Mme Adjamagbo de la DMK et le sieur Boukpessi | Infog: 27avril.com

«Aucune chaîne ne pouvant lier un cri, toute dictature est appelée à disparaître un jour. » (Jacques Nteka Bokolo)

Les responsables de la DMK (Dynamique Monseigneur Kpodzro), projettent de tenir un grand meeting dimanche 27 novembre 2022 dans la ville de Vogan. Trois sujets seront au programme dudit rassemblement: la vie chère, l’insécurité et bien sûr la crise socio-politique née des élections présidentielles du 22 février 2020. Et c’est justement ce dernier thème qui intéresserait tout regroupement politique dans n’importe quel pays qui connaît la situation du Togo que le ministre Payadowa Boukpessi, d’après une lettre envoyée aux responsables de la DMK, ne veut pas voir figurer au menu du la réunion du 27 novembre 2022. Et c’est pourquoi nous voudrions rappeler au ministre du gouvernement de fait du Togo que la cour constitutionnelle dont il s’appuie sur la décision pour décréter comme clos le processus électoral de février 2020 est une institution aux ordres qui n’a aucun poids face aux arguments légitimes d’une opposition togolaise qui se bat pour libérer le peuple.

L’assemblée nationale „mêêê“ est l’autre institution de la république qui insulte l’esprit des vrais pouvoirs législatifs à travers le monde. Quand des grands-pères et grands-mères de famille sacrifient la respectabilité de leur fonction, et surtout les intérêts de leurs concitoyens sur l’autel de leurs intérêts personnels et de ceux d’une minorité, peut-on encore parler de représentants du peuple? D’ailleurs, les supposés députés togolais ne sont élus par personne et votent des lois sans un débat contradictoire. Et cette situation de honte n’est possible que dans une démocratie trompe-l’oeil comme celle que nous avons au Togo; et le bi-hebdomadaire togolais, «L’Alternative» la décrit si bien: «l’Assemblée nationale UNIRcolore » remplie de députés dont le rôle est réduit, durant la législature qui tire vers sa fin, à lever machinalement la main et voter des lois sans un micron de débat contradictoire…»

L’instrumentalisation des institutions de la république pour régler des comptes aux adversaires politiques constitue l’arme favorite des régimes de dictature; et le pouvoir dictatorial des Gnassingbé ne s’est pas fait prier avant de mettre la justice, et toutes les autres institutions créées par ses soins, en coupe réglée. Qui ne se rappelle pas, par exemple, des trois détenus politiques du PNP, libérés le 31 août dernier par les juges de la cour d’appel, et qui croupissent encore en prison? Bien que le ministre de la justice, ainsi que le médiateur de la république fussent saisis, le procureur général Blaise Essolisam Poyodi refuse jusqu’à ce jour de leur délivrer le précieux sésame qui leur permettrait de recouvrer effectivement la liberté. Donc toutes ces institutions et tous ces postes de responsabilité aux sigles et aux titres ronflants, comme la cour constitutionnelle ou son président, le médiateur de la république, le procureur général, la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) ou son président, etc…ne sont que des coquilles vides, de surcroît inutilement budgétivores, qui n’ont de sens et de rôle que ce que le dictateur voudrait qu’ils fassent selon ses intérêts.

Nous savons que le régime politique de notre pays passe pour être champion dans le domaine des massives violations des droits de l’homme. Les assassinats de citoyens togolais, les nombreux exilés pour des raisons politiques, les plusieurs dizaines de prisonniers politiques qu’on refuse de libérer, sont des exemples de ce climat de terreur qui prévaut dans le pays. Et pour parfaire la triste comédie, on nous crée un ministère des droits de l’homme, dont le ministre titulaire est passé maître dans l’art d’applaudir les violations des droits humains et de nier l’existence de prisonniers politiques au Togo. Qui se moque de qui?

Voilà, Monsieur Payadowa Boukpessi, pour votre gouverne, quelques exemples de coquilles vides, dont votre fameuse cour constitutionnelle, qui servent d’institutions de la république, mais qui ne sont en réalité que des marionnettes entre les mains de qui tout le monde sait, pour donner l’impression que le Togo est une démocratie. «…Victoire nette et sans équivoque de Son Excellence Monsieur Faure E. GNASSINGBE à la Présidence de la République,» écrivez-vous. Mais vous êtes l’un des premiers à savoir que c’est faux; les problèmes politiques qui ont cours au Togo depuis au moins 2005, et qui se sont aggravés depuis, et auxquels il faudrait trouver des solutions pour que notre pays retrouve le chemin de la normalité, restent entiers. Jusqu’à quand le régime Gnassingbé va-t-il continuer à se payer le luxe de ressembler à ce capitaine sur un bateau en pleine mer, entrain de couler, et qui se comporte comme si de rien n’était ?

Samari Tchadjobo
Allemagne

Samari Tchadjobo | Photo: DR