Payadowa Boukpessi, ministre de l’Administration territoriale | Infog : 27avril.com

Il y a de plus en plus de restrictions de la liberté d’expression au Togo. Aux manifestations de l’opposition à celles des organisations de la société civile, s’oppose, s’interpose en imposant des itinéraires qui lui conviennent. Un déficit démocratique qui traduit toute l’asymétrie du régime de Faure Gnassingbé.

Un indicateur permet d’établir le bilan de Faure Gnassingbé sans même avoir recours à des cabinets spécialisés. 14 ans de gestion du Togo révèlent de profondes disparités entre les faits et les actes. En ces temps de Plan national de développement (PND) où tous les courtisans blancs et noirs du régime cinquantenaire sont dans une effervescence sans précédent, un côté non reluisant de Faure Gnassingbé n’échappe pas à ceux qui ne se laissent pas berner sa politique spectacle.

Les marches pacifiques de l’opposition ont, soit essuyé un refus catégorique du ministère en charge de l’Administration territoriale soient été brutalement réprimées par les forces de l’ordre. Le relevé des blessés graves et des morts se chiffre à des milliers. Sur le terrain politique, le régime est en réalité un tigre en carton qui, à la moindre annonce des manifestations de l’opposition, étale ses signes de fébrilité. Cela passe souvent par des messages d’intimidation à l’endroit des leaders de l’opposition et la répression de leurs militants. La propension à étouffer les responsables politiques par des espèces sonnantes et trébuchantes ou à envisager leur arrestation est une autre méthode. Cette méthode quitte le terrain politique et gagne le terrain social. Il y a péril en la demeure.

Après avoir, dans un premier temps, refusé la marche prévue par le Mouvement Martin Luther King (MMLK), le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales a fini par autoriser un sit-in. Mais les membres et sympathisants du MMLK n’ont pu tenir leur manifestation. Ils ont été gazés par les forces de l’ordre. Rassemblés au stade omnisports de Lomé, lieu autorisé par le ministre, les manifestants qui réclament le départ de Claude Le Roy, sélectionneur des Eperviers du Togo, pour insuffisance de résultats, ont été dispersés à coup de gaz lacrymogènes. Pour le MMLK, il s’agit d’arrêter Claude Le Roy dans son saignement à blanc des Togolais. Mais le pouvoir de Lomé n’entend pas de cette oreille cette réaction légitime de l’association. Il a usé des moyens traditionnelle pour étouffer la revendication.

Aussi, faut-il le rappeler, trois (03) membres de l’association devront comparaître le 11 avril prochain devant la Cour d’Appel de Lomé. Ils sont accusés de trouble à l’ordre public et participation à une manifestation interdite. C’était à la suite de l’appel de la Coalition des 14 partis de l’opposition pour la manifestation contre les élections frauduleuses du 20 décembre 2018. Le pouvoir parvient toujours à s’abriter derrière des arguments fallacieux pour justifier ses actes liberticides. Le prétexte de la loi de Bodjona est devenu le passe-droit sur lequel il s’appuie selon ses humeurs pour autoriser les manifestations ou changer les itinéraires.

A la suite de la hausse des prix des produits pétroliers, la Ligue des consommateurs du Togo (LCT) a prévu marcher. Mais la manisfestation annoncée pour le 26 mars passé et qui, selon les organisateurs, chuter devant le ministère du Commerce, a été interdit. De même, en juillet 2018, le Front citoyen Togo Debout a essuyé un refus de manifestation de la part des autorités. Très tôt le matin à Kodjindji où le rassemblement était prévu, un impressionnant dispositif militaire avait envahi le lieu. Les organisateurs ont dû surseoir à la manifestation.

« Très tôt le matin, et alors que la manifestation n’a fait l’objet d’aucune interdiction régulière, le lieu du meeting a été investi et pris d’assaut par une forte présence militaire afin d’empêcher tout attroupement. Tout en dénonçant cette pratique liberticide qui n’honore guère notre pays, le FCTD demande à ses membres actifs et sympathisants, ainsi qu’à toutes les populations de Lomé et de ses environs, de surseoir à tout déplacement sur le lieu du meeting pojeté pour ne pas s’exposer à la répression barbare et aux arrestations arbitraires dont nos autorités sont coutumières », a réagi l’association dans un communiqué rendu public à l’époque.

En décembre dernier, le mouvement Forces Vives, Espérance pour le Togo a subi le même sort. Autant de faits et gestes qui prouvent que derrière la façade PND, un autre plan liberticide est mis en branle.

Source : L’Alternative No.790 du 09 avril 2019