoyens de ce pays.

Mon dernier message lu par Jean-Paul Oumolou le 3 novembre 2021 était un court texte « La Patrie avant les Partis« ; le lendemain, il devrait être kidnappé par le régime togolais. Les motifs de cette arrestation rocambolesque se devaient d’être échafaudés et fignolés, huit jours durant, pour être à la hauteur de l’ignoble supercherie de l’inculpation.

La dictature… Une décadence togolaise

Tout est muselé au Togo, mais l’opposition au régime des Gnassingbé et leurs Adowuinon et affidés, visibles ou déguisés, ne s’est jamais éteinte. Jean Paul Oumolou est de cette opposition acharnée contre laquelle la fabrication des accusations ne pouvait être que l’écho brouillon des chants du crépuscule d’un régime togolais en désarroi : appel à la révolte, au soulèvement et à l’insurrection du peuple et de l’armée ; apologie du crime ; outrage à l’autorité publique ; diffusion de fausses nouvelles et autres manigances désespérantes.

Trop souvent, les apparences sont trompeuses. Au Togo, il n’y a plus confusion ; le pouvoir connaît sa fragilité qu’il ne peut même plus se permettre aucune critique. Le pouvoir togolais ne peut même plus faire semblant d’être fréquentable ou conforme à l’air du temps. C’est comme dans un mauvais roman où l’on entendrait le personnage Gnassingbé proclamer : « Depuis 55 ans, je ne sais quoi faire pour me faire aimer. J’ai tout essayé, les Togolais ne m’aiment pas. Alors je n’ai de choix que de continuer à les éliminer. Je vous assure… Je n’ai pas de choix ! »

C’est bien la preuve que le Togo ne va nulle part sous Faure Gnassingbé qui, tous les jours, affronte le désespoir de son impréparation à assumer le Togo, à transcender le passif de son père et bâtir un autre pays hors du coup d’État permanent de la violence au quotidien. Cet amour du mal, cette adoration de l’antithèse, ce culte sans fin de l’anormal, tout cela trahit l’incapacité notoire du régime togolais à gérer la complexité qu’incarne toujours le Togo.

La dictature est un paradigme décadent. C’est pour cela que nous sommes en lutte, sans nous lasser, pour le retour à la République au Togo. Un retour à la Dignité qui tient en trois mots : Démocratie, Réconciliation et Développement. Un Togo du difficile Grand Pardon certes, mais un Togo qui nous ressemble et nous rassemble. Il est d’ailleurs trop tard de renoncer à ce Togo-là confirmé le 22 février 2020 par la majorité des citoyennes et des citoyens…

Pierre S. Adjété
Québec, Canada
12 novembre 2021

Pierre Adjété | Photo de courtoisie : PSA