Pillage des ressources du pays. FEG au sommet | Infog : 27avril.com

Visiblement, le gouvernement est en difficulté face à la crise liée à la vie chère. Les mesures partielles annoncées le 27 avril dernier montrent que l’exécutif s’est retrouvé à l’étroit, sans marge budgétaire. Mais un recensement des scandales financiers laisse penser que les centaines de milliards détournés ou dilapidés auraient pu être utiles si les deniers publics n’avaient pas été siphonnés par les gouvernants.

Le régime de Faure Gnassingbé est-il en mesure de soulager les Togolais face aux difficultés qu’ils vivent ? Tout porte à croire que non. Ce n’est pas une impression, mais une réalité palpable. La preuve est faite dans le cadre du phénomène de la vie chère dans laquelle sont plongées les populations et la réaction des autorités pour contenir cette crise.

En mars dernier, alors que tous les pays limitrophes prenaient des mesures pour soulager leurs populations, le gouvernement de dame Victoire Tomégah-Dogbé revoie à la hausse le prix du carburant à la pompe. Une mesure qu’ils justifient par le prix du baril du pétrole à l’international, comme si le Bénin, le Ghana et la Côte d’Ivoire étaient, eux, des producteurs de pétrole. Kodjo Adédzé, ministre du Commerce, de l’Industrie et de la consommation locale a cru devoir dire que l’augmentation du prix à l’international a suffisamment fait saigner le budget de l’Etat. « Si, les prix sont maintenus à ce niveau depuis juillet 2021, c’est parce qu’il y a eu de gros efforts fournis par le gouvernement sur instruction du président de la République », a-t-il déclaré.

Et quand il s’est agi de prendre des mesures d’atténuation à la vie chère, le gouvernement a mis plus d’un mois pour sortir des mesures jugées très partielles et partiales par les organisations des consommateurs ainsi que les populations. Dans un communiqué, la Ligue des Consommateurs du Togo (LCT) a pris acte de ces mesures, estimant par la même occasion que le gouvernement doit aller au-delà, vu l’ampleur du phénomène. « En effet, le phénomène de la vie chère rend difficile le quotidien des ménages, et mérite, de ce fait, la prise des mesures beaucoup plus fortes et générales susceptibles d’impacter le quotidien des consommateurs », a souligné la LCT. Dans la même veine, l’Association togolaise des consommateurs (ATC) a encouragé le gouvernement à prendre d’autres « initiatives similaires à cause de la situation actuelle du consommateur togolais très affecté par la crise économique mondiale, sanitaire, alimentaire avec une inflation galopante ».

Mais le gouvernement semble avoir fait un gros effort, évoquant de grosses sommes d’argent. En effet, 24 heures après l’annonce de mesures sociales par le gouvernement, quatre ministres débarquent devant les médias. Un exercice auquel ils sont surement contraints par qui on sait et dont le but est de tenter de réajuster les choses déjà mal conçues. C’est au cours de cette conférence de presse qu’on apprend qu’en avril 2022, malgré la hausse de 16 % du prix des produits pétroliers, la subvention du carburant aurait coûté plus de 12 milliards FCFA. « Le super sans plomb, s’il fallait le vendre au coût réel, coûterait 851 francs le litre (…) L’Etat débourse près de 256 francs additionnels par litre pour faire en sorte que ce produit soit disponible à la pompe au prix actuel (595 FCFA) », a déclaré le ministre du Commerce. Des chiffres difficilement vérifiables et sûrement faux, connaissant le gouvernement auquel les populations ont affaire au Togo.

« La problématique, ce n’est pas seulement le prix, mais la disponibilité des produits », a ajouté Kodjo Adédzé. Le ministre démontre ainsi aussi qu’après 17 ans de pouvoir, Faure Gnassingbé est toujours dans l’incapacité d’assurer la disponibilité du carburant pour les 8 millions de Togolais. Finalement, les gouvernants veulent faire croire qu’ailleurs, les dirigeants seraient plus intelligents.

Pour le coût des mesures prises, notamment l’exonération de la TVA sur les produits de consommation importés et locaux, la suspension du paiement des tickets de marché pour trois (3) mois à compter de mai 2022, le gouvernement parle d’environ 5 milliards FCFA. «Ces interventions devraient coûter à l’Etat autour du milliard de FCFA, pour la suspension des prix du Tickets… et pour les mesures en termes de plafonnement des prix des produits de consommation, et d’exonération de la TVA sur les 3 mois, l’évaluation des coûts se situe autour de 4 milliards FCFA », a précisé Adédzé.

5 milliards FCFA sur trois mois, et l’on veut faire croire que le régime vient de décrocher la lune pour les Togolais. Pourtant, il s’agit d’un montant très insignifiant, comparé à ce qui est déboursé ailleurs, mais surtout aux centaines de milliards évaporés sous la présidence de Faure Gnassingbé. « La justice togolaise sera saisie dans le courant de cette année de trois (3) dossiers importants : les affaires de détournements des fonds alloués aux CAN 2013 et CAN 2017 et le scandale financier lié à la réhabilitation de la route Lomé-Vogan-Anfoin », avait déclaré en février 2019 Essohanam Wiyao, président de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA).

Pour la première affaire, plus de 628 millions FCFA ont été détournés, et plus de 600 millions FCFA pour la seconde. Quant à la réhabilitation de la route Lomé-Vogan-Anfoin, le financement a été repris, avec le détournement de dizaines de milliards FCFA. A ces scandales est venu s’ajouter celui lié à ce qui a été appelé « petrolgate », relatif à la gestion par le Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP). Sans oublier les milliards engloutis dans l’espionnage des opposants politiques, l’organisation de sommets infructueux, les voyages présidentiels, les conseils des ministres itinérants… Si les deniers publics étaient bien gérés, le pays ne se retrouverait pas à l’étroit dans ce contexte de crise.

G.A.

Source : Liberté / libertetogo.info