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« Fais-toi pardonner ta puissance par ta douceur ; mérite d’être aimé ; redoute d’être craint » (Chilon)

Ils sont nombreux à prier de voir leurs noms inscrits dans la liste qui sera publiée. Comme lors d’un examen donnant suite à la proclamation des résultats. Eux, ce sont les pensionnaires des prisons civiles du Togo.

Anciens comme nouveaux, détenus et prévenus, coupables comme innocents, ces citoyens privés de leur liberté –ce bien qui fait jouir des autres biens- attendent cette grâce annuelle conférée par la loi au chef de l’Etat lui permettant de pardonner à des personnes privées justement ou injustement de liberté.

Mais pour que Faure Gnassingbé décide, le gros du travail doit venir de son ministre de la Justice et du président de la Cour suprême qui doivent avoir les arguments de persuasion. Il faut qu’ils aient les mots assez forts pour rassurer et justifier la liste à défendre. Oui, car il s’agira bien de défendre une liste ouvrant les portes de la liberté à d’autres citoyens togolais qui, à un moment de leur vie, ont été en conflit avec la loi. A tort ou à raison.

Loin de nous tout sectarisme ou discrimination. Mais à la veille de la fête de l’Indépendance du Togo, nos pensées vont à ces prévenus anonymes à l’instar d’un certain Laurent Kpogo déposé depuis juin 2013, mais qui n’est jamais passé devant les assises et continue de porter une croix si lourde. Il y a un certain Casimir Dontéma dans une prison à Sokodé –ou transféré ailleurs peut-être-, détenu dans l’affaire de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Sans oublier celui qui était considéré comme le cerveau de cette affaire de tentative, Kpatcha Gnassingbé. Et que dire du récent pensionnaire, journaliste de son état, Germain Ayivi, et des anonymes qui eux aussi espèrent, croisent les doigts et égrènent le chapelet pour figurer sur cette fameuse liste de la liberté ?

Aujourd’hui, la tension politique est retombée. En attendant 2025. Mais entre-temps, il y a des défis que Faure Gnassingbé doit relever et au rang desquels la démonstration de la force du chef : le pardon. Loin d’être un aveu de faiblesse, le pardon est réservé aux grands hommes qui savent en faire usage dans les moments inattendus.

L’article 103 du Code pénale dispose que « la grâce accordée par décret du Président de la République emporte seulementdispense totale ou partielle, définitive ou conditionnelle, d’exécuter une peine ou une mesure de sûreté devenue définitive.Quand elle est partielle ou conditionnelle, elle peut notamment, consister à accorder lebénéfice des mesures d’aménagement des peines prévues par le code de procédure pénale… ». Qui sont et combien seront-ils à bénéficier de la grâce présidentielle à l’occasion du 27 avril 2021 ?

Il suffit parfois d’un geste, d’un seul acte pour faire changer le cours de l’histoire. Tout le monde mérite d’être aimé, mais chacun doit redouter d’être craint. Comprenne qui pourra.

Godson Ketomagnan

Source : Liberté / libertetogo.info