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« La paix, ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement » (Félix Houphouët-Boigny)

La Journée internationale de la paix est célébrée dans le monde entier le 21 septembre de chaque année. Cette initiative émanant de l’Assemblée générale des Nations unies est consacrée au renforcement des idéaux de paix à travers l’observation de 24 heures de non-violence et de cessez-le-feu. Mais pour parvenir à une paix véritable, précise les Nations Unies, il faut bien plus que déposer les armes. Il faut construire des sociétés où tous les membres ont le sentiment de pouvoir s’épanouir. Il s’agit de créer un monde dans lequel les gens sont traités de manière égale, quelle que soit leur race. Pour cette année, la célébration est placée sous le thème : « Mettre fin au racisme. Bâtir la paix ».

Au Togo, la paix, ça connaît les citoyens. Les autorités en sont d’ailleurs les chantres, plus que tout autre pays d’Afrique. Ce vocable est présent dans tous les discours. Tant et si bien qu’il est arrivé un moment où la paix était écrite un « Y » à la fin.

Ça c’est le côté humour de la chose. Mais pour être sérieux, au nom de la paix, le régime pose des actions qui ne militent pas en faveur de cet idéal. Et pour cause, pour la dynastie qui régente le pays, la paix c’est l’absence de guerre. Le concept ne va pas plus loin que ça et diffère de la définition qui en fait un concept plus grand que l’absence de guerre. Au Togo, les élections sont paisibles pourvu qu’au cours ou à la fin du processus, personne ne descende dans la rue pour contester les résultats. Les contestations peuvent être faites devant les institutions acquises à la cause du régime, mais pas dans la rue. De la même manière, les mesures impopulaires peuvent être dénoncées dans les déclarations sur les médias. Elles ne doivent pas s’exprimer dans la rue. Il en est de même des manifestations populaires même les plus pacifiques. Au Togo, tant que rien de cela n’est visible, le pays est en paix.

Pourtant, quand on parle de paix, il ne s’agit pas simplement d’une situation dans laquelle personne ne rouspète, ne dénonce ou n’exprime sa désapprobation vis-à-vis d’une situation. La paix, c’est d’abord lorsque tous ont la possibilité d’exprimer librement leurs points de vue, disposent du minimum pour leur épanouissement et ne subissent aucune injustice.

Il y a un an, lors de la 76ème session ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU, Faure Gnassingbé vantait la paix qui règne dans son pays. « La feuille de route gouvernementale adoptée au lendemain de la pandémie, en lien avec le Plan national de développement, traduit notre vision commune, celle de faire du Togo un pays de cohésion et de paix, une nation moderne avec une croissance économique inclusive et durable », avait-il déclaré.

De vains mots puisque durant la même période, les Togolais subissaient une série de mesures qui effritaient davantage leur pouvoir d’achat. Les mesures impopulaires se sont poursuivies avec les augmentations des prix des produits pétroliers y compris le gaz. Une nième hausse qui a contribué à enfoncer la majorité des Togolais et dégarnir le panier de la ménagère. Les populations ont de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts. Outre la paupérisation des Togolais, l’espace d’expression est de plus en plus réduit. Depuis les élections présidentielles de février 2020, les manifestations populaires sont interdites, de fait. D’abord avec l’argument de la pandémie à coronavirus, ensuite avec celui de l’insécurité avec en fond de toile les attaques terroristes dans les Savanes. Alors que les partis politiques de l’opposition sont coincés, le parti au pouvoir déroule son programme de précampagne. Ce mois encore, des formations de militants ont eu lieu dans certaines régions. Ainsi va la paix au Togo, sans le pain, mais dans la violation des droits.

Médard Amétépé

Source: Liberté / libertetogo.info