L'usurpateur Faure Gnassingbé | Photo : RT
L’usurpateur Faure Gnassingbé | Photo : RT

« …le pouvoir des Gnassingbé qui a fait de l’armée nationale sa branche armée, et qui entretient des miliciens en toute impunité, acceptera-t-il le verdict des urnes pour laisser les Togolais goûter enfin à l’alternance? C´est la grande inconnue. Faure Gnassingbé aura-t-il la sagesse de conseiller à ses jusqu’au-boutistes d’abandonner enfin la stratégie de la terreur? Acceptera-t-il de laisser scier la branche sur laquelle il est assis?»

Voilà les questions que nous nous posions en concluant notre dernier article d´avant les élections. Pour nous, il ne faisait aucun doute qu´un candidat de l´opposition sorte vainqueur du scrutin de samedi dernier. Comment pourrait-il d´ailleurs en être autrement face à un régime impopulaire, vomi par tous? L’éternelle question qui fait vibrer les lèvres des Togolais à chaque élection présidentielle est celle liée au comportement de la classe dirigeante quant à l’acceptation ou non des résultats sortis des urnes qui ont toujours été du côté du peuple. Faure Gnassingbé, comme d’ailleurs son père, n’a jamais gagné les élections au Togo, mais s’impose par la force militaire.

Les élections présidentielles du 22 février 2020 étaient pour beaucoup de Togolais des élections comme toutes les précédentes qui ne serviront à rien, sinon à accompagner et à légitimer le dictateur. Le manque de réformes politiques, le caractère inique du fichier électoral, toutes les institutions s’occupant de l’organisation des élections étant acquises au pouvoir en place, l’opposition s’était divisée en deux camps: les participationnistes et les non-participationnistes. Mais l’irruption de Monseigneur Fanoko Kpodzro dans le jeu politique avec le candidat que personne n’attendait vraiment, fut le déclic que personne n’avait vu venir et qui risque aujourd’hui d’emporter le système politique Gnassingbé qui a fait tant de mal aux Togolais.

Agbéyomé Kodjo, en effet, est le candidat du prélat qui est largement en tête des résultats du premier tour du scrutin présidentiel du 22 février 2020. Dans un pays normal où l’alternance est déjà entrée dans les habitudes, il est celui qui devrait être proclamé vainqueur des élections dès le premier tour à la fermeture des bureaux de vote. Au cours d’une conférence de presse tenue le jour du vote à 22 h GMT à leur QG de campagne, Agbéyomé Kodjo et son équipe se sont réjouis d’avoir fait le meilleur score, et ont demandé aux populations d’être vigilantes pour que cette fois-ci la victoire du peuple pour l’alternance lui revienne. Selon les derniers chiffres en notre possession le candidat de la dynamique Kpodzro disposerait d´une nette avance avoisinant les 57%, de telle sorte que s’agissant d’un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, la majorité absolue obtenue par l’un quelconque des candidats au premier tour (c’est-à-dire plus de 50% des suffrages exprimés), exlut ipso facto la tenue du second tour. Il va sans dire que l’alternance tant souhaitée est réalisée, et que le Togo a un nouveau Président.

Mais le régime de dictature des Gnassingbé, habitué à régner sans partage, habitué à rejeter le verdict des urnes qui leur est défavorable, multiplie depuis samedi soir des réunions pour éviter que la CENI proclame Agbéyomé Kodjo vainqueur des élections présidentielles de 2020; c´est pourtant le résultat sorti des urnes, c’est pourtant la volonté du peuple. Il faut une grande résistance de la part de tous les Togolais qui ont soif d´alternance pour que cette ènième humiliation ne soit infligée au peuple. Pour que le Président librement choisi, soit celui qui dirige le Togo. C’est pourquoi nous estimons que les autres candidats malheureux, comme ceux de l’ANC, l’ADDI, le PSR….doivent aller au-delà des déclarations de principe pour fermement soutenir le candidat élu de la coalition du prélat, et insister surtout qu’il n’y ait pas de deuxième tour. L’heure a sonné surtout pour ces petits partis de prouver qu´ils sont vraiment de l´opposition, donc du côté du peuple. Nous estimons également qu’il est grand temps que tous les leaders des formations politiques qui n’étaient pas pour les élections, entrent dans la danse en insistant sur la victoire au premier tour du Dr Agbéyomé Messan Kodjo, et en demandant aux populations d´être à tout moment prêtes pour défendre les résultats sortis des urnes.

Tout ce qui arrive aujourd’hui est une conséquence heureuse du mouvement du 19 août 2017 initié par le Parti National Panafricain (PNP) de Salifou Tikpi Atchadam. C’est un couronnement heureux des rêves inachevés de la C14 que tout les démocrates togolais devraient apprécier comme tel et soutenir pour que le Togo puisse être remis sur les rails de l’humanisme, de la démocratie et de l’état de droit. Quant à Faure Gnassingbé, le peuple lui demande pour la ènième fois et poliment de partir. Partira-t-il sagement ou voudra-t-il être poussé par la petite porte? En tout cas, cette fois-ci les Togolais sont décidés à goûter à l´alternance.

PS: Aux dernières nouvelles la CENI a publié des résultats des plus fantaisistes donnant Faure Gnassingbé vainqueur avec 72,36% des voix. Le véritable vainqueur Agbéyomé Kodjo est relégué à la deuxième place avec un score de 18,37%. Une nouvelle humiliation pour le peuple togolais. Résistance! Résistance! Résistance! Tel doit être désormais le slogan de tous les Togolais.

Samari Tchadjobo
23 février 2020
Hanovre, Allemagne

Samari Tchadjobo
Samari Tchadjobo