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L’année scolaire prendra fin dans quelques semaines. Ainsi, va commencer la période des grandes vacances. Une période qui rime malheureusement avec l’augmentation des grossesses des élèves. Malgré, les sensibilisations de certaines Ong, le phénomène prend de l’ampleur.

Les grossesses en milieu scolaire constituent une vive préoccupation dans beaucoup d’établissements scolaires au Togo en raison du nombre important de cas recensés chaque année. En effet, c’est durant les grandes vacances, la période où les élèves sont sensés se reposer après une année scolaire de dur labeur que beaucoup frottent avec le vice. A titre d’exemple, les statistiques sur la période 2013-2016 révélées par le chef section vie scolaire à l’inspection de l’enseignement secondaire général de Kpalimé, M. Wokadan Kossi présentent les cas de grossesses dans la circonscription pédagogique incluant les préfectures d’Agou et de Kloto.

« Au 1er cycle du secondaire de l’année 2013-2014, il y a eu 81 cas de grossesses dont 24 ont poursuivi les cours dans leur état, 57 ont abandonné les cours et 3 ont avorté. Au 2ème cycle du secondaire, on a dénombré 19 cas de grossesses dont 10 ont poursuivi les cours, 7 ont abandonné et 2 cas d’avortement.

Au cours de l’année scolaire 2014-2015, il a été dénombré 21 cas de grossesses en 6ème, 23 cas en 5ème, 50 cas en 4ème et 38 cas en 3ème. Dans 13 cas en Seconde, 28 en Première et 14 en Terminale. Au cours de la même année, 12 ont poursuivi les cours, 23 ont abandonné et 10 avortements.

Au cours du 1er trimestre de l’année 2015-2016, 13 cas de grossesses ont été dénombrées en 6ème, 12 en 5ème, 25 en 4ème, 21 en 3ème, 7 en 2nde, 5 en 1ères et 14 en Terminales », a indiqué M. Wokadan Kossi.

Ce qui est rare. Dans ces chiffres, bon nombre d’élèves sont tombés enceintes durant les grandes vacances.

Les statistiques montrent ainsi qu’en deux ans et demi, il y a eu pour les trois préfectures 374 cas de grossesses de jeunes filles élèves de 6ème en Terminale, chiffre alarmant et qui interpelle. Derrière les chiffres ce sont les causes de cette situation, notamment le refus d’utilisation des moyens de contraception, l’absence de crainte des MST/VIH/SIDA, les mariages précoces, l’indigence ou la cupidité familiale avec pour conséquences l’abandon scolaire, supplément de charges, pères inconnus ou avortement. « Chaque année, ce sont plus d’une centaine de jeunes filles qui tombent enceinte au cours de leur cursus scolaire et ce, malgré les campagnes de sensibilisation», se désole Hervé Baini, responsable Jeune à l’Association togolaise du bien-être familial (ATBEF).

Les conséquences…

L’élève qui tombe enceinte peut continuer à suivre les cours pendant quelques mois encore, mais sera toujours contrainte d’abandonner à un moment ou à un autre sauf s’il y a eu interruption de la grossesse ou si l’évolution de la grossesse tombe dans une période de vacances. Dans nombre des cas, elle va perdre une année scolaire. La grossesse peut aussi être une cause de déscolarisation. « Le développement n’est pas seulement un phénomène économique, mais un processus multidimensionnel combinant l’économique et le social. Les grossesses en milieu scolaire se présentent comme un problème d’ordre social et de ce fait, susceptible de constituer une entrave au développement », explique un spécialiste du sujet.

Que faire ?

Pour, les associations comme l’ATBEF, « l’éducation sexuelle des adolescents et jeunes est la responsabilité de tous ». Tous les adultes sont donc concernés par l’éducation de ces jeunes gens, en particulier de la jeune fille. Le système éducatif est le plus concerné par ce problème, car les adolescents et jeunes scolarisés passent plus de temps à l’école que dans les autres lieux. « Malheureusement, le système éducatif togolais ne prévoit pas grand-chose dans ce domaine, mis à part quelques cours de sciences de la vie et de la terre (SVT) qui font brièvement cas d’un chapitre sur la reproduction humaine. Dans ces conditions, la tâche revient aux parents, mais force est de constater que dans bon nombre de familles, le sexe est toujours considéré comme un sujet tabou. Alors les élèves sont le plus souvent livrés à eux-mêmes, mises à part quelques rares séances de sensibilisation dans certains collèges d’enseignement », regrette le spécialiste. Pour réduire les grossesses en milieu scolaire qui constituent un fléau qui menace le système éducatif en général et la scolarisation féminine en particulier, les organisations de la société civile préoccupées par le sujet préconisent le renforcement de la sensibilisation dans les périodes à risque comme les grandes vacances.

Source : Fraternité No.317 du 12 juin 2019