inimitie entre membres du gouv dogbe
Gauche à droite :
Dodzi Kokoroko, Cina Lawson, Ihou Wateba, Sandra Ablamba Johnson, Gilbert Bawara et Mila Aziabley | Infog : Fraternité

Mis en place en octobre 2020, le gouvernement Dogbé offre depuis quelques temps des scènes des plus curieuses. Entre les décisions impopulaires et la gestion de la crise sanitaire, ce gouvernement affiche également une cohabitation difficile entre certains ministres. En effet, le courrier adressé, il y a quelques jours, par le Ministre de l’Enseignement Supérieur à son homologue des Enseignements Primaire et Secondaire et qui fait polémique n’est que la partie visible de l’iceberg au sein de l’équipe à Victoire Tomégah-Dogbé.

Le 17 juin dernier, dans une lettre envoyée au Président de l’Université de Lomé Prof Dodzi Kokoroko, également Ministre des Enseignements Primaire et Secondaire, le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Ihou Watéba Majesté lui a notifié la suspension des Fonds du projet d’appui à la mise en œuvre de la réforme de l’enseignement supérieur en science et ingénierie (PARESI) en raison d’une répartition «non inclusive »

Selon le ministre Ihou Wateba qui a émis des « réserves » au sujet de la mise en œuvre actuelle du PARESI dans les universités publiques du Togo, financé à hauteur de 11 milliards de francs CFA, 85% des besoins sont restés non couverts. Il pointe également du doigt la quasi non prise en compte des besoins de l’Université de Kara et de l’Ecole normale supérieure (ENS) d’Atakpamé.

Pour finir, le Prof Ihou Wateba demande au Président de l’Université de Lomé de « prendre contact » avec son collègue de l’Université de Kara, le représentant du Conseil des établissements privés d’enseignement supérieur (CEPES) et celui de l’Ecole normale supérieure (ENS) pour la prise des dispositions idoines, en vue de la mise en place d’une commission chargée de proposer une nouvelle structuration et un redimensionnement du projet PARESI.

Cette lettre d’un ton condescendant vient lever un peu plus de doute sur les relations tumultueuses qu’entretiennent les deux hommes depuis l’affaire dite des notes truquées à l’Université de Lomé.

Des antécédents …

En effet, bien avant d’effectuer leur entrée au gouvernement, les deux hommes sont bien connus à l’Université de Lomé où le Prof Kokoroko est le président et Ihou Watéba, était vice-doyen de la Faculté des sciences de la santé (FSS). Les relations entre les deux personnalités se seraient dégradées depuis l’affaire dite des notes truquées qui a valu quelques jours de garde à vue à l’actuel Ministre de l’Enseignement supérieur à la gendarmerie. A l’époque, certains enseignants ont clairement accusé le Président de l’Université de Lomé de livrer son collègue, en violation des procédures internes au temple du savoir.

Selon de sources concordantes, Ihou Watéba qui a très mal vécu cette affaire ne l’a pas oubliée. « S’il a une opportunité, il n’existera pas à rendre la pareille au Président de l’Université de Lomé », a indiqué un observateur proche des deux personnalités. Et depuis lors, les deux hommes se regardent en chien de faïence. C’est le temps du rebelotte qui a donc sonné pour Ihou devenu depuis octobre 2020, ministre de tutelle de son frère qui n’avait alors rien fait pour le sortir des griffes des gendarmes en 2018 dans une affaire pourtant universitaire. Bienvenue dans la guerre des ministres des Plateaux.

« Tenter de circonscrire cette approche administrative totalement maladroite à cette seule correspondance serait faire fausse route. Bien malin celui qui dira n’avoir pas vu venir cette querelle de «co-époux ». Un autre épisode avait déjà émaillé les relations entre ces deux collègues ministres, révélant au grand jour plusieurs couacs. L’un imposant une activité suspendue par son collègue sur un même territoire de pouvoir. On peut bien constater que non seulement le code de bonne conduite édicté sous le magistère de Selom Klassou …n’est pas pris en compte, mais aussi que les différents séminaires gouvernementaux qui ont jalonné l’entrée en fonction du gouvernement du Premier ministre Tomegah Dogbé, n’auront pas atteint tous les objectifs escomptés », a analysé le confrère Togo Matin dans l’une de ces dernières livraisons. Et d’enfoncer le clou, qu’au-delà de l’image d’un manque de cohésion que renvoie cette guerre entre deux ministres, il vient au grand jour une défiance et un non-respect et prise en compte de la courtoisie républicaine.

Mais à scruter de près l’équipe gouvernementale, ces deux ministres ne sont pas les seuls à entretenir une relation difficile.

Un gouvernement clanisé…

Comme l’a si bien souligné, Fraternité dès la publication de ce gouvernement, Victoire Tomégah-Dogbé pour marquer son passage à la Cité Oua, s’est entourée de certains de ses proches. Mais, elle a vu aussi incorporer ou maintenir dans son équipe des personnes qui ne doivent leur place qu’à leur allégeance à Faure Gnassingbé. Finalement, un gouvernement hétéroclite où l’entente ne saurait être des plus cordiales. Et si jusqu’à présent le gouvernement a pu maintenir un semblant de cohésion, les relations seraient de plus en plus tendues entre certains membres, à en croire des sources bien introduites à la présidence.

Et cela semble se confirmer. En effet, lors de l’inauguration de la Plateforme industrielle d’Adétikopé le 06 juin dernier, les faits et gestes de certains membres ont outragé à plus d’un titre. Et pour cause, pendant que d’autres ministres se sont installés sur les sièges qui leur sont réservés, d’autres ont choisi d’aller s’asseoir au milieu des invités incognito. C’est le cas notamment de la jeune Ministre déléguée en charge de l’Energie et des Mines, Mila Aziabley. Comme pour éviter les regards les plus indisposants de ses collègues qui la considèrent plus comme leur fille qu’une collègue avec tous les égards afférents. L’Africain et ses petitesses d’esprits. Passons ! L’on a pu également observer d’intenses discussions entre Cina Lawson et Gilbert Bawara, pendant que la Ministre chargée de la cellule climat des affaires (CAA) et Secrétaire générale de la présidence de la République, Sandra Ablamba Johnson cogitait seule sur son siège visiblement l’esprit ailleurs et mal à l’aise à côté de ses deux autres collègues. D’ailleurs, il a suffi que le cortège du Chef de l’Etat quitte les lieux pour qu’elle en fasse autant sur la pointe des pieds. Or, entend que Ministre en charge du Climat des affaires, on l’aurait normalement vu échanger avec certains grands hommes d’affaires invités à cette cérémonie.

Au regard de ce qui précède, la tension entre Ihou Watéba et Dodzi Kokoroko ne serait que la partie visible de l’iceberg. Nul doute que, ces guerres de tranchées auront des répercussions sur les résultats promis par Dame Sidemeho Tomegah-Dogbe au moment de sa prise de fonction. Comme on le dit dans la maison bleue turquoise : Allons-y seulement !

Source : Fraternité / fraternitenews.info