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« On peut dire qu’un gouvernement est parvenu à son dernier degré de corruption quand il n’a plus d’autre nerf que l’argent » (Rousseau). Les premières années de Faure Gnassingbé au pouvoir ont été très éprouvantes pour le pays en matière de crimes économiques, de corruption, de détournements de deniers publics, etc. Tant et si bien que le 26 avril 2012, il est monté au créneau pour fustiger vertement une minorité qui a accaparé les biens et richesses du pays et qui baignent dans les délices de Capoue au détriment de la grande majorité précipitée dans une vallée de misère.

« Lorsque le plus petit nombre accapare les ressources au détriment du plus grand nombre, alors s’instaure un déséquilibre nuisible qui menace jusqu’en ses tréfonds la démocratie et le progrès», s’était insurgé Faure Gnassingbé. A la même époque, les rapports successifs de l’Ong américaine Global Financial Intigrity (GFI) avaient mis en lumière l’ampleur des fuites de capitaux dont les conséquences étaient dramatiques pour le Togo. Notre pays était indexé comme le plus affecté par l’évasion fiscale dans le monde.

D’après les documents, sur la période 2008-2012, le Togo était le pays qui avait enregistré le taux le plus élevé de sortie illicite de capitaux dans le monde. Les flux financiers illégaux atteignaient une valeur représentant 76,3 % de son PIB, 2435,9 % de son budget en matière d’éducation et 1088,7 % de son budget de santé. D’un scandale financier à un autre, en 2016, le Togo était à nouveau sous les feux de la rampe. Des hauts dignitaires et caciques du régime de Faure Gnassingbé avaient été éclaboussés par les « Panama Papers » qui avaient révélé de pratiques d’évasion fiscales mises en oeuvre via la création de sociétés offshores.

Au Togo, les magnats indidiens Prasad Motaparti et Manubhai Jethabhai Patel, patrons du géant du ciment, Wacem, transferaient illégalement leurs revenus dans des paradis fiscaux à travers un entrelacs de sociétés-écrans. Parmi les actionnaires des sociétés offhsores des deux hommes d’affaires indiens figuraient en bonne place de gros commis de l’Etat proches de Faure Gnassingbé. En 2020, notre pays est de nouveau au cœur d’un vaste scandale de détournement baptisé « pétrolegate ».

Pendant plusieurs années, les membres du Comité de suivi de fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP), constitués de hauts cadres du régime dont des anciens ministres, étaient soupçonnés d’avoir détourné 500 milliards FCFA dans la commande des produits pétroliers. L’opinion était sous le choc.

L’ampleur du scandale était telle que le gouvernement s’était vu obliger de commanditer un audit réalisé par l’Inspection générale des finances, de concert avec la Direction générale du Trésor et de la comptabilité publique. Le rapport provisoire dont certains médias avait eu copie, confirmait les faits de détournements de plusieurs centaines de milliards.

La Mission avait relevé des surfacturations, des coûts logistiques supplémentaires, des surestaries, des fonds frauduleusement prélevés, des intérêts des dépôts à terme indûment utilisés, des dépenses utilisées en faveur des tiers, des dépenses irrégulières, le double emploi sur les indemnités de fonction, des indemnités mensuelles de présence perçues doublement, des primes individuelles, etc. etc. et les mis en cause –les membres du CSFPPP- avaient été sommés de restituer les fonds indûment gardés par devers eux.

Pour étouffer le scandale, le régime a tout fait pour que le rapport définitif ne soit jamais publié. Des ministres étaient montés au créneau pour prendre la défense de ceux qui ont détourné les fonds et remettre en cause le rapport rédigé par les soins d’une institution de l’Etat. Plus de deux ans après, ce scandale est passé par pertes et profits.

Entre-temps, l’un des mis en cause, Adjakly fils, membre du CSFPPP, assigna en justice pour diffamation, le confrère « L’Alternative » qui a révélé cette gigantesque affaire de détournement. Bien qu’il soit épinglé dans le rapport de l’IGF, Adjakly fils a été blanchi par la justice aux ordres. Jean de La Fontaine l’a bien écrit : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».

Médard Amétépé

Source : Liberté / libertetogo.info