Un portail scellé à Gbamakopé | Photo : Liberté

Gbamakopé n’en finit pas de révéler ses problèmes. Alors que de milliers de familles sont menacées d’expulsion par les nommés Kpassra Komlan et Kpassra Abla, les vrais mandataires sortent du silence. Malgré l’intervention de la justice, les anciens mandataires sont toujours actifs, avec l’onction d’une dame qui se présenterait comme la fille de Gnassingbé Eyadéma.

Le nom est cité depuis plusieurs années dans un litige foncier à Gbamakopé, canton de Djagblé dans la préfecture de Zio. Ce nom, c‘est la collectivité Kpassra qui réclame plusieurs hectares de terrains. Il y a quelques mois, le maire de la Commune Zio 1 Tsévié et tout le conseil municipal ont fait le déplacement pour toucher du doigt la réalité.

Pour notre part, nous avons continué les recherches pour mieux comprendre ce qui se joue dans cette affaire qui pourrit la vie de milliers de familles. Qui sont ces hommes et femmes si puissants que rien ne semble pouvoir arrêter ? Nous sommes tombés sur des documents qui accablent du moins ceux qui opèrent depuis des mois sur le terrain.

En effet, la collectivité Kpassra est minée par un différend autour des personnes à même de parler et agir au nom de la collectivité. Le 26 septembre 2017, une procuration générale a été donnée par la collectivité à Kpassra Komlan et Kpassra Abla. L’acte a été établi en l’étude de Me Afiavi Dos-Reis Adjou-Moumouni. Selon le document, les personnes ayant comparu sont, outre les deux mandataires, trois autres personnes. Il s’agit de Mme Kpassra Adjo, Dagbovie Messan Kokou et Dagbovie Vidzro Kodjo. Les deux derniers ont présentés comme n’étant pas de la collectivité et donc n’ayant pas droit de désigner un mandataire.

Le 14 mars 2018, les autres membres de la collectivité Kpassra se réunissent et décident de changer de mandataires en révoquant le mandat des précédents. Ils sont aidés par Me Sewagnon Yawovi, Notaire à Lomé. Ils sont 19 personnes à comparaître en l’étude de Me Séwagnon pour la désignation de nouveaux mandataires. « Nous avons décidé de procéder à la révocation des anciens mandataires parce qu’ils n’agissaient plus selon les directives que les membres de la collectivité donnent. Il y a aussi le fait que les précédents mandataires ne reflètent pas la composition de ladite collectivité qui est composée de trois grandes lignées », explique un membre de la collectivité.

Dans l’acte rédigé par le notaire, la collectivité Kpassra déplore aussi que le précédent mandat ait été établi avec deux personnes, en l’occurrence les Dagbovie qui seraient originaires de Bè. Les nouveaux mandataires désignés sont donc Kpassra Komi, Kpassra Kodjo et Kpassra Awoussou. Ils sont les personnes légales à administrer les biens de la collectivité Kpassra, mais depuis leur désignation, ils se retrouvent dans l’incapacité d’agir. Pourtant, la justice leur a donné raison. Le 20 janvier 2020, le Président du Tribunal de première instance de Tsévié signe une ordonnance de cessation des travaux. L’ordonnance N°53/2020 ordonne « aux nommés Kpassra Komlan et Kpassra Abla ainsi qu’à toutes personnes de leur chef de immédiatement cesser tous les travaux de topographie entrepris sur le domaine foncier d’une superficie totale de 262 hectares, sis à Djagbé au lieudit Poukédji, et ce, jusqu’à la décision finale de notre juridiction de fond ».

En réponse à cette ordonnance, les nommés Kpassra Komlan et Kpassra Abla assignent les nouveaux mandataires (Kpassra Komi, Kpassra Kodjo et Kpassra Awoussou) en justice. Le 07 janvier 2021, le tribunal a rendu une décision dans laquelle il renvoie les parties à mieux se pourvoir. Mais en attendant, le tribunal a déclaré donner défaut aux requis. Il a déclaré leurs prétentions et demandes non justifiées en les déboutant. « Confirmons l’ordonnance sur requête N°53/2020 du 20 janvier 2020 », lit-on dans l’ordonnance de référé N°057 du 10 juillet 2020.

Au niveau des services du cadastre, les nouveaux mandataires ont fait opposition de visa, empêchant ainsi les actes signés par les anciens mandataires d’être légaux devant la loi. Ce qui implique toutes les conventions signées avec Kpassra Komlan et Kpassra Abla sont frappées de nullité.

A partir de cet instant, Kpassra Komlan et Kpassra Abla devraient cesser d’agir. Mais c’est sans compter avec une dame nommée Bijou qui se présenterait comme la fille de Gnassingbé Eyadéma. « Elle se présente sous ce nom et menace les gens. Toutes personnes qui intervient dans le dossier est menacées », accuse une source. A l’en croire, de nombreuses personnalités policières, judiciaires et administratives auraient déjà fait les frais de ces actes de menaces. Mais ce qui est plus déplorable, c’est que la dame aurait répondu aux membres de la collectivité Kpassra que Faure Gnassingbé serait au courant de ses actes et qu’il lui aurait donné son onction.

Nous avons contacté l’un des huissiers exerçant pour le compte des anciens mandataires et de dame Bijou. Me Djeri nous a fait savoir que ses clients n’ont pas été notifiés de leur révocation. « A aucun moment, cette révocation n’a été notifiée », a-t-il déclaré.

G.A.

Source : Liberté