myriam djossou dalmeida
Myriam Djossou d’Almeida, Ministre du Développement à la Base, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes | Photo : DR

« Les jeunes africains n’ont aucune vision, aucun programme, aucun courage et aucune volonté de rupture avec un système qui cause leur chômage, leur désoeuvrement, leur inculture, leur misère » (Nathalie Yamb)

Jeudi 12 août a été célébrée de par le monde la journée de la Jeunesse. Adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, cette commémoration est destinée à attirer l’attention de la communauté internationale sur les problèmes de la jeunesse et célébrer le potentiel des jeunes en tant que partenaires dans la société.

La jeunesse représente un atout incontournable pour le développement durable, la paix et la prospérité. Elle est l’avenir de demain. À ce titre, les jeunes doivent être les acteurs privilégiés des transformations socioéconomiques, culturelles et politiques. Au Togo, quelle place occupent les jeunes dans la politique du gouvernement ?

En s’emparant du pouvoir en 2005, certains observateurs avaient mis en avant le jeune âge de Faure Gnassingbé pour affirmer qu’il inscrirait la jeunesse au coeur de sa gouvernance. « L’homme jeune pour un Togo moderne », c’était sous ce signe que Faure Gnassingbé s’était présenté aux Togolais. Il avait alors cédé aux sirènes des promesses et s’était s’engagé à faire plus pour la jeunesse dans le domaine de l’éducation, de l’emploi, du sport, etc.

Mais 16 ans après, rien n’a été fait au profit des jeunes togolais. Une jeunesse sans avenir abandonnée à elle-même et sans repère. Le régime ne s’intéresse à la jeunesse que lors des joutes électorales qu’il utilise comme du bétail électoral. Au Togo, un billet de 1000 ou 2000 FCFA suffit pour changer un vote. Non conscients de leur rôle de citoyens et influençables à souhait, les jeunes sont particulièrement touchés par cette manœuvre politicienne. Et le régime, exploitant la misère et la détresse les Togolais appauvris et affamés par cinq décennies de gabégie, abrutit et crétinise les jeunes en leur distribuant quelques billets pour pour battre campagne et voter pour le candidat du parti au pouvoir.

Après s’être servi de ces jeunes, le régime les abandonne à leur triste sort et il faut attendre la prochaine élection pour les mobiliser à nouveau. C’est dans ce cercle vicieux que le pouvoir de Faure Gnassingbé a embrigadé les jeunes Togolais qui, curieusement, semblent s’y accomoder. «Parfois, je me dis qu’on ne peut rien faire pour la jeunesse africaine. Elle mérite les dirigeants corrompus qui détruisent son quotidien et son avenir (…) Dans sa majorité, cette jeunesse n’aspire pas à construire une société meilleure. Elle aspire à profiter d’un système tordu. Elle court après celui qui distribue le poisson et elle tourne le dos à celui qui veut lui apprendre à pêcher», diagnostique l’activiste Nathalie Yamb.

En quatre mandats présidentiels, Faure Gnassingbé n’a pas créé une seule entreprise pour absorber les jeunes qui ploient sous le chômage et le sous-emploi du fait de l’inexistence de la politique d’emploi dans notre pays.

Au Ghana par exemple, Nana Akufo-Addo, arrivé au pouvoir il y a à peine 5 ans, s’est engagé à la mise en œuvre d’un programme ambitieux au profit du pays et de la jeunesse: la construction d’au moins une usine dans chacun des 255 districts (des subdivisions administratives) que compte le pays.

Au Togo, les rares entreprises qui existaient, après avoir été pillées et endettées en toute impunité, sont bradées à des étrangers. En attendant la Plateforme industrielle d’Adetikopé (PIA) qui devrait générer 35.000 emplois, en 16 ans gouvernance de Faure Gnassingbé, la seule « entreprise » créée est « Olé Togo », une société de Zémidjan (conducteurs de taxi-moto) qui, à encore le site du gouvernement, repbublicfotogo.com, est un « moyen de donner du travail aux jeunes ».

Les sociétés viables qui ont le vent en poupe actuellement dans le pays et qui servent de débouchés aux jeunes, sont la LONATO (Loterie Nationale Togolaise) et les deux brasseries, BB Lomé et la Société Nouvelle de Boissons (SNB).

Médard Amétépé

Source : Liberté