A partir de caricature originale de Donisen Donald / Liberté

« Cette oasis édénique où tout est fait pour le plaisir de l’homme » (Julien Green)

Au Togo, le constat est renversant : la pauvreté et la paupérisation se propagent comme un feu de savane. La grande majorité des Togolais vivent sous le seuil de pauvreté. La situation est encore plus apocalyptique dans les zones rurales et surtout le septentrion qui présente le visage d’une misère effroyable. Les biens, les richesses et les ressources du pays ne profitent qu’à une « petite » minorité qui gravite autour du pouvoir et qui deviennent davantage riche au détriment des plus pauvres qui deviennent davantage pauvre. Tel est l’héritage social que le clan Gnassingbé au pouvoir depuis 53 ans, laisse aux Togolais.

Selon les indicateurs issus de l’Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages (EHCVM) 2018-2019 présentés le 29 octobre 2020 par l’Institut national de la statistique et des études démographiques (INSEED), plus de 45% des Togolais, presque la moitié de la population, vivent avec moins de 417 F par jour.

Avec plus de 22% de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (moins de 417 F CFA par jour et par personne), l’agglomération de Lomé enregistre le taux le plus faible au Togo. Quant à la région des Savanes, elle connaît le taux de pauvreté le plus élevé avec plus de 65% des populations vivant en dessous du seuil de pauvreté. Tels sont les chiffres annoncés même si certains pensent que les chiffres sont édulcorés pour faire plaisir à qui on sait. C’est une habitude connue de la maison.

La situation n’est guère reluisante. Le combat contre la pauvreté est loin d’être gagné. La pauvreté est une réalité qui se vit au quotidien et n’est pas dans les statistiques. Comme le dit l’adage, « une seule panse repue ne peut suffire pour conclure qu’un peuple est heureux, et le pays, très beau ».

N’empêche, au cénacle, on a embouché la trompette de la propagande pour annoncer aux quatre coins du monde la bonne nouvelle sur un hypothétique recul de la pauvreté au Togo. « Les évolutions positives depuis 2006 traduisent la pertinence des politiques publiques de lutte contre la pauvreté mises en œuvre par le président de la République », s’est enthousiasmé le ministre de l’Economie et des Finances Sani Yaya.

Et le site de la présidence d’embrayer : « Cette performance est le fruit des actions engagées depuis quelques années par le chef de l’Etat, SEM Faure Essozimna Gnassingbé pour répondre aux besoins des populations vulnérables à travers plusieurs projets notamment le FNFI, le PUDC, le PAPV et l’accompagnement des jeunes ».

« A l’initiative du Président de la République, le Programme d’appui aux populations vulnérables (PAPV) a contribué à l’amélioration significative des conditions de vie des populations vivant dans les zones peu ou mal desservies par des infrastructures socioéconomiques de base (…) Le chef de l’Etat a une fois encore tenu à la matérialisation de son engagement, celui d’œuvrer au mieux-être des populations surtout vulnérables », chante le confrère. Comme dans une monarchie absolue, tout se résume à Faure Gnassingbé. Tout par de lui et tout revient à lui.

Hier, on proclamait urbi et orbi que le Togo a le taux de chômage le plus bas en Afrique de l’Ouest. Ensuite, que la faim est rayée sur la terre de nos aïeux. Pourtant la faim est utilisée par des régimes tyranniques comme le nôtre comme une arme et une stratégie politique pour imposer leurs intérêts, parce qu’on estime qu’une population satisfaite sur le plan alimentaire n’obéit pas aux ententes idéologiques en place. Aujourd’hui, on nous dit avoir repoussé les frontières de la pauvreté dans le pays.

Le Togo retrouve donc son lustre d’antan : un « havre de paix », la « Suisse de l’Afrique », un petit paradis terrestre. Un pays où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes…

Médard Ametepe

Source : Liberté