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« Une crainte prévoyante est mère de toute sécurité » (Edmund Burke)

Le jeune président est manifestement décidé à couper la tête des figures emblématiques de son régime. Après des changements intervenus au sein du haut commandement militaire, suivis de l’arrestation inattendue, mi-janvier 2023, de l’ancien chef d’état général major des Forces Armées Togolaises, il se murmure qu’un autre « sécurocrate » en chef de Faure Gnassingbé, naguère très influent dans l’appareil militaire et élément clé du dispositif présidentiel, serait aussi aux arrêts.

Pilier du régime, l’armée togolaise a de tout temps montré sa loyauté au chef de l’Etat, chef des armées. Un appareil sécuritaire jugé homogène sur lequel a pu compter le père qui a dirigé le pays pendant quatre décennies. C’est également sur l’armée que se repose le pouvoir du fils. Il a pu compter sur les hommes en tenue au cours des péripéties qu’a eu à traverser le pays, de son accession tumultueuse à la grave crise sociopolitique qui a ébranlé son régime en 2017. L’armée a été dans tous les bons coups au profit de Faure Gnassingbé.

Toutefois, la sérénité ne semble pas de mise au sein de l’appareil étatique. Les bouleversements et autres mutations qui interviennent régulièrement au sein de la grande muette témoignent parfois de la fébrilité du pouvoir togolais. De plus, les coups d’Etats qui se sont multipliés entretemps dans la région ouest-africaine ont eu des répercussions dans notre pays et au sein des services de sécurité. Avec des réorganisations et des changements à la tête de certains régiments. Ça aurait pu s’arrêter là, d’autant plus que le mistral semble passer dans une sous-région qui court plus un grand risque de « somalisation » à cause des incessantes incursions terroristes dans nombre de pays.

Au Togo, cependant, des « sécurocrates » en chef du régime qui, hier faisaient la pluie et le beau temps, semblent être dans le viseur. Grand fut l’étonnement des Togolais lorsqu’en début d’année, l’ancien chef d’état-major général des FAT et beau-frère du chef de l’Etat a été arrêté. Sans autre forme d’explication. Des indiscrétions, un autre officier supérieur, ancien haut responsable des services secrets qui avait entretenu de franches inimitiés avec le premier, connaîtrait aussi le même sort.

Cette autre arrestation si elle venait être confirmée, serait à double tranchant pour le pouvoir qui pourrait se mettre à dos bon nombre de membres influents. Quand on sait que ces officiers supérieurs tombés en disgrâce, sont tous issus de l’ethnie que certains disent « dominante » dans les cercles du pouvoir. Même s’il est constant que les mêmes hypothèses avaient été émises quand les anciens tout-puissants ministres de la Défense, et de l’Administration territoriale, Kpatcha Gnassingbé et Pascal Bodjona avaient été neutralisés. Mais la vie continue…

Médard Amétépé

Source: Liberté / libertetogo.info