Photo : DR / Fraternité

Depuis décembre 2019, l’Etat togolais a introduit, dans le dispositif de sécurité routière, l’alcootest. Une technique de contrôle systématique du taux d’alcoolémie sur les usagers de la route au Togo. Mais plus d’un an après, cette politique semble avoir du plomb dans l’aile.

Les espoirs d’une approche innovante…

Elle est annoncée comme une solution innovante pour réduire de façon drastique, les accidents de circulation. Ceci, après le bilan annuel affreux de blessés et morts sur les routes togolaises dont l’une des causes humaine est justement l’alcool.

Ainsi donc, pour pallier ce phénomène qui crée tristesse et alanguissements dans les familles et ménages, le gouvernement a introduit, depuis le 16 décembre 2019, l’alcootest dans les contrôles inopinés des usagers d’engins. Décision jugulée et concomitamment annoncée avec la mise en vigueur, à compter du 30 avril 2020, du contrôle permanent du permis de conduire catégorie A.

L’on pouvait, enfin, jubiler de l’adoption de cette approche innovante, au regard de sa pertinence. Ceci, lorsqu’on se rend compte du nombre d’accidents causés du fait des effets d’alcool sur les usagers. Mais seulement là. Cette mesure, annoncée en fanfare par le Gal Damehame Yark, le ministre en charge de la Sécurité et de la Protection civile, visiblement, bat de l’aile. Ceci, en ce sens que sa mise en œuvre n’est vraiment pas ressentie sur le terrain.

Où est passé l’alcootest?

Certes, elle est annoncée inopinée, mais nombreux sont les observateurs et acteurs de la sécurité routière qui souhaitent que même par intermittence, que cette descente sur le terrain ait, tout de même, une fréquence acceptable successible de mieux dissuader tout usager indélicat. Ce qui est, pour l’heure, très loin d’être le cas, quand on sait que les rares descentes sur le terrain des agents aux fins de contrôle sont les périodes de fêtes. Mais fort étonnant, il est même bien difficile de repérer ces agents une fois descendus sur le terrain. Pourtant, des usagers bien bourrés, continuent de rouler leurs engins sur les routes. Et avec des conséquences bien dommageables qu’on voulait pourtant éviter.

En effet, s’il est vrai que cette approche participe, sensiblement, à la réduction des accidents de circulation, en ces périodes sensibles, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle ne constitue pas, à l’arrivée, une mesure dissuasive. Ceci, lorsqu’on sait que la prise d’alcool se veut un phonème quotidien qui ne se résume uniquement pas qu’aux périodes de fêtes. C’est d’ailleurs pourquoi sous d’autres cieux, ce contrôle est réalisé à des heures spécifiques et à des endroits bien identifiés.

À l’antipode des critiques qui n’y voient juste qu’une communication gouvernementale, cette sorte d’inaction sur le sujet peut être du mal, à l’analyse, à un manque criarde de matériels. Et cela n’étonnerait d’ailleurs personne, lorsqu’on sait que la politique d’impunité qui a cours dans le pays sert de plus en plus de garantie aux délinquants financiers qui, malgré les bruits de botte des journalistes et organisations de la société civile, continuent de siphonner allègrement les deniers publics. Alors que ces fonds auraient pu servir à doter le pays de moyens convenables pour dérouler toutes ses politiques sectorielles. Aussi bien sur les plans sanitaire, éducatif, sécuritaire que d’autres.

La refonte de la politique nationale de sécurité routière pour plus de moyens et de rigueur

On peut, tout de même, se réjouir de la récente décision du gouvernement de procéder très prochainement, à une refonte complète de la politique nationale de sécurité routière. Laquelle s’articulera autour d’une meilleure réorganisation, tant sur le plan structurelle que de la gestion des ressources humaines. Mais alors, c’est une évidence que celle-ci risque de ressembler à la première, si l’on continue dans la légèreté dans la mise en œuvre. Surtout dans la répression des crimes économiques qui permettront de ressembler des fonds pour appuyer une véritable mise en œuvre de cette politique, tout comme d’autres en cours d’exécution.

Et cela donne du crédit aux observateurs qui estiment que l’introduction de l’alcootest est en soi une approche pertinente. Mais elle demeurera juste un effet d’annonce, si une rigueur et une certaine méthodologie n’accompagnent pas sa mise en application, devant lui conférer donc une approche bien pensée et murie, avec des résultats tangibles.

Source : Fraternité