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Les Togolais ont beau gémir de la misère, ils ont beau se plaindre de la déliquescence de leur pays; ils peuvent se tordre de douleurs, de toutes les douleurs par ces temps du COVID-19 qui courent, « Allons-y Seulement ». C’est la devise du clan. Imperturbable. Sans le moindre geste du coeur. Ne serait-ce que par des mots d’espoir. Ostracisant pouvoir! Outrageant président! Cela équivaut à une trahison. Et puis, quoi dire et Comment faire comprendre aux élèves et étudiants, à la jeunesse dans son ensemble, le silence méprisant du président pendant cette période de panique générale? Tous les Chefs d’Etat, en Afrique, à un rythme quasi-quotidien, s’adressent à leurs peuples, les rassurent, mettent ou promettent les grands moyens. Le notre, Faure Gnassingbé, celui qui dit avoir l’onction du peuple (70% de suffrage), lui, met le pilotage automatique et reste muet. Si ce n’est pas de l’arrogance, c’est alors une ignorance couplée d’un mépris, comme si le peuple, à ses yeux, est indigne d’estime et d’attention.

C’est si peu dire que le Togo, bien avant la pandémie du Coronavirus, était déjà très mal-en-point. Le désastre était partout, dans un pays flapi, épuisé, dysfonctionnel, très souvent moqué et, chaque fois tuteuré. C’est à croire que les Togolais appartiennent non pas à un État, mais à une entreprise familiale en faillite dont on essuie les plâtres et honore tant bien que mal les fins du mois avec l’anémique économie que la bande parvient encore à faire tourner en faisant souvent la manche. Mais jusqu’à quand cette gouvernance qui se contente de réchauffer pour notre descendance un territoire qui se dégrade sous nos pieds comme une peau de chagrin? Le Togo de Faure ne s’est jamais préparé pour affronter aucune catastrophe. Paradoxe, au temps d’Eyadéma, le pays avait des réserves financières. Aujourd’hui la corruption a plombé l’économie nationale jusque dans ses murs porteurs. Conséquence, le Togo n’a pas le nerf de la « coronaguerre ».

L’Etat est impuissant, sans la moindre infrastructure de classe: au moment où il en a le plus besoin il n’a pas un(1) hôpital moderne. Aucun n’est construit en quinze ans. Ne pas avoir le peu nécessaire et courir le monde à la recherche d’aides basiques relève d’une irresponsabilité intolérable. Notre problème est que les tares et les vices battent le plein, se disputent l’horizon, en route impunité. Derrière ce tableau de nulle reluisance, rivalisent d’ardeur, dans la société, ignorance, inculture, étroitesse d’esprit quand, au sommet, règne une gouvernance fondée sur le machisme primaire, la microcéphalie, l’absence de vision autre qu’électorale, sir le manque de bienveillance, d’empathie et tout simplement de volonté politique. Le gouvernement, pour paraître, ment à bout portant, sans sourciller.

Une autre nation aurait fini, depuis longtemps, de régler l’énigme gnassingbé et toiletter le pays de ses puanteurs. Ne pouvons-nous vraiment pas nous libérer en réveillant en nous-mêmes l’élan des belles révoltes de naguère comme en 1958 et remettre de l’ordre dans cette sanie qui nous sert d’État? En pareil cas, le bulletin de vote, l’urne et l’isoloir ne peuvent avoir leur place parmi les options efficaces sur la table. Dans un pays où tout est faux, illégitime et où l’élection se résume à renouveler le mandat du même individu, cela s’appelle donner des chances aux voies du désordre, aux fins d’atteindre l’alternance. En tout état de cause, le litige électoral pendant n’est pas près de finir et, plus tard, il faudra une assise nationale pour dépoussiérer le pays, peu importe le nom qu’on voudra lui attribuer.

Et nos universités supposées être les temples d’ardente vitalité interpellatrice, à quoi servent elles? Elles auraient pu être l’épicentre d’où partent les secousses qui emportent cet angoissant régime de prédation! Pourquoi ne rougissent-ils pas, ces étudiants dont l’avenir s’écrit pourtant en pointillés sous leurs yeux? Tout porte à croire que l’abrutissement, et même l’abêtissement ont gagné nos campus, laissant vacant le terrain à une piétaille de niaiseux de la catégorie délictueuse de ces clercs intellectuels qui applaudissent à tout rompre, en frétillant du croûton, croyant béatement que Golgotha est synonyme du paradis. Non, le Togo est un véritable enfer sur terre. L’hôpital y est synonyme de mouroir infaillible. Ne pouvons-nous vraiment rien entreprendre pour mettre hors d’état de nuire ce pouvoir fainéant et ses nouveaux milliardaires qui asphyxient notre peuple?

Coronavirus est là, bien là, peut-être pour longtemps. Faute du minimum de moyens pour lui faire face, la capacité d’organisation de la société devient le premier remède. Les irréductibles du pouvoir ne peuvent plus se permettre le caprice de faire preuve d’amateurisme ou de se lancer encore dans les mêmes paroles puériles, stériles, dévastatrices et sans horizon genre, « le Togo est en avance sur le COVID-19″(Prof. Agba). L’heure n’étant plus aux manœuvres visant à brouiller les cartes, qu’elles soient d’ordre politicien ou stratégique, Faure doit sortir de son silence d’autocrate suffisant et jouer le role pour lequel il est payé. Pendant qu’il est encore là, c’est une gouverne manuelle qu’il lui faut face à la pandémie, et non un pilotage automatique.

Kodjo Epou
Washington DC
USA

Kodjo Antoine Epou