Infog : 27avril.com

Sur invitation du gouvernement, une vingtaine de partis de l’opposition se sont retrouvés, le lundi 14 décembre dernier pour discuter, avec Unir et les commissaires du gouvernement, des élections régionales à venir en application intégrale des dispositions de la Constitution. Une initiative qui, à l’analyse, a tout l’air d’une aventure ambiguë.

La grande ruée…

Boycotté par le Mpdd et le Pnp, dix huit partis politiques ayant pris part aux dernières élections locales ont répondu à l’invitation du ministre Payadowa Boukpessi, en charge du portefeuille de l’administration territoriale, de la décentralisation et du développement du territoire. Les discussions ont tourné essentiellement autour des conditions d’organisation et de participation aux élections régionales que les indiscrétions projettent sur mars prochain. Et pour l’une des rares fois, l’ensemble des entités politiques présentes à la rencontre d’échange ont convenu du principe de l’organisation des régionales qui parachèvent le concret de la décentralisation au Togo après la tenue, en 2019 des élections municipales. Ce qui aura vraisemblablement expliqué cette ruée des partis politiques, même les plus pessimistes et mécréants.

Une nouvelle supercherie?

Ce qui relève d’une évidence, c’est que ces partis politiques s’embarquent dans une nouvelle aventure électorale qui a tout l’air d’une nouvelle supercherie. En effet, si ces élections confortent le processus de décentralisation amorcé au Togo, leur pertinence est tout de même sujette à caution. Depuis des années que dure la crise politique au Togo, tous les observateurs s’accordent sur le fait que les élections, organisées dans les mêmes conditions que celles en vigueur dans le pays, n’ont guère constitué la solution magique. D’où justement les multiples appels de la Conférence de évêques du Togo (Cet) et des organisations de la société civile à des élections crédibles et transparente. Malheureusement, que nenni. Les dernières échéances électorales ont encore confirmé que rien n’a changé, avec des institutions à la solde du pouvoir et des textes électoraux taillés sur mesure. Les dialogues politiques qui s’enchainent n’ont, pour l’heure, réussi à remettre tout à plat. Mais force est de constater que c’est pendant que l’étau se resserre autour de pouvoir cinquantenaire de Lomé, au sujet de l’arrestation de Adjamagbo et Djossou que, par on ne sait quelle alchimie, l’on exhume le dossier des élections régionales pour éclipser la contestation et le problème de légitimité qui dure depuis le 22 février 2020. Le débat sur les régionales se veut un cadeau bien empoisonné. Et cela, bien pour cause.

Les élections, dans ces mêmes conditions, ne seront que farce comme les précédentes. À l’image de l’actuelle Assemblée nationale garnie de députés nommés plutôt qu’élus, l’on se dirige encore vers des conseillers régionaux nommés, chacun selon son degré de soumission, comme le souhaiterait le Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbe qui, sur Rfi, a demandé aux acteurs politiques de se soumettre. Les locales passées ont confirmé le caractère assez corrompu de la machine électorale au Togo. Malheureusement, tout semble dire que seuls les postes attirent des opposants, incapables de déceler les pièges qui jonchent le parcours pour y accéder.

L’autre guet-apens du Pouvoir

Qui donc pour sauver l’opposition togolaise de ce nouveau guet-apens du régime togolais? Une sorte de traquenard avec à la fin, tout pour Unir, rien de conséquent pour l’opposition qui restera dans son éternel jeu d’accompagnateur. Qu’à cela ne tienne, les pourparlers pour ces régionales doivent être l’occasion pour l’opposition d’obtenir tant que possible des acquis pour un meilleur jeu démocratique. Un peu comme les Fdr l’ont introduit, il y a nécessité d’assainir l’environnement avant de parler de quelque nouvelle élection. Et ceci soit être l’occasion pour le G5 dont le rôle a toujours été alambiqué depuis 2017 de rebondir pour arrêter le palais de Lomé 2 dans ses délires au nom de sa légitimité compromise. Il est évident que pour le pouvoir, les discussions ouvertes sur les locales, au-delà d’en faire une perche de légitimité, y utilisera la libération des responsables de la Dmk et des autres prisonniers comme monnaie d’échanges. Une autre paire que le reliquat de ceux qui peuvent être encore sérieux dans opposition doivent garder à l’esprit, au delà des calculs individuels de positionnement.

Source : Fraternité