Kparatao, Togo
Photo : DR

Voici l’image de Kparatao, au centre du Togo, en cette fin d’année. Un village de plus de dix mille âmes. Vous le croyez désert, en réalité ce sont les rues qui ont été désertées, les habitants sont là, cloîtrés dans leurs maisons quand ils n’ont pas eu la chance d’en fuir à temps. L’harmattan a dénudé les branches des baobabs mais les poteaux et les fils électriques sont là pour témoigner d’un lieu habité.

La vérité est que, depuis le 19 août 2017, tous les villages du centre du pays sont devenus des camps de concentration. L’Armée au pouvoir leur reproche d’abriter les membres de l’ethnie de Tikpi Atchadam. Parmi tous ces villages, Kparatao est le plus surveillé parce qu’il est le lieu qui a vu naître celui par qui le sommeil tranquille de la dictature cinquantenaire a été troublé.

Pour avoir été gagné par la contestation du 19 août, le Togo est devenu, par cercles concentriques, un camp de concentration où la sécurité n’est assurée qu’aux mercenaires civils dits hauts cadres et aux jeunes désœuvrés utilisés comme miliciens chargés de traquer les insoumis à la dictature.

Dans ce pays où on achète les armes avec l’argent du peuple pour les utiliser contre le peuple, quand le chef de l’Armée prend la parole un 31 décembre, à qui croyez-vous qu’il s’adresse ? Il s’adresse aux prisonniers que nous sommes, qu’on soit à l’intérieur du pays ou à l’extérieur, en permanence dans le viseur des hommes que nous payons pour assurer notre sécurité. Bref il s’adresse à ses incarcérés. C’est pourquoi bavard ou silencieux, aucun Togolais ne veut du quatrième mandat de Faure.

Zakari Tchabalé