La bande de « ministrons » à l’Assemblée « Unir-colore » du Togo | Photo : DR

Les dix (10) dernières années, le Togo a connu trois (3) Premiers ministres et au moins 5 gouvernements. Certains ministres ont survécu aux différents changements à la tête de l’exécutif. Focus sur ces ministres qui ont réussi à s’adjuger une longévité dans l’exécutif autant que leur patron dans le fauteuil présidentiel.

Depuis le 03 mai dernier, date de la prestation de serment du Chef de l’Etat pour son quatrième mandat, les observateurs scrutent les couloirs de la présidence pour la nomination d’un nouveau Premier Ministre. Mais le Président de la République semble prendre son temps. Selon certaines sources, la crise sanitaire actuelle en est pour quelque chose. Dans tous les cas, tôt ou tard, Faure Gnassingbé, conformément aux dispositions de la constitution, doit nommer son nouveau Premier ministre. Cette nomination conduira, sans aucun doute, à la formation d’un nouveau gouvernement avec toutes les exigences liées à cet exercice.

Ces ministres au gouvernement depuis 10 ans…

Dans l’actuel gouvernement, ils sont trois ministres à faire systématiquement partir du gouvernement depuis une décennie. Trois brisquards parmi les brisquards du pouvoir.

Gilbert Bawara, actuel ministre de la fonction publique, du travail et de la réforme administrative a été nommé pour la première fois au gouvernement en 2005. A l’époque, l’employé du Système de l’Organisation des Nations Unies a été promu Ministre délégué auprès du Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de l’Intégration Africaine, chargé de la Coopération (juin 2005-septembre 2006).

Ensuite, il occupera plusieurs portefeuilles respectivement celui de la Coopération et du NEPAD (septembre 2006- décembre 2007), de la Coopération, du Développement et de l’Aménagement du Territoire (décembre 2007-mai 2010). Il fera ensuite une petite parenthèse à la présidence en tant que ministre, Conseiller spécial du Président de la République (juillet 2010- juillet 2012) pour satisfaire les desiderata de Gilchrist Olympio qui aurait alors insisté comme condition sinequanone de voir ce fils de Siou hors de gouvernement issu de l’alliance entre son parti et le parti au pouvoir aux lendemains de la présidentielle de 2010. Bawara reviendra plus tard en tant que , ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales (juillet 2012-juin 2015) puis ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Réforme Administrative ( depuis juin 2015…).

Dans le cercle fermé de Faure Gnassingbé, Gilbert Bawara cumule le même nombre d’année au gouvernement que le Chef de l’Etat à la tête du pays. Dans l’entourage du fils du Gal Eyadéma, un autre ex-employé du système des nations unies fait montre d’une résistance à tout Premier ministre.

Il s’agit de Victoire Dogbé. En 2008, alors qu’elle était au PNUD au Bénin, Gilbert Houngbo, qui venait d’être nommé PM, fait appel à la native de Badougbé pour occuper le portefeuille du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé du développement à la base qui venait d’être crée. En 2010, à la suite de la réélection du Président Faure Gnassingbe, elle est nommée ministre du développement à la base, de l’artisanat de la jeunesse et de l’emploi des jeunes dans le second gouvernement de Gilbert Houngbo. Elle conserve ses fonctions ministérielles au sein des gouvernements Ahoumey Zunu I et II de 2012 à 2015. Après l’élection présidentielle d’avril 2015, Komi Sélom Klassou remplace Arthème Ahoomey-Zunu à la primature le 5 juin 2015. Il forme le premier Gouvernement Komi Sélom Klassou le 28 juin 2015 dans laquelle Victoire Tomegah Dogbé garde toujours son ministère. Et ce jusqu’à ce jour. Un portefeuille qu’elle cumule depuis mai 2009 avec celui de la Direction du cabinet du Président de la République.

Sur le podium des doyens du gouvernement, Cina Lawson ferme la marche. Cette ancienne employée du Groupe Orange à Paris a été nommée ministre des Postes et télécommunications en 2010 puis reconduite dans ses fonctions au ministère des Postes et de l’économie numérique en 2013. Comme Victoire Dogbé, elle a conservé son poste au sein du gouvernement malgré les changements du Chef de l’Exécutif. Ainsi, Cina Lawson a vu partir Gilbert Houngbo, a assisté au départ mouvementé de Arthème Ahoomey-Zunu et a survécu à la nomination surprise de Komi Sélom Klassou.

Pourraient-ils survivre à un nouveau changement…

En effet, outre leur longévité au gouvernement, l’autre point commun de ces ministres est la récurrence des affaires ou des polémiques dans lesquelles leurs noms sont souvent associés.

Si les deux femmes sont régulièrement citées dans des affaires de mauvaises gestions notamment des fonds alloués à leurs départements, Gilbert Bawara lui se fait remarquer sur le plan politique avec des déclarations à l’emporte-pièce et provocatrices.

Malgré toutes leurs déboires, Faure Gnassingbé conserve ces ministres depuis 10 ans. Au Palais de la Marina, on explique cette longévité par la « confiance » que ces ministres ont su gagner auprès du chef de l’État. Mais au-delà de leurs personnalités, « c’est également une question de compétence », accentue un proche de Faure Gnassingbé. Mais, pourraient-ils survivre au nouveau changement ? Il y a de bonnes chances soutient une autre source des plus caciques. Elle n’exclut point l’éventualité qu’une d’entre ces personnalités puissent être mise hors de l’équipe aux vus de certaines évolutions observées ces derniers temps.

Dans tous les cas, le maintien de ces ministres au gouvernement depuis une décennie montre que la politique de la promotion de la jeunesse prônée par l’exécutif national ne s’applique pas à tous les étages.

Source : Fraternite