Faure Gnassingbé (g)
et Félix Tshisekedi | Photo: DR

Dans un avenir proche, les citoyens congolais prendront connaissance des salaires de tous les agents publics. Du ministre au député, du magistrat au Président de la République lui-même, aucune zone d’ombre ne sera laissée au hasard. Un grand tournant de la vie politique congolaise que l’on doit avant tout à un Félix Antoine Tshisekedi qui n’a pas fait mystère de sa volonté d’instruire le gouvernement à dévoiler les salaires des agents. Une décision qu’il convient de transposer dans un Togo où les entrées et sorties sphères politiques sont hors.

« Le Chef de l’Etat nous a demandé de revoir un certain nombre des postes liés au fonctionnement des institutions, liés aux honorariats, et il nous a même dit qu’à l’issue du budget, il souhaite que nous puissions publier le salaire du huissier jusqu’au Chef de l’État. C’est l’instruction que nous avons reçue. Dès que le budget sera voté, nous allons publier le salaire du huissier jusqu’au Chef de l’État, de manière à opter pour plus de clarté et de transparence », a déclaréle 21 novembre dernier Nicolas Kazadi, le ministre des Finances.

Si la publication desdits émoluments prend effet lorsque le projet de Budget de l’exercice 2023 sera voté, elle aura de quoi instruire les Congolais, d’autant plus que le salaire des agents publics de l’État constitue un sujet tabou en République Démocratique du Congo. En septembre dernier la Coalition de l’opposition Lamuka avait demandé que la lumière soit faite sur le salaire que perçoivent les députés, salaire qui, selon ses membres dont Martin Fayulu, irait chercher dans les 21.000 dollars.

« Nous avons toutes les preuves. Le député national de la RDC touche plus qu’un député français, plus qu’un député américain. Nous sommes en guerre. Les militaires sur le champ de bataille n’ont pas de salaire et manquent même de quoi manger. Quel crime contre le peuple congolais ! Nous exigeons la démission du bureau du Parlement, un bureau d’enseignement de la corruption», avait dénoncé Robert Maungano Kihyoka, un des cadres de Lamuka.

Son de cloche différent de la part d’autres députés qui, eux, contestent ce montant avancé par Martin Fayulu. À les en croire, un député congolais percevrait, selon eux, un salaire de 7.500 dollars.

Mais avec cette décision de Félix Tshisekedi de mettre les choses au clair, on saura enfin la vérité tant cachée. On y verra plus clair, qui gagne quoi, comment et pourquoi.

Félix Tshisekedi affiche par la même occasion son intention de faire de la moralisation et la transparence de la vie publique une des clés de sa gouvernance, et même s’il est presque arrivé au terme de son premier mandat, cette décision à elle seule a de quoi en séduire plus d’un.

Quoi de mieux, de fait, que l’idée d’une république irréprochable, loin de tout soupçon de conflits d’intérêts, de corruption du personnel politique dans la conduite des affaires publiques, des scandales politico-financiers ? Le choix de faire publier le salaire des uns et des autres permettra aux citoyens d’ici de connaître le train de vie de ceux qui servent le pays.

Quoi de mieux qu’une gouvernance en toute transparence qui manque sous les cieux togolais, et dont les piliers de la République se soucient comme d’une guigne ? Au Togo justement, le salaire des agents publics toutes catégories confondues est inconnu des Togolais. Le Togo de Faure où la corruption s’est comme institutionnalisée depuis les petites sphères administratives jusqu’à la dernière strate de la société, devrait s’inspirer de cette décision.

Que gagnent les ministres, magistrats, maires ou le premier agent de l’État venu ? Le Président togolais peut-il se montrer assez courageux pour marcher dans les pas de son pair du Congo ? On ne peut qu’espérer que la chose soit possible ici. Cela aidera à promouvoir la transparence et à prévenir l’enrichissement illicite. Mais d’ores et déjà, la farandole autour de la déclaration des biens et avoirs des hautes personnalités, des hauts fonctionnaires et autres agents publics est une preuve de la résistance affichée au sommet de l’Etat togolais contre la transparence.

Sodoli Koudoagbo

Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info