Olivier Poko Amah
Olivier Poko Amah | Infog : 27avril.com

Depuis son exil, l’ex-président de l’Association des victimes de torture au Togo (ASVITTO) Olivier Amah réagit à la situation politique de son pays. Dans le message ci-dessous, il dit apprécier la résistance du peuple martyrisé, désabusé et sacrifié, salue la détermination des organisations de la société civile, les efforts des partis politiques et la bravoure de la diaspora. Il appelle cependant le « gouvernement illégitime » à faire preuves de patriotisme et à rechercher les indices de sensibilité aux souffrances du peuple.

Coup de cœur patriotique d’Olivier Amah à la résistance du peuple togolais

Résistance Patriotique et Confinement Forcé

Pour commencer, permettez-moi de rappeler que la résistance populaire est le moyen d’expression d’un langage clair aux institutions et dirigeants défaillants.

En ma qualité de défenseur des droits humains et m’inscrivant totalement dans l’esprit de la société civile togolaise, je me retrouve interpellé par la situation actuelle de mon pays, le Togo.

J’avais remarqué que depuis la proclamation des résultats frauduleux des élections présidentielles du 22 Février 2020, une ambiance délétère accentuée s’est installée dans notre pays à l’indifférence totalement inégalable des dirigeants de fait qui s’accrochent au pouvoir malgré leur censure par le peuple souverain dans les urnes, engendrant ainsi un climat de résistance entretenu par l’ensemble dudit peuple. Je continue à observer plusieurs violations des droits humains, l’usage excessif de la force de la part de ces dirigeants contre les filles et fils de notre pays dans le seul but de conserver le pouvoir. J’observe les assassinats des uns, les emprisonnements des autres et aussi les différents exercices d’intimidations.

Je paris que je ne remuerai pas le couteau dans la plaie collective des Togolais si je rappelle au passage que plusieurs partenaires peinent à reprendre la coopération avec le Togo à cause du déficit démocratique et des violations graves des droits humains. Je martèle que les différents gouvernements successifs sous la bannière de la dictature ne sont jamais parvenus à véritablement rétablir la coopération avec le Benelux par exemple, pour ne citer que ça.

Je peine à comprendre pourquoi la vérité des urnes ne peut pas être une réalité impérieusement incontournable dans notre pays qui aspire à la démocratie et surtout la raison pour laquelle la volonté du peuple émanant des élections présidentielles du 22 Février 2020 doit être une fois encore confisquée, plongeant ainsi le Togo dans une situation inédite en Afrique en le maintenant une fois de plus sous le poids des sanctions internationales qui justifierait le confinement forcé de ses dirigeants.

Je peine à comprendre l’esprit de la mobilisation de plus de 750 milliards de FCFA pour l’approvisionnement des Forces Armées Togolaises en équipements militaires alors que la priorité devrait impérieusement être accordée à la santé, à l’éducation et aux infrastructures essentielles au développement d’un pays. L’histoire retiendrait les fournisseurs de ces équipements militaires qui seront très souvent tournés contre les civils aux mains nues. Les massacres de Bè et de Fréau Jardin en 1993 dans la capitale togolaise et ceux d’avril 2005, pour ne citer que ceux-là, sont des exemples palpables de l’usage flagrant de l’équipement militaire.

Je peine à saisir le sens véritable de l’enrichissement en équipements militaires alors que mes frères d’armes peinent à se loger convenablement et à subvenir aux besoins vitaux de leurs familles et surtout à avoir une retraite digne.

Face à ces différentes violations des droits les plus élémentaires des citoyens de la république, j’assiste à la résistance du peuple martyrisé, désabusé et sacrifié.

J’apprécie la résistance multidimensionnelle des dignes filles et fils du Togo par de différents sacrifices et quelques fois au prix de leur sang et de leurs vies.

J’apprécie la détermination des organisations de la société civile qui luttent pour une république dans laquelle la sacralité de la vie humaine sera primordiale et le respect des droits de l’homme seront vainqueurs.

J’apprécie les efforts de différentes chapelles politiques qui malgré leurs différents visions et plans d’actions sont supposés aboutir collectivement à la libération de la nation. Je les invite humblement à l’abandon des calculs politiciens et à l’adoption d’un sursaut patriotique pouvant graver leurs passages sur les pages dorées de l’histoire de notre nation.

J’apprécie la lueur d’éveil de consciences des compatriotes et frères d’armes qui commencent à faire courir les usurpateurs dans le sens contraire de la vérité exposant ainsi la face réelle du régime.

J’apprécie la bravoure combattante de la diaspora et de ses différentes organisations qui accentuent le projecteur sur les violations et les abus du régime cinquantenaire de Togo et surtout sur la souffrance du peuple togolais.

Je constate que ces différentes phases de la résistance envoient un langage plus que limpide aux dirigeants inertes aux souffrances du peuple togolais.

Je constate le confinement forcé sans précédent des dirigeants de fait du Togo sous prétexte des mesures préventives de la pandémie du COVID-19 alors que la réalité reste plutôt la peur d’affronter les effets de la résistance.

J’ai personnellement compris que ce confinement forcé est la conséquence directe de la réticence ou de l’éloignement progressif de certains partenaires stratégiques qui continuent par douter de la légitimité des dirigeants actuels.

J’ai pris acte des difficultés d’actions du gouvernement illégitime obligeant ainsi son actuel ministre des affaires étrangères à lorgner la Russie pour des objectifs insuffisamment élucidés.

Face à ces différentes réalités, j’invite les dirigeants de fait à faire preuves de patriotisme et à rechercher les indices de sensibilité aux souffrances du peuple.

J’invite toute la population togolaise à rester debout et surtout éveillée afin de ne plus épouser une fois encore les techniques de saupoudrages de l’usurpateur qui sont déjà en exercice dans certains secteurs essentiels de la nation.

J’adresse finalement un merci sincère et patriotique à toutes les entités de résistance et les invite à plus d’audace, d’éveil et d’actions patriotiques dans le but de libérer notre nation de l’emprise de la dictature.

Unis pour la même cause, le combat continue.

Olivier Poko Amah

Source : Liberté N°3338 du 02 mars 2021