Fucec-Togo
Photo : DR

Depuis plusieurs mois, COOPEC Solidarité et FUCEC-Togo sont à couteaux tirés à travers certains responsables. Deux entités différentes qui se sont réunies par le contrat d’affiliation où la FUCEC est à la représentation et au contrôle avec fourniture d’un certain nombre de services sont dévorées par des conflits d’intérêts. Tout est parti en 2011 d’une mission conjointe de la BECEAO et CAS-IMEC (la cellule de contrôle des microfinances au niveau du ministère des Finances) qui a révélé beaucoup d’irrégularités notamment des dépenses de FUCEC greffées sur le budget de la COOPEC Solidarité .La mission a recommandé que chaque entité supporte son budget.

Une situation qui a mis fin aux magouilles, suscite depuis lors l’ire de ceux qui profitaient du magot. Dans la foulée, la COOPEC s’est dotée de ses propres statuts en 2015 pour affirmer davantage son autonomie. Mais visiblement, dans la réalité, rien n’a changé dans les attitudes. Et l’arrivée de Légba-Mony Koffi Gabriel à la tête de la COOPEC Solidarité le 1er juin 2019 comme Président du Conseil d’Administration à la suite d’une élection dont les résultats sont toujours contestés devant les tribunaux, n’est pas pour arranger la situation.

Accusé de violation des textes et des lois de la République et surtout des statuts de la COOPEC dans la plupart de ces décisions, Légba-Mony fait face à la résistance de son Directeur Godome Dewouna. Les membres propriétaires de la COOPEC ont obtenu l’ordonnance N°1408 du 11 novembre 2019 de la Cour d’Appel de Lomé qui limite les pouvoirs du Conseil d’Administration. Malgré cette ordonnance, le PCA licencie le Directeur le 27 février 2020 pour insubordination suite à des affections qu’il juge pourtant faire partie de son cahier de charge.

Depuis lors, le conflit est ouvert et larvé dans la boîte avec la grève du personnel de la COOPEC. Les protagonistes se sont retrouvés à l’inspection du travail et il est ressorti que le PCA a violé l’ordonnance de la Cour d’Appel. Ensuite, une réunion du CA a annulé le licenciement du Directeur que le PCA n’entend aucunement respecter Il avait dans la foulée nommé Ayao Tamakloé, Directeur par intérim et a pris une ordonnance pour sceller le bureau du Directeur Godomé Déwouna. Par la suite, une autre ordonnance a été prise pour desceller le bureau. S’ensuivra la rétractation de l’ordonnance en mars dernier. Et l’affaire est portée à la Cour Suprême qui a ordonné un sursis à exécution de la rétractation.

Le gangstérisme s’installe à Attikoume

Si les deux parties continuent de recourir à la justice, elles sont tenues au respect de ses décisions. Malheureusement, le bordel s’installe dangereusement. Certains membres du collège des délégués sont accusés de menaces sur Tamakloè le 16 avril qui a cédé par la suite son bureau pour le retour de Godome.

Le 25 mai, des membres du collège des délégués et le chef d’Agence d’Amoutive se sont disputés. Les faits du 25 mai à Amoutivé qualifiés de « violences réciproques », ont été requalifiés au commissariat de « troubles à l’ordre public, incitation à la violence et violences réciproques ». Les délégués ont été gardés à vue à la suite de la plainte du chef d’Agence avant d’être relâchés 24 heures plus tard. Des sources bien renseignées, dans la nuit du 2 au 3 juin 2020, le PCA , le DG de la FUCEC-Togo et d’autres personnes sont allés en passant par le côté FUCEC pour rentrer dans le bâtiment de la COOPEC Solidarité et changer les serrures du bureau du Directeur et du Secrétariat sans aucun document de justice.

Ils ont aussi recruté de nouveaux agents de sécurité pour mettre à la porte de la COOPEC Solidarité avec consigne de ne pas permettre à Godome d’y entrer. Au même moment, la FUCEC-Togo sort une note pour nommer Danigue Sylvain, un cadre comme chargé de mission à la tête de la COOPEC en dépit de toutes les décisions antérieures. Elle avait aussi nommé entre temps Godome Dewouna comme conseiller spécial du DG de la FUCEC-Togo. A la suite du coup de force au siège d’Attikoume dans la nuit du 2 au 3 juin dernier, tous les concernés ont reçu une convocation à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) via une décision du Procureur. Ils devaient comparaître le 8 juin mais ils ne se sont pas présentés. « Si par ordonnance, le bureau du Directeur a été fermé et que suite des explications au juge le bureau a été rouvert pourquoi fermer ce bureau maintenant nuitamment en recrutant des gros bras et sans aucune décision de justice ? Pourquoi une telle impunité au vu et au su de tout le monde ? » s’interroge un cadre de la boîte qui ne conçoit pas la confusion du genre qui règne avec FUCEC-Togo qui nomme des agents de la COOPEC, deux entités bien distinctes et autonomes.

Il se rapporte que l’une des raisons cachées de cette guerre sans merci serait le refus de Godome de payer une facture « unilatérale » de 711 millions FCFA à la FUCEC comme une redevance non expliquée sur un résultat de 992 millions. C’est donc une affaire de gros sous qui divise des gens qui se sucrent sur le dos des membres. Il importe que des décisions responsables des institutions de la Commission bancaire de l’UMOA soient prises pour ramener définitivement l’ordre à la COOPEC Solidarité. En attendant, les deux parties doivent éviter le gangstérisme et l’application selon les humeurs des décisions de justice.

Kokou Agbemebio

Source : Le Correcteur