Zouréhatou Kassah-Traoré, Ministre des Infrastructures et des Transports | Photo : DR

Si nous avons estimé interpeller les autorités sur l’état de la route Amegnran-Afagnan et les travaux de réparations qu’on se propose d’y effectuer, nous étions loin d’imaginer que le tronçon Afagnangan-Agome Glozou-frontière Bénin, long de 9,6 km, était en projet pour sa réhabilitation complète et son électrification grâce à une aide extérieure. Le gouvernement assistera-t-il à cette dichotomie qui risque de s’installer sur une même route traversant la zone ayant vu naître le chef de l’Etat ? On veut croire que les travaux de réparations seront rapportés pour une véritable réhabilitation d’une route datant des années 1964.

Dans notre parution n°3596 du 7 avril 2022, nous avons rappelé promesse non tenue de Faure Gnassingbé, alors candidat à l’élection présidentielle d’avril 2015 de réfectionner la route Amegnran-Afagnan. Bien qu’il ait lui-même donné le premier coup de pioche, cette voie « RN 36 » a été rangée dans les oubliettes.

Mais lorsque le régime a décidé d’accorder un regard bienveillant à cette voie, c’est pour parler de travaux de réparation alors que sur toute la distance concernée, soit 8,9 km, les rares points où l’asphalte était encore visible sont épars et difficilement praticables.

La voie Afagnan-frontière Bénin aura un autre visage

Nous étions loin d’imaginer que quelques jours avant la parution de l’article, un Programme de de coopération transfrontalière locale (PCTL) piloté par l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) avec le soutien de la Direction du développement et de la Coopération Suisse a opté pour la réhabilitation de la partie Est de la voie, allant d’Afagnan à la frontière du Bénin en passant par Agomé Glozou, soit 9,6 km.

La cérémonie ayant acté les travaux de réhabilitation s’est déroulée à Aného le 1er avril 2022 dernier, et la future voie devra avoir les caractéristiques suivantes : une voie de 9 mètres composée de deux chaussées et deux trottoirs de deux mètres chacun en agglomération ; et d’une voie de 7 mètres de deux chaussées et deux trottoirs de 1,5 m chacun, le tout revêtu de 5cm de béton bitumineux.

Dans un résumé analytique du projet, il ressort que l’objectif poursuivi est le désenclavement du centre de santé d’Afagnan par l’aménagement de la piste entre Afagnan et le pont d’Athiémé. Et dans les éléments de justification de ce projet, il est écrit que « l’hôpital d’Afagnan constitue un centre hospitalier de référence, reconnu pour sa prise en charge de diverses pathologies. Son accessibilité pose de plus en plus de problème à cause de son état dégradé. Cette situation entraine des difficultés aussi bien pour les malades (femmes enceintes, situations d’évacuation rapide, etc.) que pour les usagers de la route ; le nombre de consultations et d’hospitalisations venant du Bénin a sensiblement baissé d’environ 60% ces dix dernières années ».

A en croire les sources, une bonne partie de la voie sera électrifiée via l’énergie solaire, avec des ouvrages d’assainissement de part et d’autre de la voie.

Quand on considère l’état de dégradation de la partie Ouest, c’est-à-dire Amegnran- Afagnan, on peut dire de même, étant donné que ce sont aussi des femmes et des malades qui fréquentent cet hôpital.

Le coût du projet est de 9.372.500.000 FCFA. De quoi réaliser que ce que l’Etat togolais se propose de faire sur le côté ouest n’est rien d’autre que…de la blague ! Car, entre les 306 millions du tronçon Amegnran-Afagnan et le coût de la voie côté Est, la différence est de plus de 9 milliards FCFA. On apprend que d’autres projets communautaires communs au Benin (communes du Grand Popo, d’Athiémé et de Lokossa) et du Togo (communes des Lacs1, 2 et 3 et de Bas Mono 1 et 2) seront réalisés pour le plus grand bonheur des populations desdites communes.

Les populations ne peuvent-elles pas faire de plaidoyer pour corriger le côté ouest ?

Lorsque nous avons fureté, il nous revient que le représentant local de la commune de Bas Mono1, le maire Djogbessi Anani aurait adressé un courrier à la ministre des Infrastructures, Kassah-Traoré Zouhératou, avec ampliation à son supérieur hiérarchique, le ministre de l’Administration territoriale, Payadowa Boukpessi allant dans le sens d’une harmonisation des travaux devant s’effectuer du côté ouest avec ceux du côté est. Pour une même voie, c’est de bonne guerre.

Mais les autorités seront-elles sensibles pour corriger ce qui peut encore l’être afin de ne pas donner un double visage à une même localité ? Les jours et semaines situeront chacun. Une chose semble certaine, décider de réparer une route irréparable serait du pur gaspillage des fonds publics. Pour s’en rendre compte, il suffit aux autorités d’y faire un tour.

Il est utile de rappeler que la voie Lomé-Kpalimé avait été refaite en 1992 avant d’être actuellement en cours de réfection. Mais celle d’Amegnran-Afagnan date de 1964, soit bientôt soixante ans et n’a jamais subi de travaux de réfection. De quoi interpeller les autorités du pays pour plus de justice sociale, car toutes les localités se valent.

Godson K.

Source : Liberté