Liverpool au sommet de l’Europe… et de l’ennui! Les «Reds» de Mohamed Salah, buteur sur penalty après 1 minute 48 secondes, ont étouffé Tottenham (2-0) lors d’une finale 100% anglaise et 0% flamboyante samedi en Ligue des champions, décrochant à Madrid leur sixième couronne continentale.

Alors que le spectacle avait été époustouflant en demi-finales, la finale la plus apathique de la décennie s’est décantée après 23 secondes de jeu, sur un penalty concédé du bras par le Français Moussa Sissoko, et transformé par Salah dans la torpeur du stade Metropolitano. Puis, au bout de la purge, une frappe croisée du Belge Divock Origi à la 87e minute a plié ce match somnolent.

Qu’importe l’ennui, la revanche est belle pour Salah, héros malheureux de la finale perdue l’année précédente par Liverpool face au Real Madrid (3-1). Ce maigre avantage a suffi au bonheur de son entraîneur Jürgen Klopp, enfin titré en C1 à sa troisième tentative.

Au coup de sifflet final, alors que le «kop» de Liverpool entonnait le fameux «You’ll never walk alone», le bouillant Klopp a enlacé calmement les gens de son staff avant de communier avec ses joueurs, casquette vissée sur la tête.

On ne retiendra ni le score, ni le scénario, digne des plus cyniques prestations de l’Atlético Madrid, habitué aux scores étriqués dans son antre du Metropolitano. On ne retiendra que le vainqueur, qui a fait parler son expérience de la C1 pour s’installer à la troisième marche du palmarès de l’épreuve-reine européenne derrière le Real Madrid (13 sacres) et l’AC Milan (7).

Madrid, c’était un mauvais souvenir pour les «Reds» l’an dernier, battus à la régulière par le grand Real. Cela restera cette fois comme un bon souvenir, un peu moins pour Tottenham, qui vivait sa première finale de Ligue des champions et n’a vraiment poussé que dans le dernier quart d’heure.
Coup de froid

Les finalistes avaient-ils laissé tout leur influx lors de demi-finales à couper le souffle? Comme lors de la précédente finale anglo-anglaise de la C1, entre Manchester United et Chelsea (1-1 a.p., 6 t.a.b. à 5) en 2008, on s’est ennuyé ferme sous les températures caniculaires du stade Metropolitano.

Tout avait pourtant commencé par un coup de froid, dès la première action: débordement de Sadio Mané, centre détourné de l’épaule, puis du bras par Sissoko et penalty sifflé après seulement 23 secondes -le plus rapide dans l’histoire des finales de C1.

L’opportunité était belle et Mohamed Salah, l’infortuné Salah sorti sur blessure après 30 minutes l’an dernier face au Real, a transformé en force face à Hugo Lloris pour glacer les supporters des «Spurs» placés derrière la cage. Mais ce 5e but de l’Egyptien dans cette C1, qui aurait dû enflammer la rencontre, a au contraire assommé tout le monde.

Les «Reds», pour ne pas se découvrir, ont allongé le jeu et outre l’intenable Salah (21e, 22e, 39e), seuls les latéraux Trent Alexander-Arnold, d’une frappe trop croisée (17e), et Andy Robertson, d’un tir claqué par Lloris (38e), ont instillé quelques frissons dans la torpeur ambiante.

De son côté, Tottenham s’est enferré à passer par l’axe mais ses approximations techniques l’ont empêché d’avoir des situations franchement brûlantes, exceptés deux tirs trop enlevés de Sissoko (10e) et Christian Eriksen (45e+1) et un contre mal négocié par Son Heung-min (20e).

Le pari Kane manqué

Quant au pari Harry Kane, titulaire alors qu’il n’avait plus joué depuis une blessure à une cheville en avril, il a fait long feu: aucune occasion en première période, et un timide centre en début de seconde!

Bref, après des heures à festoyer au soleil en dégustant les breuvages locaux, les milliers de supporteurs anglais pouvaient s’assoupir sans crainte. Et les passionnés qui ont dépensé sans compter pour acheter des places à la sauvette, parfois pour près de 5000 euros l’unité, n’en avaient pas vraiment pour leur argent.

Etait-ce la conséquence de trois semaines d’inactivité avant la finale ? Ou bien de ces températures estivales, si pesantes pour des organismes habitués au printemps anglais ?

La seconde période a été légèrement plus emballante, lorsque Tottenham, rescapé de tant de situations désespérées cette saison, a tenté de provoquer à nouveau le destin.

Mais le petit lob de Dele Alli n’a pas surpris (73e) le gardien brésilien Alisson Becker qui a ensuiteété vigilant devant Son puis Lucas Moura (79e), ou encore sur le coup franc enroulé d’Eriksen.

En 2018, les bourdes du gardien Loris Karius avaient plombé Liverpool. Cette fois, le portier des «Reds» avait la main ferme. Et même si celles d’Hugo Lloris, capitaine et gardien adverse, n’ont pas beaucoup tremblé, le Français s’est incliné en fin de match sur le tir croisé d’Origi, l’un des héros des demi-finales. L’ennui était fini, la nuit pouvait commencer.

Source : Libération + EuroNews