assouma cour constitutionnelle confirme faure relu président
Caricature : Donisen Donald / Liberté

Faure Gnassingbé n’est pas à son premier hold-up électoral. Mais la victoire proclamée à l’élection présidentielle du 22 février avec 72,36 % des suffrages va lui rester longtemps en travers de la gorge, comme une arête de poisson. Tant il fait l’unanimité contre sa personne avec cette victoire à la limite du ridicule….

72,36 % des suffrages, élu dès le premier tour. Ce dimanche 23 février 2020, soit au lendemain du vote, c’est avec grand sourire que le « Messi » a accueilli la proclamation de sa victoire par Tchambakou Ayassor et les siens. Devant ses militants, il n’a pas boudé sa joie, se permettant même d’envoyer des piques à ses concurrents qu’il désigne d’« adversaires malheureux ». Pour lui, l’essentiel était fait, avec cette proclamation express des résultats par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), une première depuis le processus démocratique dans notre pays.

Faure Gnassingbé n’est pas à sa première victoire à une élection présidentielle,. C’est la quatrième fois qu’il brigue la magistrature suprême en l’espace de quinze (15) ans et autant de fois qu’il est proclamé gagnant, dans des conditions tout autant cocasses les unes que les autres. Mais le triomphe sans appel au scrutin du 22 février, avec un chiffre record de 72,36 % des suffrages et une élection au premier tour devant six (06) autres candidats aura un goût amer dans sa gorge. Tant cette victoire est décriée de partout et le « Messi » fait l’unanimité contre sa personne.

Sur la scène politique nationale, c’est inédit pour être souligné, l’élection du « Prince » souffre de reconnaissance. D’abord dans les rangs de ses concurrents, cinq (05) sur les six (06) en tout rejettent les résultats proclamés et surtout le chiffre de 72,36 % des suffrages à lui attribué, et quatre (04) affirment haut et fort que le véritable gagnant des suffrages populaires, c’est le candidat du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) et de la dynamique Kpodzro, Agbeyome Kodjo. C’est rare sur le landerneau politique togolais où l’hypocrisie est la chose la mieux partagée pour être occulté. Ils l’ont affirmé et y sont revenus à maintes reprises. Le « Président élu » lui-même l’a réitéré et réclame sa victoire. C’est dans cette dynamique que la manifestation du vendredi 28 février dernier était organisée, mais elle a été réprimée par la soldatesque.

Dans les rangs des partis politiques non participants au scrutin, c’est le même rejet de la victoire de Faure Gnassingbé, sinon du hold-up. Les communiqués et déclarations s’enchainent pour désavouer cette victoire du « Messi » et affirmer celle d’Agbeyome Kodjo. Les dernières sorties en date, ce sont celles du Parti des Togolais et du Parti national panafricain (PNP). Tout en rejetant le triomphe de Faure Gnassingbé, les formations de Nathaniel Olympio et de Tikpi Atchadam sont revenues sur la recette qu’elles trouvent meilleures pour venir à bout de la situation de crise du Togo, la transition politique.

Dans le rang de la société civile, c’est le même rejet. On dénonce le non respect de la vérité des urnes. Le Front citoyen Togo Debout l’a affirmé et réaffirmé à maintes reprises, le vrai gagnant des urnes, c’est Agbeyome Kodjo et non Faure Gnassingbé. Et d’appeler les populations à se mobiliser pour défendre leur victoire. Même les évêques y sont allés de leur appel. Eux aussi exigent la vérité des urnes et dénoncent les mauvais traitements infligés aux citoyens sortis vendredi pour défendre leurs suffrages.

Au sein de l’opinion, c’est la même conviction, Faure Gnassingbé a été battu à plate couture et c’est juste un forcing qu’il fait pour accaparer la victoire d’autrui, sinon d’Agbeyome Kodjo. Impossible de convaincre du contraire, même aux aveugles et aux sourds-muets. Que ce soit dans les marchés, dans les bureaux, dans la rue, bref partout, c’est le sujet au centre de toutes les conversations.

Même dans le rang de la communauté internationale, la victoire du « Messi » souffre de reconnaissance. Habituellement, avant la proclamation des résultats définitifs, c’est un afflux de félicitations qui est constaté. Mais dans le cas présent, les dirigeants du continent et du monde ne se bousculent pas pour le congratuler. Pas (encore) de félicitations des chefs d’Etat de la CEDEAO, de l’UA, etc. La France, la Délégation de l’Union Européenne et les autres ambassades occidentales se retiennent de le faire pour l’instant, attendant la proclamation des résultats définitifs annoncée pour ce mardi. Les Etats-Unis d’Amérique, eux, ont fermé les yeux sur les considérations diplomatiques pour remettre en cause cette victoire.

C’est ce qui est manifeste dans la sortie, mercredi 26 février, de l’ambassadeur au Togo Eric Stromayer. Le diplomate américain a requis tacitement la proclamation des résultats bureau de vote par bureau de vote. Une demande qui met en lumière la conviction de Washington que Faure Gnassingbé n’est pas le vrai vainqueur des urnes. A sa suite, l’ancien Secrétaire d’Etat aux Affaires africaines Herman Cohen. Après avoir demandé, vendredi, un recomptage formel des voix sous observation internationale, le diplomate est revenu dans un nouveau tweet féliciter ouvertement Agbeyome Kodjo en tant que président élu.

Au finish, les seuls soutiens de Faure Gnassingbé, ce sont lui-même, son parti le RPT/UNIR, les associations et mouvements de son supporting club, Gerry Taama, Abass Kaboua et leurs partis respectifs. Faut-il le souligner, même l’Union des forces de changement (UFC), le parti allié du régime, n’a pipé mot…

Tino Kossi

Source: Liberté