Des conseillers municipaux de la commune de Bas-Mono 1 réclament la démission du maire Anani Djogbessi pour corruption | Photo: DR

Les jours d’Anani Djogbessi à la tête de la commune du Bas-Mono 1 semblent comptés. En témoignent les récentes sorties des conseillers municipaux qui n’ont pas toujours apprécié la gestion unilatérale que fait l’accusé de leur l’appareil administratif. En conférence de presse le 29 octobre dernier à Afagnan, les conseillers municipaux ont haussé le ton pour que les manœuvres qui plombent l’économie de leur communauté cessent pour de bon.

Akakpo Comlan, conseiller municipal du Bas-Mono 1 a lors de la rencontre rappelé des antécédents qui ont conduit lui et ses collègues à la demande de la démission pure et simple d’Anani Djogbessi :

« Le 22 avril dernier, 9 conseillers sur 13 à notre session extraordinaire avaient voté la destitution du maire Anani Djogbessi, parce que nous avons vu qu’il est tombé si bas et que la gestion administrative, financière, même relationnelle n’existe pas. Notre commune n’arrive pas à décoller à cause d’une seule personne. Nous avons jugé bon de se passer de lui, parce que la loi nous le recommande, pour sauver le reste du mandat», s’est-t-il désolé, indiquant comme les autres conseillers alors présents que le maire incriminé dispose d’un « agenda caché qu’il est en train d’exécuter sur le dos de la population. On ne peut pas promettre aux populations une chose et en faire une autre. Vu son âge, après lui avoir rappelé beaucoup de choses, on ne peut que se prononcer parce que nous sommes à bord d’un car et si le car ne marche pas à cause d’une seule personne, on ferait mieux de le faire descendre pour que le car aille à destination ». Les autres griefs faits à de Anani Djogbessi vont de la concussion à la corruption, du détournement à la gestion des marchés du milieu confiés à « des personnes choisies par lui seul et n’ayant aucun contrat avec la mairie ».

Trois ans de gâchis

De chaque intervention, il ressort le regret que durant trois bonnes années de mandat, aucun marché, aucune école encore moins un hôpital ne soit mis à la disposition des populations. Les responsables de la commune pointent la manière dont le seul maître à bord gère les choses « comme s’il s’agissait d’une épicerie personnelle ».

« La commande des tickets de marchés sans souche et leur réception sont faites par Djogbessi Anani seul, sans appel d’Offres préalable, au grand dam de la Personne responsable des marchés publics (PRMP) et de la structure de contrôle. De même, la commande des timbres en 2020 a été faite par lui seul également sans respect des normes de passation de marché public », peut-on lire dans la déclaration liminaire qui indique dans les lignes suivantes : « En septembre 2021 a décidé par vote, 10 voix contre 3 voix, de passer en janvier 2022 nos sites de recettes en affermage pour éviter cette pareille gestion opaque. Jusqu’à ce jour, la collecte des taxes et droits de place sur nos sites de recettes sont confiées à des personnes qui n’ont aucun contrat avec la Commune. Ce sont lesdites personnes qui collectent l’argent dans les marchés, enlèvent leurs ristournes, et le reste, dont nul ne connaît le montant sauf monsieur Djogbessi Anani seul, est versé dans les caisses de la mairie par une tierce personne qui n’a aussi aucun contrat avec la mairie. Vous venez de l’apprendre, l’argent de l’Etat ou de notre collectivité est très mal géré et que cela constitue des détournements de deniers publics ».

De mal en pis

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir alerté le 16 mai 2022 Payadowa Boukpessi, ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et du développement des territoires qui a conseillé les plaignants « de le mettre à l’épreuve pour encore trois mois ». Rien n’y a fait. « Qu’elle ne fut notre déception qu’après ces trois mois, monsieur Djogbessi Anani n’a fait qu’empirer la situation. Après notre départ du bureau du Ministre de tutelle le 16 mai 2022, de retour à Afagnan, monsieur DJOGBESSI Anani clamait et brandissait sa victoire à qui veut le voir et l’écouter dire qu’il a vaincu les conseillers frondeurs et la SG de la commune et disait que tous mentaient sur son compte, qu’il en est sorti blanchi. Voici une portion du message qu’il avait envoyé à une tierce personne : ‘’Bonne nouvelle. La SG ATAKA est affectée. M. le Ministre a annulé la décision de la destitution du maire. Les conseillers municipaux ont eu tort. Quelle honte sans précédent ! Dieu est au contrôle ‘’ (texte ci-joint). Or, ce n’était pas le cas ; monsieur le ministre d’Etat n’a pas annulé la destitution du maire comme il le dit, il a seulement demandé aux conseillers majoritaires ayant voté la destitution du Maire de le mettre encore à l’épreuve pour trois (3) mois ».

Si d’Anani Djogbessi dit être prêt à accepter sa destitution, le même homme refuse d’obtempérer et « lorsque cette décision lui a été communiquée, monsieur Djogbessi Anani a répondu « je ne reconnais pas cette décision ». Et un des Chefs Canton de renchérir : comment comptez-vous travailler maintenant ? Seul ? Et il a répondu « Oui je le fais déjà ».

Qu’à cela ne tienne, le conseil estime désormais qu’Anani Djogbessi « n’a plus la légitimité ni de convoquer ni de présider une quelconque session ».

Dans un droit de réponse à la Rédaction depuis septembre dernier, le Maire Djogbessi avait refuté toutes ces accusations. «Je veux juste rappeler que durant mes 18 années passées à l’AGETUR-TOGO en tant que Directeur Technique, ma hiérarchie ne s’est jamais plainte de ma rigueur. J’en suis parti la tête haute. L’histoire doit retenir que ce n’est pas dans une mairie que Monsieur Djogbessi Anani se réalisera. Les biens publics sont sacrés et quand on vous désigne pour les gérer, il faut le faire en âme et conscience. C’est ce que j’essaie d’atteindre chaque jour.

Notre pays est en construction et sans rigueur face à certaines situations, on aura du mal à décoller. L’intérêt personnel guide le monde certes. Mais lorsqu’on est en charge la gestion de la chose publique, il faut prioriser l’intérêt général. Les communes ne sont pas des opportunités pour se remplir les poches ; les populations attendent beaucoup de la décentralisation. Un maire peut être démis de ses fonctions par des conseillers, mais tant que les vrais problèmes ne seront pas affrontés pour y apporter des réponses vigoureuses, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion d’apporter ma modeste connaissance des problèmes de notre commune dans vos pages.

Si Djogbessi était la source de la paralysie, l’avenir situera chacun», écrivait-il.

D.K.M.

Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info