David Kpelly

Je souris quand je lis des gens au pays demander pourquoi ce sont les Togolais hors du Togo qui sont plus remontés contre Faure Gnassingbé. Si ceux qui posent cette question ne connaissent pas la réponse, on peut la leur rappeler.

Les Togolais de la diaspora sont les plus remontés contre ce régime parce que c’est eux qui souffrent pour nourrir toutes leurs familles affamées au Togo.

C’est eux qui tâtent leur poche en soupirant de tristesse une fois que leur téléphone portable sonne et affiche « + 228  » parce qu’ils savent qu’on va leur demander de l’argent.

C’est eux qui ont l’impression qu’ils ne vivent que pour nourrir des gens qui laissent bazarder les richesses de leur pays sans broncher.

C’est eux qui sont obligés d’augmenter la pension qu’ils donnent à leurs familles chaque fois que les prix des denrées augmentent au Togo et que la population se morfond les mains entre les cuisses, incapable de réagir.

C’est eux qui connaissent ce goût amer de l’apatride qui sait que la terre sur laquelle il vit n’est pas, ne sera jamais la sienne et que sa propre terre est mise à genoux par des vautours.

C’est eux qu’on appelle même pour acheter de l’eau à la maison à Lomé quand le RPT-UNIR vide les caisses du trésor public pour confectionner des gadgets de campagne électorale.

C’est eux qui sont obligés de travailler nuit et jour sans jamais s’épanouir parce que pris en otage par toutes les mains quémandeuses de leurs familles.

C’est eux qui ne peuvent pas inscrire leurs propres enfants dans de bonnes écoles parce qu’ils utilisent une grande partie de leurs revenus pour payer les frais de scolarité de leurs frères dans des écoles privées à Lomé, l’État ayant utilisé tout l’argent destiné à entretenir l’école publique pour acheter des gaz lacrymogènes pour que Gerry Taama devienne député avec 17 voix.

Les Togolais hors du Togo sont les plus remontés contre ce régime parce que c’est finalement eux qui paient en grande partie la facture de la banqueroute de notre pays.

David Kpelly