OTR siege sociale
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La corruption, la gabegie, le gaspillage ont franchi toutes les limites sous le régime RPT/UNIR. Forts d’une impunité totale garantie par le plus haut sommet de l’Etat, les cadres de l’administration ou leurs supérieurs se permettent tout avec l’argent public. Pendant que les pauvres togolais sont régulièrement étranglés dans leurs activités quotidiennes par les services du fisc, l’on se pose souvent des questions sur les destinations des recettes. Il est de notoriété publique que la corruption a fait son lit dans les arcanes de l’OTR et il suffit de voir les réalisations des fonctionnaires de ce service et leur train de vie pour s’en convaincre.

Les médias font régulièrement des dossiers, des investigations des révélations, dans l’indifférence totale des décideurs au sommet de l’Etat pour la simple raison que plusieurs voleurs au sein de cette structure sont au service du parti au pouvoir, et par extension, du régime cinquantenaire incarné par Faure Gnassingbé.

Ce dont nous voulons parler dans cet article n’est pas la corruption ou le pillage, mais un fait qui relève non seulement d’une grande gravité, mais aussi de la méchanceté. L’OTR (Office Togolais des Recettes) a acquis depuis plus d’un an 18 voitures neuves 4X4 marque Toyota, comme on peut le voir sur les images. Selon nos recoupements auprès des concessionnaires, le prix unitaire de ces voitures est de 23 765 200 F CFA TTC.

Les autres formalités, notamment l’immatriculation et l’assurance ont porté le coût à presque 25 millions. Mais elles sont finalement abandonnées sur la cour de la Direction générale de l’OTR, à la merci du soleil, de la pluie, de la poussière, comme le montrent ces images que nous avons prises il y a quelques jours au sein de ce service. En d’autres termes, la Direction générale de l’OTR a acheté pour les besoins de la cause 18 voitures neuves 4X4, qu’elle a immatriculées mais qu’elle n’a jamais mises en circulation, et ceci depuis un an.

Si le coût unique de la voiture neuve est de 25 millions F CFA, les 18 reviennent donc à 450 millions disons presqu’un demi-milliard. Cette affaire est au cœur des discussions à voix basse de presque tous les cadres et employés de ce service qui ne comprennent pas pourquoi on a acquis des voitures neuves pour les abandonner ensuite, à la merci de la nature. Voilà ce à quoi servent en réalités les impôts des pauvres populations qui sont quotidiennement harcelées par les services du fisc. Si une partie des sous ne servent pas à garnir les comptes des cadres de ce service ou des autorités, ils sont engloutis dans la gabegie ou le gaspillage qui fait l’objet de cet article. S’il a été jugé nécessaire d’acheter ces voitures, c’est qu’il y avait un besoin au sein du service. Comment se fait-il alors qu’elles soient abandonnées juste au lendemain de leur achat ?

Pendant que dans les hôpitaux, les centres de santé sur l’ensemble du territoire, il manque cruellement d’ambulance, de lits, de produits destinés aux premiers soins (alcool, sparadrap, seringue etc.), à l’OTR on jette dans la nature, et depuis plus d’un an, 18 voitures qui ont couté presqu’un demi-milliard. Pendant que sur l’ensemble du territoire et même dans la capitale, il manque des salles de classes, des tables-bancs, des toits pour des écoles, un service de collecte des recettes de l’Etat se permet une telle folie.

Pendant qu’enfin, sur l’ensemble du territoire, les populations n’ont pas d’eau potable et continuent de boire à la même source que les animaux, à l’OTR on se permet une folie pareille. Il y a des ministères, des services d’Etat qui manquent cruellement de véhicules. Il y a les brigades de gendarmerie et les commissariats qui sont en manque de véhicule dans l’exécution de leurs tâches.

Nous pouvons multiplier à n’en point finir les besoins auxquels cette somme pourrait être affectée pour le plus grand soulagement des populations. Cette somme qui a permis d’acheter ces voitures neuves, aurait pu servir à acheter un scanner pour un hôpital à l’intérieur du pays.

Si par extraordinaire à la sortie de cet article, il faudra mettre en circulation ces voitures, il faut nécessairement leur faire une révision du fait que depuis un an, elles sont restées immobilisées. Ce qui engendrera des coûts supplémentaires pour l’OTR. Voilà la gestion qui est faite du pays, en toute impunité.

Il y a quelques mois, des images des produits céréaliers en train de pourrir dans un magasin de l’ANSAT dans la région des Plateaux avaient fait le tour des réseaux sociaux et relayées ensuite par certains journaux. Aucune suite n’a été réservée à ce scandale dans un pays où les gens peinent à avoir deux repas par jour.

Le cas de l’OTR n’est que la face visible de l’iceberg. On peut retrouver dans plusieurs services de l’Etat des cas de ce genre. L’impunité, le manque de sanction, la complaisance dans le traitement des agents fautifs de l’administration dont le régime est devenu le garant depuis le sommet de l’Etat poussent les gens à franchir les frontières de l’indécence et même de la méchanceté. Dans le cas d’espèce de l’OTR, il existe plusieurs démembrements.

Depuis plus d’un an, aucune structure interne n’a attiré l’attention de la Direction générale sur le cas de ces véhicules neufs qui pourrissent au soleil. Il ne sert à rien pour les dirigeants de ce pays de continuer à solliciter des aides à l’extérieur si à l’intérieur du pays, les services de collecte des recettes de l’Etat se livrent à ce genre de dilapidation.
Une chose est certaine, même à la sortie de cet article, personne ne sera inquiété dans ce dossier. La plupart des cadres de ce service sont des militants actifs du RPT/UNIR et chacun dispose d’un protecteur à la Présidence ou dans les sphères de décision du régime. Ainsi va la gouvernance sous Faure Gnassingbé.

Source : L’Alternative