Caric : Donisen Donald / Liberté

L’Escouade spéciale de lutte contre le vol (Sars), accusée depuis des années de violations généralisées des droits de l’homme au Nigéria, a été dissoute. Cette force de police spéciale, dont le gouvernement avait récemment ordonné la dissolution, aura perdu face aux manifestants victimes d’arrestations illégales, de torture et de meurtre. Le président Muhammadu Buhari répond ainsi favorablement à l’opinion publique qui n’en pouvait plus de ces brutalités policières. Comparaison ne saurait être raison, certes, mais comment ne pas faire le parallèle avec la situation sécuritaire togolaise souvent émaillée de tristes événements dans lesquels les forces de l’ordre montrent tout ce qu’elles possèdent de forces vindicatives et d’atrocité devant des citoyens non armés ?

On sait que « Nul ne peut être soumis à la torture ou à d’autres formes de traitements cruels inhumains ou dégradants », comme le stipule l’article 21 alinéa 1 de la Constitution togolaise. Mais ce point n’est presque jamais entré en ligne de compte par des militaires qui considèrent des citoyens comme des ennemis à abattre.

On a encore présent à l’esprit l’humiliante mort du jeune homme Mohamed, laveur de voiture abattu froidement en mai dernier à Avédji. Comme pour dorer la pilule aux Togolais, le ministre de la Sécurité et de la protection civile Yark Damehame avait dans la foulée indiqué qu’une enquête était ouverte pour faire la lumière sur les faits. Il était hors de question selon lui que ce qu’il a qualifié de « grave incident » reste impuni. Ce que cette enquête est devenue cinq mois après, difficile à dire, comme est difficile de savoir ce que cet impudique militaire a reçu comme sanction.

On ne parlera pas de l’autre victime de la barbarie policière qui n’était autre que Dodji Koutwati vraisemblablement battu à mort en avril par la soldatesque de la Force anti-Covid. Avec une pareille banalisation de la vie humaine, le ministre de la Sécurité a oublié qu’il renforce en creux ses éléments dans leur sentiment d’être des intouchables, eux qui barbotent dans une impunité révoltante d’obscénité. Ce sentiment d’agir impunément poussent les policiers à outrepasser leurs prérogatives chaque jour que Dieu fait, comme ce policier qui a giflé une dame le mois dernier. Si le gouvernement veut vraiment instaurer un climat où « l’harmonie harmonie sociale et la consolidation de la paix » auront droit de cité, comme indiqué lors du fameux séminaire, il devra revoir sa politique sécuritaire.

Source : Le Correcteur