…pour le transport des poteaux vers le chantier à Limousine | Photo : DR / Liberté

Tous les citoyens qui empruntent la voie Limousine-carrefour Y ont dû le remarquer. Des travaux d’aménagement du terre-plein central sont visibles pour en faire une aire de stationnement payant. Mais les conditions entourant l’exécution de ce marché sont-elles optimales ? N’y a-t-il pas de responsables publics tapis derrière cette société qui, depuis sa création cette année, rafle tout dans cette commune ? Pourquoi le matériel roulant de la Direction des services techniques (DST) est-il mis à disposition de la société « Lampe et Lumière »?

Carrefour Limousine. Aux deux extrémités du terre-plein central, aucun panneau d’identification afin de renseigner le contribuable togolais sur ce qui se fait, le nom de la société attributaire des travaux, le délai imparti ainsi que le coût engendré. Même les ouvriers actuellement chargés de badigeonner les poteaux implantés refusent de donner le nom de la société en charge des travaux.

Nous nous sommes intéressés à ces travaux après avoir aperçu nuitamment un véhicule de traction portant la plaque d’immatriculation du gouvernement, en train de décharger des poteaux servant à délimiter l’aire de stationnement. Dans les textes des marchés publics, à moins que la mairie dont la commune abrite l’ouvrage ne soit elle-même exécutrice des travaux, il n’est pas normal qu’une structure administrative mette à disposition de l’entreprise attributaire des travaux, ses matériels roulants.

Société « Lampe et Lumière », nous a-t-on soufflé à l’oreille comme attributaire. Ce qui, dans notre entendement, suppose qu’il y a eu un appel d’offres et que c’est par un pur hasard que cette société a gagné le marché. Nous nous sommes donc mis à la recherche du siège.

Il est situé au quartier Soviépé, sur la rue passant devant la Polyclinelle Wossinou Gbogbo, côté Est. Nous avons découvert une place des fêtes tellement bien aménagée qu’on a de suite conclu que derrière cette société, devrait se cacherait une autorité. A l’entrée est stationné le véhicule aperçu les nuits en train de décharger les poteaux préfabriqués. Et en face de l’entrée, quelques poteaux sur le point d’être enlevés.

A la secrétaire qui nous a reçus et qui nous laisse entendre que ses patrons ne sont pas là, nous avons remis notre carte de presse et demandé qu’ils nous rappellent incessamment. C’était le 4 novembre. Depuis, les responsables de « Lampe et lumière » n’ont pas daigné rappeler.

Etant donné que c’est dans la commune du Golfe 5 que se font les travaux, on s’est rendu à la mairie. Il nous a été répondu que le responsable chargé des marchés publics était en déplacement au Trésor public. Promesse nous a été faite qu’on sera informé dès son retour. Là aussi, plus rien depuis.

L’exécution de ce marché se fait-elle suite à un appel d’offres, ou bien est-ce un marché gré à gré ? Pouvons-nous consulter le contrat liant la société Lampe et lumière et la mairie du Golfe 5 ? Quel est le coût de réalisation dudit marché ? Au cas où c’est un marché par entente directe, les conseillers municipaux sont-ils d’accord pour procéder ainsi ? Dans l’affirmative, peut-on consulter le procès-verbal ayant sanctionné la réunion qui en a décidé ainsi ? Qui est le propriétaire réel de la société Lampe et lumière ? Ce sont là quelques-unes des questions que nous aurions aimé poser au maire du Golfe 5. « Nous désirons obtenir un rendez-vous d’échanges avec vous sur les contours des travaux d’aménagement de l’aire de stationnement au niveau de Limousine », lui avons-nous envoyé le mercredi 10 novembre. Malheureusement, celui-ci n’a pas réagi à notre message.

Quid du véhicule de la DST mis à disposition de la société pour le transport des poteaux?

Avant l’attribution d’un marché, fût-il gré à gré, le maitre d’ouvrage s’assure que la société devant exécuter les travaux dispose du matériel nécessaire ; autrement, il existe plein d’autres sociétés équipées pour ce faire. Mais quand le maitre d’ouvrage en vient à mettre le matériel roulant de service à disposition de l’entreprise chargée des travaux, il y a conflit d’intérêts. Ou bien le responsable de la DST ou le maire serait actionnaire dans ladite société, ou bien il y a des relations incestueuses avec le responsable de la société ; ou alors, le propriétaire de cette société serait l’un d’entre eux.

Sur le site du District autonome de Lomé, on peut lire : « La Direction des services techniques (DST) est le bras opérationnel du District Autonome du Grand Lomé. Elle a pour attribution, la gestion et le suivi avec les services concédés des infrastructures, des équipements urbains et de la voirie. Elle assure aussi la gestion des moyens logistiques du District et la maintenance des équipements urbains ». La DST comprend « pour le moment 3 divisions »: Division Propreté, Urbanisme et Adressage, Administration et Ressources humaines.

Pour avoir appris que le véhicule mis à disposition de « Lampe et lumière » est la propriété de la DST, nous avons pris langue avec le Colonel Alaba, Directeur de cette structure afin de savoir laquelle de ces trois divisions a décidé.

A notre demande de rencontre, le Directeur nous a reçus et nous a fait comprendre que la DST est au service de toutes les 13 communes du Golfe et d’Agoè. Et lorsqu’une mairie sollicite des engins ou d’autres services pour ses besoins, la DST n’est pas tenue de savoir l’usage qui en serait fait. Et ce n’est pas la première fois que pareil service est sollicité. Ce qui signifie que la DST ayant remis le véhicule à la mairie du Golfe 5 ne serait pas informée que l’engin serait mis au service de la société « Lampe et lumière ».

« Lampe et lumière » et la concession de marchés par la mairie du Golfe 5

Qui est derrière cette société et pourquoi c’est à elle que la mairie de cette commune confie des travaux sans appels d’offres ? Cette pratique n’est pas connue dans les autres communes, mais la société « Lampe et lumière » est devenue en deux temps trois mouvements l’alpha et l’oméga de la mairie du Golfe 5. Tous les marchés où vendent les commerçants dans cette commune et la gestion des places dans ces marchés sont passés sous la gérance de cette société. Comment la mairie peut-elle contrôler les tickets émis sans se faire gruger par cette société ?

Mais personne ne sait les conditions dans lesquelles ces attributions sont faites, ni s’il y a des retrocommissions qui sont ou seront versées à ceux qui confient sans autre forme de procès ces marchés à ladite société. Autant de situations qui font dire que dans l’ombre de « Lampe et lumière », serait tapie une autorité. C’est la seule explication qui vaille et qui justifie que de telles pratiques aient cours.

Rappelons que la gestion des places dans les marchés faisait grincer des dents déjà chez les bonnes femmes. Bientôt, c’est celle des stationnements qui fera monter au créneau les usagers qui voudront stationner dans ce parking. Une société à peine créée et qui rafle autant de marchés dans une seule commune, sans appel d’offres au surplus, il y a matière à creuser plus profondément.

Et comme si ces attributions ne suffisaient pas, c’est encore la société « Lampe et lumière » qui s’est vu confier la gestion des abords du bar Camionnette à Cassablanca. Là-bas, les places publiques sont chèrement attribuées aux commerçants. On parle de 20.000 FCFA au moins par mois pour occuper la place publique. Qui pour contrôler ces recettes et pourquoi c’est toujours cette société qui semble trop collée à la mairie du Golfe 5. Encore une raison pour creuser et dévoiler la face immergée de cet iceberg qui emporte tout dans la commune du Golfe 5.

Godson K.

Source : Liberté / libertetogo.info